Je suis une photographe américaine de 52 ans, originaire de Rochester. Même si je suis une photographe autodidacte, j’ai beaucoup appris auprès de mes collègues ces deux dernières années, ils m’ont aidée à mieux appréhender ce médium. Je photographie les enfants sous l’eau depuis 2009. J’ai commencé une carrière photographique en 2010, sur les conseils d’amis photographes qui me suggéraient de présenter mon travail aux musées et en galerie.
Lorsque je travaillais aux urgences pédiatriques en tant que spécialiste, j’utilisais la photographie comme document pour mes patients. Les images étaient utilisées pour l’enseignement. La photographie combinait la douleur associée à la souffrance et parfois à la mort. Elle parlait aussi de la vague de désespoir qui pouvait être écrasante. Afin de maintenir le professionnalisme et de garder mon sang-froid, la séparation de soi des émotions pénibles était imbriquée dans les images. J’ai dû quitter le corps médical au milieu de ma trentaine, à cause d’une arthrite sévère et une maladie du tissu conjonctif. Même si cela m’a d’abord manqué, je me suis rendue compte que je ne pouvais pas à la fois prendre soin de ma famille et de mes patients, à cause de mes limites physiques. En réalisant cela, j’ai compris qu’il ne fallait pas être triste mais plutôt y voir l’opportunité de devenir une mère avec une liberté d’exprimer l’amour et la joie. Pourtant, j’ai commencé à trouver que j’étais limitée par mon handicap. Des tâches simples telles que faire la lessive étaient devenues incroyablement difficiles à effectuer. La photographie cependant, a eu des vertus thérapeutiques, en réussissant à détourner et recentrer mon attention. Comme chaque mère, j’ai réintroduit l’appareil photo dans ma vie pour prendre mes propres enfants. Pour effectuer certaines des activités de la vie quotidienne, un ergothérapeute m’a suggéré de me baigner avec mes jeunes enfants puisque je ne pouvais pas les soulever dans la baignoire. Finalement, j’ai pris mon appareil photo dans le bain. En regardant dans l’objectif à cette époque, la vie et la mort m’apparaissaient différemment. A travers l’objectif, je me suis souvenue du monde de la médecine, des enfants malades et décédés malgré mes soins, des enfants que j’avais à peine eu le temps de pleurer lorsque j’étais médecin… J’ai été submergée par ces sentiments que j’avais alors refoulés dans mon subconscient. L’eau est devenue mon médium par hasard. C’est devenu un médium physique et émotionnel pour exprimer ce que je ressens.
Cette série est une catharsis. Je l’ai commencée lorsque je suis devenue handicapée, dans l’impossibilité de pouvoir baigner mes enfants. En me baignant avec eux pour des raisons pratiques, j’ai commencé à les photographier dans la baignoire. Aujourd’hui, je photographie d’autres enfants et d’autres corps dans l’eau. Mes images parlent de la vie, de la mort, de l’amour et des pleurs. Je souhaite inviter les spectateurs à explorer leur propre conscience spirituelle comme s’ils prenaient le temps de comprendre la nature émotionnelle et fluide des couches de l’Immersion en Eaux Vives.
Wendy Sacks
Portfolio week-end sélectionné par David Fahey.
