Depuis plus de trois ans l’Ukraine est en proie à un conflit sans fin entre les territoires du Donbass et le gouvernement de Kiev. Malgré les accords de cesser le feu, le conflit s’enlise transformant en profondeur l’ensemble de la société ukrainienne et en premier lieu la jeunesse.
Loin des reportages de guerre, la série « un été ukrainien », tente de dresser le portrait d’une génération perdue entre guerre et paix.
A l’Est, dans la république autoproclamée de Donetsk les jeunes se ruent vers les « military games », des jeux de guerre grandeur nature, imitant la guerre en Syrie, organisés chaque dimanche par le ministère de la défense dans des terrains abandonnés de la banlieue de Donetsk.
A l’Ouest, les enfants sont envoyés par centaines dans des « camps de jeunesse » cosaques ou paramilitaires. On y réinvente l’histoire, chantant la main sur le coeur de vieux chants nationalistes mais surtout on y apprend à se battre, à manier la kalachnikov et à détester l’influence russe sous toutes ses formes.
Pourtant des deux côtés de la ligne de front, d’autres jeunes rêvent tout simplement de retrouver une vie normale à l’instar de ces jeunes filles qui se déhanchent dans un concert punk à Donetsk ou de ces jeunes « underground » riant aux éclats durant une soirée organisée sur un pont désaffecté de Kiev ou bien encore ces danseuses de l’Opéra de Donetsk qui continuent malgré les hostilités leurs représentations. Tous veulent continuer à vivre, malgré le chaos et la guerre, et profiter des bonheurs simples d’un été ponctué de baignades et de farniente.
De Donetsk à Kiev en passant par Cherkassy, « un été ukrainien » met donc en avant une autre facette du conflit en Ukraine à travers le quotidien complexe d’une jeunesse dont le futur reste incertain.
Cette série fait également partie d’un projet de plus long terme, « In the shadow of the empire », un travail sur les frontières occidentales de la Russie, un voyage aux confins de l’Europe et du Caucase, à la frontière de l’empire russe, entre Est et Ouest, une zone particulièrement stratégique mais souvent méconnue, peu visitée, occultée par les médias.
Enfin, ce projet se mêle à un questionnement plus intime sur mon passé familial, mes origines et cette âme slave qui m’a toujours fascinée. Ses débordements, sa mélancolie, son aspiration à l’infini font écho au plus profond de moi et m’ont inspiré ce travail au long cours.
