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Baltimore au début du XXe siècle : sa population, son architecture et son industrie, par Aubrey Bodine

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Nous sommes en 1923 et A. Aubrey Bodine (1906-1970), simple garçon de bureau au Baltimore Sun, pénètre dans le bureau du rédacteur en chef de l’édition du dimanche, et lui tend des photographies qu’il a prises. Elles sont aussitôt publiées et sa carrière de journaliste démarre. Tout cela semble si facile… Et ça l’était, d’une certaine manière. Pour lui, journaliste et artiste, Baltimore était son fief, son terrain de jeu. Atget avait Paris, Berenice Abbott avait New York, et Bodine avait Baltimore. Il y photographiait tout ce qui bougeait – et tout ce qui ne bougeait pas. Ses habitants, son architecture, ses événements et son industrie, avec ses ouvriers, leurs visages, leurs muscles, leur sueur, leurs fardeaux et leurs savoir-faire.

Bodine était passionné de photographie, de tout ce qu’elle pouvait accomplir et surtout, de tous les stratagèmes possibles pour y parvenir. C’était un surdoué de la chambre noire et il poussait l’art de la technique photographique jusqu’à ses ultimes limites. Ses photos ressemblaient au monde, mais en plus ressemblant… Un monde non pas exagéré, mais amplifié. La coque en acier de ce bateau a-t-elle jamais semblé aussi lumineuse et sensuelle, fendant les vagues presque huileuses du port de Baltimore dans la clarté glacée de l’aube ? Richard Serra adorerait cette coque. Si vous vous êtes jamais demandé à quoi ressemblerait la vie sur un navire marchand, battu par les vents, au beau milieu des vagues, et quelle richesse on y pourrait y trouver – la réponse est sous vos yeux.

Ces photos vous montrent la surface des choses et les nomment, ce qui a toujours été le but de la photographie. Mais les images de Bodine vous dévoilent le cœur qui palpite sous cette surface. Elles vont bien plus loin que les usines, les navires marchands et les hauts fourneaux, aussi extraordinaires soient-ils. Ce sont les visages et les corps des ouvriers abattant leur travail de forçat, qui viennent nous toucher en plein cœur. Il est relativement aisé de représenter la fierté qu’ils tirent de ce labeur, mais regardez donc les visages de ces jeunes filles amish : au-delà de la douceur de leurs traits si jeunes se distingue une force d’esprit, une certaine férocité, qui en dit long sur leur tempérament indomptable. Les photos de Bodine sont toujours empreintes de respect pour ses sujets.

 

Alan Klotz  

Alan Klotz dirige la galerie éponyme, à New York, et représente le photographe A. Aubrey Bodine.

www.klotzgallery.com

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