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Bogdan Konopka –Paris Ineffable

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La mode est au faux négligé, aux photos surchargées, au m’as-tu-vu sur des tirages immenses. Avec Konopka, c’est exactement l’inverse. Pas de fortuit, pas de bâclé. Des longues poses, des cadres léchés, du noir et blanc au piqué extrêmement pointu. Et surtout, une atmosphère intense, méditative, voire parfois mystique. Konopka dit aimer le gris, les ombres, les angles cachés de la vie, de la cité et même de la nature. Le polonais photographie parfois les visages, mais l’exposition de Glaz galerie (c’est sa première en Russie) n’en montre pas un seul. L’humain reste hors cadre. Il ne s’en approche qu’à une seule reprise, à travers une robe blanche médiévale dressée dans la nature, narrant à travers une série de trois clichés un destin vraisemblablement tragique.

Nous découvrons plusieurs séries réalisées au cours des deux dernières décennies. Bogdan Konopka s’adonne à sa fascination pour la capitale française, photographiant de petits théâtres secrets, des entrepôts obscurs, pour révéler un Paris inconnu et inquiétant. Un double escalier d’une beauté étonnante, et dont la symétrie inspire au photographe un cadrage étudié donnant à la construction la tête d’un insecte. Très curieux. Son objectif déniche un temple d’un culte impossible à identifier, à moitié noyé dans la pénombre. Une figure païenne surplombe un autel poussiéreux. On aimerait en savoir davantage, mais Bogdan Konopka titre ses photos laconiquement du nom de la ville : Paris, 2002. La capitale nous est aussi présentée sous une fine pellicule de neige immaculée, des petites places du cœur de la cité. Il ne peut pas se priver de fixer des lieux célèbres : le Grand Palais, par exemple. Mais de l’intérieur, et entre deux expositions. Le lieu devient grisâtre, poussiéreux, comme abandonné et vraiment méconnaissable.

Nous quittons la capitale pour errer à travers la province française. Le polonais atterrit dans les combles du château de Blois pour y dénicher une série de sculptures jetées pêle-mêle et tout droit sorties de la légende des siècles, de l’athlète gallo-romain à l’aristocrate coiffé d’une perruque en passant par le guerrier médiéval. Il aime les objets abandonnés à la grisaille, des animaux empaillés, des gargouilles stationnant sur le trottoir. Telles d’anciennes gloires délaissées par une humanité sans pitié.

Le règne végétal et minéral a aussi les faveurs de Konopka. Les ruisseaux fascinent le polonais, qui en fait des coulures crémeuses au sein de la forêt, avec de très longues pauses. Tantôt, ce sont les arbres qui excitent son imagination. Une série nous présente des arbres aux poses inhabituellement noueuses et aussi torturées que possible. Une autre série fixe amoureusement les bouleaux de sa Pologne natale, baignés dans une brume automnale.

L’exposition se termine sur une magnifique série de neuf cadres disposés en carré et représentant neufs escaliers en colimaçon pris en contre-plongée depuis le sol du rez-de-chaussée. Leurs formes diverses, rond, cube, rectangle, ovale résument la diversité des goûts et le perfectionnisme impressionnant de Bogdan Konopka.

Emmanuel Grynszpan

Bogdan Konopka: Ineffable
Jusqu’au 1er novembre 2011

Glaz Gallery
Malaya Ordinka, 23
Moscou
(459) 978 8840

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