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Zineland par Antoine Soubrier: Garagisme

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«A la berline, la coupée, la compacte ou le cabriolet, Garagisme préfère la caisse, la calèche, la bagnole, la meule, la brêle ou la tire» : dès les mots d’introduction du premier numéro de Garagisme, beau format A4 de moins de cent pages vendu dix euros sans publicité et sous titré «Car Cultures», on sait qu’il s’agira de voitures et d’un certain sens du raffinement. Le -isme du titre est la preuve de cette sophistication ; en matière automobile Garagisme penche vers l’abstrait, le lyrique, l’inattendu, ce qui tient aux textes et aux images du magazine comme à ses choix graphiques.

En double page, une photo de Matthew Porter, probablement à San Francisco, montre une voiture en plein vol, à ce qui semble être une dizaine de mètres du sol. Laissons planer le mystère, que la citation de Jean Baudrillard accolée («Au delà de 100km/h il y a présomption d’éternité») ne viendra pas éclaircir. Plus loin, dans Euro Cars, Hana Miletic a pisté des Mercedes aujourd’hui interdites de séjour dans la zone euro du fait de législations écologiques durcies. Matthew Porter a retrouvé une réplique de la voiture de Mad Max chez un policier à la retraite de l’Etat de New York, Sophie Brasey a collectionné les trucks de l’ïle d’O’ahu et leurs peintures tribales, Thomas Mailaender les Cathedral Cars du port de Marseille et Michael Massaia les poids lourds endormis sur les aires d’autoroutes du New Jersey.

Mais il n’y a pas que de l’enquête dans Garagisme ; chez Gilles Uzan ou Pether Sutherland, on suit des échappées motorisées comme des textes à trous, alors que dans le secret de son atelier, Liz Cohen opère la mutation étrange d’une Trabant et d’une Chevrolet El Camino…

En plus de ses sujets, le bon équilibre entre textes et images et la direction artistique de haut niveau font de Garagisme une suprise ; on craignait un registre hermétique, qui aurait pris de manière trop radicale le contre-pied de l’imagerie automobile commerciale, mais le magazine sait aussi cultiver l’humour, l’étonnement et l’envie ; vivement le deuxième numéro.

Antoine Soubrier

Garagisme
10 euros.

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