Le livre se présente comme un mur qui se déploie au fil des pages, qui ne se tournent pas mais se juxtaposent et s’alignent, affirmant le sujet dans sa forme comme dans son contenu. Fruit de commandes passées à six photographes palestiniens et un photographe allemand ayant déjà abordé la présence du mur de séparation dans leurs travaux, le livre offre une vision présente de cette structure aussi massive structurellement que politiquement. Sachant d’expérience allemande que le mur n’est pas une solution, Kai Wiedenhofer enquête sur celui d’Israel depuis 2003. Ce travail montrant l’omniprésence de cet obstacle à la paix, réalisé majoritairement en panoramique, lui a valu le Prix Carmignac en 2010. Cette présence pesante, ces paysages à l’horizon condamné compromettant toute imagination d’un futur, est au coeur du travail de Noel Jabbour et, indirectement, dans les photographies-performances de Raeda Saadeh. Se mettant en scène dans des situations de lutte contre une oppression grandissante, contre une toile de restrictions nouvelles barricadant sa liberté de femme et de Palestinienne, Raeda Saade raconte les émotions, politiques et intimes, découlant de ce paradigme. Un labyrinthe psychologique auquel répond celui, physique, de Jérusalem représenté par Rula Halawani. Chaque intersection est dorénavant barricadée, interdite d’accès aux Palestinien, faisant de la vieille ville un lieu privé de vie, cernée par un mur infranchissable qui l’isole en prétendant la protéger. Réalisée au cours des premiers mois de la seconde Intifada, la série de Taysir Batjini aborde quant à elle le mur dans sa fonction de représentation éphémère, porte-parole de revendications politiques qui disparaissent en même temps que le temps déchire les affiches et fait déteindre les graffitis. C’est enfin un aspect économique et social que met en lumière Raed Bawayah en documentant les conditions de vie des Palestiniens « clandestins », condamnés a vivre loin de chez eux, de l’autre coté du mur, pour travailler. Et ce, malgré les conditions désastreuse et l’angoisse permanente d’une arrestation imminente. C’est un travail plus métaphorique, de Steve Sabella, qui complète ses approches variées permettant d’appréhender ce système d’exclusion sociale, politique, économique et religieuse.
Laurence Cornet
EXPOSITION
Keep your eye on the wall
Paysages palestiniens
Photographies de Taysir Batniji, Raed Bawayah, Rula Halawani, Noël Jabbour, Raeda Saadeh, Steve Sabella et Kaï Wiedenhôfer
Du lundi 1er juillet au dimanche 22 septembre 2013
Magasin Électrique
13200 Arles
France
Ouvert de 10h à 19h30
Tarif 8 €
LIVRE
Keep your eye on the wall
Photographies de Taysir Batniji, Raed Bawayah, Rula Halawani, Noël Jabbour, Raeda Saadeh, Steve Sabella et Kaï Wiedenhôfer
Textes de Malu Halasa, Yael Lerer, Adania Shibli et Christine Leuenberger
Sous la direction de Olivia Snaije et Mitchell Albert
192 pages
70 photographies
45 euros
Editions Textuel