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Bernard Chevalier

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Construire sa cabane

Il y a peu encore, quand je partais marcher en forêt , dans les bois ou le long d’un GR, je ne les voyais pas ou du moins je n’y prêtais pas attention. Ces tas de branches mortes amassées le plus souvent contre un arbre, ces esquisses de construction ne me parlaient pas. Mais un jour, tombant sur l’un d’eux qui semblait un char antique écroulé contre un arbre, j’ai été ébloui par sa splendide incongruité. Car apparemment il ne servait à rien : bien trop bas pour servir d’abri, il rassemblait les éléments rudimentaires de toute maison ( toit, mur, ouverture et même un enclos), mais ne s’y réduisait pas. Primitif et éphémère , l’ouvrage tirait sa beauté de sa fragilité toute humaine et de son mystère.

Depuis je ne cesse d’interroger en les photographiant ces structures sylvestres parfois si tenues, si peu identifiables dans le fouillis des sous-bois que je peine à les nommer  huttes, encore moins cabanes. On les trouve le plus souvent en lisières des forêts, près des routes, des allées , des coins de pique-nique. J’imagine qu’elles sont produites par des enfants aidés ou non par leurs parents. Mais ce geste ludique et enfantin de « construire sa cabane » renvoie sans doute aussi au souci anthropologique de se constituer une demeure aussi précaire soit-elle. Et Heidegger, commentant le vers d’Hölderlin, « l’homme habite en poète », n‘affirme t-il pas que c’est « la poésie qui fait de l’habitation une habitation » ?

www.bernardchevalier.fr

 

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