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Atelier EXB : Masahisa Fukase : Sasuke

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Cet ouvrage rassemble les photographies que Masahisa Fukase a réalisées de ses chats, Sasuke et Momoe, présentant à la fois les plus iconiques et une sélection d’inédites. Ses chats sont devenus un sujet majeur, particulièrement à la fin des années 1970, et un terrain d’expérimentation sans limites pour le photographe japonais, parmi les plus radicaux et les plus originaux de sa génération. Ils ont fait l’objet de plusieurs livres de son vivant et Tomo Kosuga s’est plongé dans les archives du photographe afin de concevoir cet ouvrage comme l’aboutissement d’une série de publications dédiées à ses chats.

Sasuke et Momoe

Alors qu’il commence à se faire un nom sur la scène internationale, Masahisa Fukase tourne en 1977 son objectif vers son nouveau compagnon: son chat Sasuke. Entouré de félins depuis l’enfance, Fukase décide avec l’arrivée de ce nouveau chaton d’en faire un sujet photographique à part entière, fasciné par cette créature pleine de vie nommée d’après un ninja légendaire. À son grand désarroi, Sasuke disparaît après une dizaine de jours et le photographe placarde une centaine d’affichettes de son chat perdu (celles reprises sur la couverture de l’ouvrage) dans son quartier. Une personne lui ramène son chat mais ce n’est pas Sasuke, peu importe il l’accueille avec tout autant d’affection :

« Le second Sasuke était aussi adorable que le premier». Il l’emmène partout avec lui et ils partent à la campagne tous les deux, à l’été 1978 : « Mes seules tâches consistaient à préparer la gamelle de Sasuke et mes repas (…) je passais mon temps à jouer avec Sasuke et à le photographier. » Il en résulte une soixantaine de pellicules ! Avec toute l’inventivité technique et visuelle qui le caractérise, Fukase explore une nouvelle pratique, celle de la

« fusion photographique » entre le photographe et son sujet, comme l’explique Tomo Kosuga dans son texte. Un an plus tard, il accueille un second chat, surnommée Momoe, qui entrera dans le cadre elle aussi et il ne se lassera pas de photographier leurs jeux. Il consacrera notamment une série à leurs bâillements.

Il s’agit bien ici, comme souvent dans son œuvre, d’une forme de projection du photographe dans son sujet. Le chat, compagnon fidèle qui ne le quitte pas, prend la place de sa femme, éternel chagrin d’amour, représenté plus tard par les emblématiques corbeaux fuyants. Précédant cette célèbre série, son travail sur les chats témoigne de cette recherche artistique de témoigner de « l’expérience pure » de la rencontre entre deux êtres.

 

“J’étais si souvent à plat ventre pour me placer à hauteur de chat que j’en suis devenu un. Quel plaisir de prendre en photographie ces deux créatures adorées en train de batifoler jour après jour. Le charme gracieux des chats me captivait. Je voyais mon reflet dans leurs yeux. Je voulais photographier l’amour que j’y percevais. En quelque sorte, il s’agit d’autoportraits plus que d’images de Sasuke et Momo.”- Masahisa Fukase

 

Q & R- Tomo Kosuga, directeur des archives Masahisa Fukase

A quand remonte la passion de Fukase pour les chats ?

Depuis l’enfance qu’il a passée sur l’île d’Hokkaido. Masahisa Fukase, dans son journal, explique qu’il a toujours eu des chats. On le voit sur une photo de famille, alors qu’il a trois ans, avec la chatte calico, Tama, qui a vécu avec la famille Fukase jusqu’à l’âge de ses seize ans. Et dès qu’il est arrivé à Tokyo, pour étudier, il s’est procuré un chat pour chasser les rats qui étaient dans son petit appartement, près de la gare d’Asagaya. Il en a donc pris, qu’il a appelé Kuro, mais qui a rapidement quitté son logis.

Son chat préféré reste, à l’évidence, Sasuke…

Oui. Sasuke a même fait l’objet de trois publications : Sasuke!! My Dear Cat et Viva! Sasuke, en 1978 ainsi que, en 1979, mais n’oublions pas non plus la chatte calico Momoe. Il faut savoir aussi qu’à cette époque-là, le Japon connaissait un véritable engouement pour les chats domestiques. Cela dit, Fukase a toujours été passionné par son entourage immédiat, que ce soit sa famille qu’il a beaucoup photographiée ou bien ses chats. Mais, en réalité, il ignorait pourquoi il les cadrait sans arrêt avec son objectif. En revanche, il aimait dire que, comme il était fou de ses chats, personne d’autre que lui ne pouvait aussi bien les photographier.

On pourrait croire que de nombreuses photos sont mises en scène, tellement elles sont drôles et totalement inattendues parfois…

En réalité, Fukase laissait ses deux chats batifoler ensemble car ils s’entendaient vraiment bien. Momoe aimait par-dessus tout bondir sur Sasuke, pour le forcer à jouer avec elle et Fukase, qui se mettait souvent à plat ventre pour ses prises de vue afin de se placer à hauteur de leur vue, se régalait à l’idée de les photographier au quotidien.

Peut-on dire que ces photos de chats sont aussi des autoportraits de Fukase, à l’image d’autres séries qu’il a prises ?

Absolument. Il le reconnaissait d’ailleurs. Ce qu’il intéressait avant tout, ce n’était pas la beauté féline, mais son propre reflet dans leurs yeux et son amour qu’il avait pour ses chats. Pour Fukase, les photographier était aussi une façon de les caresser. Il était d’ailleurs très tactile et le sens du toucher dans la photographie est très prégnant dans son oeuvre. On peut en avoir une autre preuve avec la série Berobero où deux langues, la sienne et celle de gens de son entourage ou de comparses, s’effleurent. On peut tout à fait la rapprocher, visuellement, de toutes ces photos où l’on voit la langue de Sasuke pendre, pendant qu’il est en train de bâiller…

 

Masahisa Fukase

Né en 1934 dans l’île de Hokkaido, au nord du Japon, dans une famille de photographes de studio, Masahisa Fukase aurait dû reprendre l’affaire de ses parents mais, après des études de Photographie à Tokyo, il entame une carrière de reporter free-lance à la fin des années 1960. D’abord pour des magazines et dans le domaine de la publicité, avant de s’engager dans une œuvre plus intime. C’est en 1971 qu’il publie son premier livre de photographies, consacré à sa famille, à travers des portraits de groupes. En 1974, il cofonde la Workshop Photography School avec Shomei Tomatsu, Eikoh Hosoe, Noriaki Yokosuka, Nobuyoshi Araki et Daido Moriyama. Le MoMA de New York leur consacre cette même année une exposition qui fera date: « New Japanese Photography ». Mais c’est le livre The Solitude of Ravens, sorti en 1986, qui va révéler Fukase avec ces images hallucinées et hallucinantes de corbeaux, travail entrepris suite à son divorce avec Yoko, sa seconde épouse. «Je deviens un corbeau», écrira même son auteur, à propos de cette série célèbre dans l’histoire de la photographie.

Victime en 1992 d’une chute dans l’escalier de son bar favori et tombé dans le coma, âgé de 58 ans, Masahisa Fukase sera maintenu en soins intensifs jusqu’à sa mort en 2012.

Ce livre est la seconde publication à l’Atelier EXB après l’ouvrage monographique sur l’ensemble de son œuvre, Masahisa Fukase, paru en 2018.

 

L’édition de tête

À l’occasion de la parution de Sasuke de Masahisa Fukase, deux éditions de tête sont proposées, numérotées chacune de 1 à 30, comprenant l’ouvrage avec un choix parmi deux photographies issues du livre et réalisées en collotypie par l’atelier Benrido à Kyoto sur du papier Washi Torinoko.

 

Masahisa Fukase : Sasuke

Publié par Atelier EXB

Photographies

Masahisa Fukase

Textes

Masahisa Fukase (texte de 1978)

Tomo Kosuga, Directeur des archives Masahisa Fukase

Fiche technique Deux versions : française et anglaise Relié, 18,5 x 26 cm

123 photographies N&B

192 pages

Prix : 45 € TTC

ISBN : 978-2-36511-290-1

 

Édition limitée

Sous coffret, numérotée de 1 à 30,

avec tirage en collotypie. Format des tirages : 24 x 33 cm

 

https://exb.fr/en/home/471-sasuke-9782365112901.html

https://exb.fr/

 

 

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