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Antoine d’Agata

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Cette distinction du jour et de la nuit a longtemps été inconsciente. Parce que je suis représenté par une agence de photographes (Magnum), je me retrouve parfois en position de pouvoir rendre compte de l’état du monde. […] J’ai toujours accepté sans état d’âme d’être l’otage frustré de ce contexte de commande, parce que les enjeux stratégiques et politiques de la presse sont réels. Mais dans ces situations, je photographie de manière froide et distancée, dans une économie émotionnelle complètement à l’opposé de l’investissement qui est le mien dans les lieux et temps de mes expériences extrêmes, la nuit. Ces images du jour sont portées par un regard sériel et systématique […] à l’exemple de portraits anthropométriques réalisés par la police aux États-Unis, que j’ai récoltés récemment sur internet. Au final, si je juxtapose des images sur un mur, c’est pour préserver le chaos et l’intégrité de chaque instant vécu, sa nature de fragment autonome.
Antoine d’Agata
Extrait de l’entretien de Léa Bismuth avec Antoine d’Agata, paru dans Art press – février 2013

Antoine d’Agata investit LE BAL en ce début 2013, dix après sa première exposition marquante à la Galerie VU… Fannie ESCOULEN, directrice adjointe du BAL et Bernard MARCADE, critique et commissaire d’exposition, se sont plongés dans 20 ans d’archives avec un regard neuf, pour en faire ressortir un corpus photographique extrême et singulier, et un accrochage conçu comme une véritable expérience sensible et saisissante. Fannie Escoulen a répondu à nos questions :

Comment s’est passé la rencontre du Bal avec Antoine d’Agata et qui y a-t-il à l’origine du projet ?
F. Escoulen :
Cela fait déjà plusieurs années que nous avons programmé Antoine au BAL, bien avant même l’ouverture du BAL. Il nous paraissait important de faire le point sur l’oeuvre, 10 ans après son exposition marquante à la galerie VU en 2003 (1001 nuits). Son approche de la photographie a évolué depuis, et tout un pan de son travail était encore méconnu, notamment les images les plus documentaires, les plus en prises avec le réel (séries qu’il a réalisé entre autres en Libye, Palestine, St Etienne, Marseille, Sangatte…).

Comment vous positionnez-vous par rapport à ses sujets sulfureux ?
F. E :
Je ne parlerai pas de sujets sulfureux mais de la traversée d’un monde empreint d’une violence permanente, violence qui ’assaille Antoine d’Agata. Nous nous sentons concernés par cette œuvre car nous appartenons à ce monde, d’une certaine manière, en tout cas en partie, et nous y participons en temps que sujet et témoin.

Quel travail avez-vous effectué sur ses archives ?
F. E : Une relecture d’une centaine de millier d’images s’est effectuée depuis un an, et ensuite la conception et la concrétisation d’une installation que l’on voulait radicale, pleine, pour rendre compte de l’expérience d’un homme, de sa vie, et tenter de provoquer auprès du spectateur une expérience, une confrontation directe à l’œuvre. Une immersion totale dans le langage d’Antoine d’Agata, fait d’images, de textes, de voix…

Qu’y avez-vous découvert ? Comment avez-vous façonné son oeuvre ?
F. E :
Que le travail d’Antoine devait être revisité et compris différemment, qu’il devait dépasser le simple niveau d’un travail autobiographique ou d’un journal. Son travail a parfois été enfermé dans une forme, trop esthétisante. La présentation du travail s’imposait différemment à nous aujourd’hui – nous devions entrer par le contenu même des images, des textes, à savoir un contenu d’ordre politique, social, intime.. Ces notions étant totalement imbriquées les unes avec les autres, dans sa vie comme dans son œuvre, là a été le vrai enjeu de l’installation: comment faire que ces questionnements et ces expériences s’entrechoquent.

Comment avez-vous conçu cet accrochage original ?
F. E :
C’est un travail à trois mains, j’ai proposé à Bernard Marcadé, critique et commissaire d’exposition, de nous accompagner dans cette aventure, et son regard d’historien de l’art, extérieur au travail d’Antoine, et plus distant vis-à-vis de la photographie nous a beaucoup aidé pour travailler la question de l’installation, et apporter un regard nouveau sur l’ensemble du travail, notamment autour de ses enjeux politiques. Antoine a bien évidemment été énormément impliqué depuis le début du processus de conception de l’installation, car il est très concerné par la réception de son travail.

REPRESENTATION
MAGNUM PHOTOS – http://www.magnumphotos.com
Galerie Les Filles du Calvaire – http://www.fillesducalvaire.com

EXPOSITION
LE BAL 24 janvier- 14 avril 2013
6, Impasse de la Défense
75018 Paris
France

GALERIE DES FILLES DU CALVAIRE
15 mars – 27 avril 2013
17 rue des Filles du Calvaire
75003 Paris
France
http://www.fillesducalvaire.com

LIVRE
ANTICORPS Antoine d’AGATA

Editions Xavier BARRAL
19,5 x 26 cm 560 pages
2 400 photographies
Relié toilé 70 euros
Publication janvier 2013
ISBN : 978-2-36511-003-7

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