Onirique bestiaire
A deux pas du quartier d’affaires ultra moderne de La Défense, sur l’île de Levallois, j’ai eu la surprise de tomber sur un chapiteau à l’ancienne sous lequel se tenait une exposition d’animaux préhistoriques destinée aux enfants. Malgré quelques panneaux d’annonce commercial, l’exposition n’avait rien de technologique. Sous de grandes bâches plastiques, des reconstitutions grandeur nature d’une trentaine de ptérodactyle, tricératops, brachiosaure, tyrannosaure et autres bestioles d’avant le déluge s’exposaient sur des sortes de scènes rudimentaires éclairées crument par des spots dans des décors sommaire de végétation composés des papiers peints et de quelques plantes en pot. Des panneaux d’information nullement digitaux délivraient en quelques lignes l’essentiel à savoir de la bête représentée. Le clou était tout de même la mise en situation de ce bestiaire sous forme effrayante de combats, de gueules énormes ouvertes sur des dents de requins, le tout donnant l’idée que l’état de nature dans ces lointaines époques était celle d’une entre dévoration permanente. La lutte pour la vie !
Dans sa scénographie, ses matériaux et sa démarche cette petite exposition sans grands moyens et qui aurait pu faire l’attraction d’un cirque ambulante, touchait par sa naïveté ringarde. Il n’empêche. Les enfants étaient impressionnés. Certains même avaient peur. Il est vrai que malgré le parti pris réaliste, l’exposition reposait sur l’imaginaire d’une nature sauvage et monstrueuse d’avant l’homme. Et de cette reconstitution mécanique, statique, bridée par un dispositif de studio photo bricolé (on était à mille lieux de Jurassic Park de Spielberg) naissait des effets de réalisme magique tout à fait surprenants. C’est cette puissance d’imaginaire que j‘ai voulu capter en photographiant ces artefacts en carton-pâte comme les artistes d’un show aussi inattendu que fantastique.
