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À Deauville, la 14e édition de Planches Contact

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Il est fascinant d’observer la manière dont chaque photographe s’approprie ce territoire iconique, déjà tant représenté et pourtant source intarissable d’inspiration. En témoigne l’éclectisme des 25 projets de cette édition de Planches Contact. Depuis sa création en 2010, l’ambition du festival est de soutenir la création à travers un programme commandes et de résidences basé à Deauville. Cette année plusieurs générations ont cohabité pendant quelques semaines entre février et juin. Elles nous livrent leur regard.

Une partie du parcours se tient dans l’incroyable enceinte des Franciscaines, ancien orphelinat devenu lieu culturel en 2021. Aux yeux de sa directrice artistique Laura Serani, cet ancrage muséal constitue une immense avancée pour le festival qui assoit chaque année un peu plus son envergure. Le photographe australien Max Pam y présente une exposition immersive mettant en regard soixante-dix diptyques réalisés sous linfluence de ses rêves qui plongent le visiteur dans un univers étonnant où les temporalités de la côte fleurie se confondent. Plus loin, une rétrospective de ses créations courant des années 1970 à la fin des années 1990 nous offre un aperçu de toute l’originalité de son oeuvre, marqué par à un besoin viscéral d’aller à la rencontre du monde.

Les Franciscaines accueillent également les projets des cinq lauréats du programme Tremplin Jeunes Talents remporté cette année par la jeune photographe Julia Lê pour sa série Come Rain Come Shine, une série de portraits de femmes de chambre d’hôtels de la Côte Fleurie. D’une grande sensibilité, ce projet laissent à ces femmes de tout âge la liberté de s’approprier l’image qu’elles renvoient en saisissant elles-même le déclencheur.

Parmi les photographes invités en résidence de création, notons la proposition poétique de Matt Wilson qui brouille les frontières entre photographie et peinture impressionniste ou celle plus conceptuelle de Salvatore Puglia jouant avec les peintures d’Eugène Boudin et ce pigment rouge que les impressionnismes n’ont jamais connu. Margot Wallard plonge quant à elle dans ses archives familiales qu’elle met en dialogue avec ses propres créations. Plus loin, poursuivant un projet réalisé dans le cadre de la Commande photographie de la BnF et du ministère de la culture, Olivier Culmann nous entraine dans les bureaux de ladministration normande à qui il donne un visage humain.

Les photographes invités investissent également les rues de Deauville. Omar Victor Diop place ses personnages dans une flânerie imaginaire à travers la ville, projet qui fait l’objet d’une publication aux Éditions Louis Vuitton. Près de la plage, les photographes italiens Jacopo Benassi et Luca Boffi dépassent les limites de la photographie dans des installations étonnantes où, chez Benassi, les clichés se soustraient à nos yeux pour laisser place à l’imaginaire tandis que Boffi intègre ses clichés à une structure métallique rehaussée de matériel de pêche.

Thomas Jorion va lui aussi au-delà de la matérialité du tirage en sensibilisant des monolithes de bétons à la lumière, sur lesquels s’impriment des fragments de lieux et paysages maritimes. Jorion est l’un des cinq invités de la fondation photo4food, créée par Olivier et Virginie Goy dans le but de financer des repas pour les plus démunis à travers la photographie. Julien Mignot et Benjamin Decoin en sont deux autres. Pour répondre à la question « De quelle couleur est le ciel aujourd’hui? », le premier s’est placé face à l’horizon normand et, à l’aide d’une chambre photographique a réalisé chaque jour un cliché dont la prise de vue durait du lever au coucher du soleil. En résultent des images à la Mark Rothko, peintre lui même très influencé par les impressionnistes. Benjamin Decoin joue aussi sur le sublime des paysages maritimes qui, imprimés en grand format et placés sur la plage évoluent au gré des tonalités du ciel et de la mer.

Concluons avec une des originalités de cette édition. Laura Serani a imaginé un dialogue inédit, une amitié fantasmée entre Robert Doisneau et Malick Sidibé. Pour le premier, une série méconnue, en couleurs, sur le quotidien doré de retraités américains à Palm Spring dans les années 1960. Pour le second, des images en noir et blanc de la nouvelle piscine de Bamako au début des années 1970 dans lesquelles vibre toute l’énergie de la jeunesse malienne. Une rencontre entre deux mondes, à l’image de ce festival dont toute la force repose sur la richesse des échanges qu’elle fait naitre.

Festival Planches Contact 2024
Un festival dans toute la ville de Deauville
Du 21 octobre 2023 au 7 janvier 2024
www.planchescontact.fr
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