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Adieu Göksin –par Eliane Laffont

Difficile de ne pas être profondément émue en apprenant le décès de Göksin Sipahioglu, fondateur de l’agence SIPA et grand aventurier du photojournalisme. On l’appelait Sipa mais ses photographes, même ceux qui l’avaient quitté l’appelaient ‘’papa’’ et parlaient de lui avec admiration et tendresse.

J’ai rencontré Göksin en 1973 à NYC. Nous avions avec Hubert Henrotte, mon mari Jean Pierre Laffont et moi-même, quittés l’agence Gamma que nous avions fondée aux US pour créer l’agence Sygma et il m’a raconté qu’il avait créé SIPA suite à un refus de Gamma Paris d’accepter ses idées de reportages !

Cette histoire m’avait beaucoup amusée et en admettant même que ce ne soit qu’une légende, elle décrit très bien l’homme : Un fonceur, une personnalité hors du commun, un grand pouvoir de séduction, (grand aussi de taille, il mesurait presque 2 mètres), et plein d’esprit.

Mais ce que j’allais découvrir par la suite est qu’il était aussi un magnifique journaliste et un formidable découvreur de jeunes talents. Je travaillerai avec des photographe qui avaient commencé à SIPA : Sylvain Juilenne, Christine Spengler, Patrick Chauvel etc..

Beaucoup l’avaient quitté, se plaignant du côté trop bordelique de l’agence mais tous se rappelaient leur passage à Sipa avec émotion et humour. C’est du reste Patrick Chauvel qui m’a raconté l’histoire suivante qui m’avait fait tellement rire : Voulant que Patrick parte au plus vite au Vietnam où il avait l’intuition d’un reportage à faire de toute urgence, Patrick lui demande ‘’une avance’’ ; Göksin va à la machine à café et lui en donne toutes les pièces…

Mais il ne faut pas s’arrêter à ces anecdotes pourtant nombreuses. Göksin c’est surtout un immense journaliste, toujours à la recherche d’un ‘’Scoop’’. Nous nous trouvions en concurrence sur toutes les grandes histoires et sur tous les points chauds de la planète. L’actualité était énorme, la compétition féroce, et la rivalité entre les agences, légendaire. Mais Göksin n’a jamais été pour moi ‘’la concurrence’’ mais plutôt le formidable journaliste, le rédacteur de génie, le fondateur d’une agence indispensable qui contribua comme Gamma et Sygma, à faire de Paris la capitale mondiale du photojournalisme.

Quand il fut forcé de quitter son agence, il m’avait fait a Visa pour l’image en 2003 cette réflexion avec son accent turque inimitable ‘’Il faut maintenant créer une agence qui ne traitera que des photos faites avec le téléphone portable…’’

Et quand on voit aujourd’hui les photos faites pendant ‘’Le Printemps Arabe’’ Sipa était une fois encore en avance sur notre temps, et plein d’envie de créer une nouvelle fois l’agence du futur.

Tu vas nous manquer Goksin !

Eliane Laffont, New York, 5 Octobre 2011

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