Amin El Dib suit souvent une voie singulière de déconstruction brutale de ses images. La nouvelle construction, créée à partir de l’image détruite, touche notre rétine et notre être au niveau le plus intime, parfois jusqu’au seuil de la douleur. Son but est toujours de capter l’éphémère de la vie et sa fragilité.
Nous montrons les toutes premières œuvres de El Dib, les « dossiers d´Artaud » (Artaud Mappen) créées entre 1988 et 1992 à Berlin, en particulier à Kreuzberg. El Dib a photographié de nombreuses représentations de la troupe Théâtre Antonin Artaud mettant en scène dans l’esprit de cet auteur (1896-1948) ses pièces ainsi que d’autres de Lautréamont, Pound ou Cendrars. Elles ont été jouées aussi bien dans des bâtiments en ruine ou des catacombes qu’à la Künstlerhaus Bethanien, au SO36 ou Hamburger Bahnhof à Berlin. Artaud a développé le Théâtre de la Cruauté qui rompt avec la médiation classique de la littérature et propose des compositions qui mixent le son et la voix, la danse et le geste. La scène et le public y ont fusionné dans le but de donner au spectateur une toute nouvelle expérience sensuelle, pouvant aller jusqu’à la transe, expériences qu’El Dib reflète dans ses photographies.
Le travail expérimental « Papiers photographiques » (Fotopapiere/ 2002-2006), dans lequel du papier photosensible est exposé à la lumière pendant de longues périodes, sera présenté.
De plus, le nouveau cycle Your All Beauty (2021), composé de collages, fera partie de l’exposition.
Cette exposition permet de vivre la trajectoire de l’œuvre d’Amin El Dib depuis ses débuts jusqu’à nos jours. Nombre de ces travaux sont présentés pour la première fois. Après Arles, l’exposition sera présentée à la Collection Regard à Berlin. Un catalogue accompagne l’exposition.
Le photographe Amin El Dib, né au Caire en 1961, est venu en Allemagne avec sa famille en 1966. Après avoir terminé ses études d’architecture à Berlin (1990), il se consacre entièrement à la photographie. Il développe une vaste œuvre dans laquelle il traite des ruptures de l’existence humaine et de l’attrait que recèlent ces ruptures. Même si El Dib présente ses photographies en tirages analogiques classiques, ses œuvres/cycles interrogent la présentation classique par des manipulations parfois violentes telles que brûler, déchirer, piquer, déformer, coller, par déconstruction et recomposition, en négatif comme en positif. Par la même, il interroge le processus photographique à tous les niveaux de développement. Il est membre de l’Académie allemande de photographie depuis 2001. Il vit et travaille près de Bâle, en Suisse, depuis 2003.
Commissaire d‘exposition : Marc Barbey
du 4 juillet au 25 septembre 2022
FOTOHAUS ARLES 2022 co FONDATION MANUEL RIVIERA-ORTIZ
18, rue de la Calade, 13200 Arles
https://www.fotoparisberlin.com/
https://www.rencontres-arles.com/
