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Wasteland : New Art from Los Angeles

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  • Rencontre avec Shamim M. Momin, Directrice et Curatrice de LAND (Los Angeles Nomadic Division)

Pourquoi avez-vous décidé de créer LAND, en relation avec l’atmosphère spécifique de la scène artistique expérimentale de Los Angeles ?

Le cœur de notre mission à LAND est venu en partie de mon expérience de travail sur la Biennale de 2008 du Whitney Museum (avec Henriette Huldisch, qui est maintenant commissaire principale au List Visual Arts Center au M.I.T. à Boston). Un bon nombre des artistes que nous voulions inclure travaillaient dans ce que nous appelions alors « pratique élargie», où les différents types d’œuvres d’art avaient une importance égale dans le cadre de leur travail. Ce type de pratique avait juste besoin d’autre chose que d’un cube blanc, cela ne fonctionnait pas aussi bien dans le cadre du musée ; nous avons donc investi la Park Avenue Armory. Notre choix a constitué un aspect dramatique de cette Biennale, et il m’a conduit à réfléchir au modèle LAND.

Un autre aspect important de la conceptualisation de LAND était mon intérêt croissant pour Los Angeles en tant que centre artistique– je me suis aperçu qu’il n’y avait pas une seule organisation dans la ville consacrée à l’art public. Les artistes faisaient cela de leur propre initiative. Ils pouvaient simplement occuper au hasard une boutique vide et personne ne s’en offusquait; C’est toujours possible de le faire à Los Angeles. Ce n’est pas comme New York, qui respecte toutes les règles de ce qu’on peut et ne peut pas faire. À Los Angeles, on n’attend pas qu’un commissaire vienne vous mettre dans une exposition- on l’organise soi-même. Cette idée de faire simplement les choses ad-hoc et d’avoir des expositions dans des lieux insolites était déjà très répandue, et j’ai pensé que LAND pourrait soutenir et amplifier les réalisations des artistes qui travaillaient déjà dans ce sens.
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Wasteland présente un moment charnière pour LAND, (Los Angeles Nomadic Division), marquant son premier effort international. Depuis la fondation de LAND en 2009, nos projets ont été basés aux États-Unis, de la Floride à la Louisiane au Texas, et par-dessus tout dans notre plate-forme, la ville de Los Angeles, en Californie. Comme la mission de LAND consiste à organiser des expositions d’art public  spécifiques au site dans des espaces et des locaux uniques, chaque projet présente une occasion nouvelle et excitante pour des collaborations avec des lieux, des villes et des artistes différents.

Pouvez-vous nous expliquer le choix du titre, Waste Land?

Le titre de l’exposition fait référence à la fondation thématique et conceptuelle de l’exposition: le poème moderniste phare, The Waste Land (1922), par T.S. Eliot. Un des affrontements les plus épiques du 20ème siècle avec l’humanité moderne, le texte original a été publié pendant un moment de grande désillusion pour la la politique (la dévastation de la guerre), l’économie sociale (le paysage urbain moderne) et l’individualité (augmentation de l’aliénation, dissolution des rapports interpersonnels). La politique, la communauté, la dislocation urbaine, la sexualité, et une foi diminuée dans l’avenir: ces lourdes questions à propos de la vie moderne ont occupé la société après la Première Guerre mondiale, et forment un parallèle inquiétant aux préoccupations les plus pressantes de notre monde contemporain.
[…]

Comment ces 14 artistes reflètent-ils une sorte de conversation muti-dimensionnelle et de «pratique élargie» ,depuis la ville de Paris (hôtel particulier classique de la fondation Mona Bismarck) à la  banlieue moderne (entrepôt industriel de galerie Thaddaeus Ropac)? deux sites et lieux distinctifs.

Les artistes et les œuvres d’art inclus ici présentent une conversation réflexive et multi-dimensionnelle à propos de la poétique du désespoir, de la recherche d’un vrai rapport, de l’état précaire de la morale, et l’incertitude, mais la nécessité, de l’avenir. On ne peut pas rester coincé dans le « Wasteland », mais il faut avancer sans relâche pour créer une nouvelle signification à partir des « tas d’images brisées» d’Eliot, et faire place à l’avenir.

Ce genre de thématique complexe se prêtait à une structure d’exposition non-traditionnelle, comprenant deux sites, et la création d’un dialogue entre les sites et les travaux dans chacun d’entre eux. Tous les artistes (sauf un) sont représentés dans les deux lieux, et pour découvrir l’ensemble de l’exposition, il faut traverser la ville moderne (véritable ‘Wasteland’ d’Eliot) et visiter des sites et des quartiers très disparates– l’hôtel particulier français du 19ème siècle de Mona Bismarck, situé en plein centre près de la Seine, puis l’entrepôt industriel converti à la périphérie de la ville de Pantin. Chaque artiste a examiné les complexités des deux lieux pour créer des œuvres nouvelles ou repensées, revitalisant ainsi la conversation avec et entre les deux paramètres et les villes.

  • Wasteland à Paris par Raina A. Lampkins-Fielder, Directrice artistique du Mona Bismarck American Center

Le Mona Bismarck American Center (MBAC) accueille cette exposition collective en simultané avec la Galerie Thaddaeus Ropac Paris Pantin. Pourquoi cette occasion est-elle un véritable événement ?

Avec Wasteland: New Art from Los Angeles, c’est la première fois que le Mona Bismarck American Center organise une exposition d’art spécifique à un site. Les artistes ont en effet créé des pièces qui répondent aux particularités architecturales du centre, à son patrimoine et aux relations entre la France et les États-Unis.

Le MBAC célèbre cette année son 30e anniversaire. En quoi cette occasion va-t-elle symboliser une renaissance du centre ?

Cet anniversaire marque le retour des expositions et un renouveau dans la programmation. L’établissement s’est recentré sur sa mission : être la seule institution parisienne qui soit dédiée aux arts et artistes américains des xxe et xxie siècles.

Notre but est d’insuffler un dynamisme novateur dans les échanges artistiques entre la France et l’Amérique, et de redéfinir la vision du MBAC : mettre en valeur et célébrer les arts et artistes des États-Unis. Il s’agit de dévoiler l’immense diversité de la production culturelle américaine et d’élargir les canons traditionnels, en exposant des artistes moins connus en France aux côtés de ceux qui bénéficient déjà d’une certaine notoriété. Nous programmerons des expositions doublées d’animations à la fois intellectuelles et matérielles tout à fait inattendues.

Pour réussir sa mission, le centre a défini trois sphères d’activité : premièrement, les expositions ; en second lieu, les interventions, à savoir notre programmation dynamique à destination du public, avec nos entretiens entre artistes et critiques, ainsi que des concerts, spectacles et tables rondes ; et enfin, les opportunités, c’est-à-dire des résidences intellectuelles au travers desquelles nous soutenons des projets d’artistes, de commissaires et de critiques.

Ce qui m’importait, pour fêter le retour de nos expositions et la renaissance du Mona Bismarck American Center, c’était d’exposer de nouvelles voix américaines artistiques ainsi que celles des commissaires américains qui contribuent aujourd’hui aux échanges sur l’art moderne et l’art contemporain.

Shamim Momin, commissaire invitée de Wasteland, est l’une de ces voix uniques. C’est elle qui a imaginé que artistes de Los Angeles pourraient créer des pièces spécifiques aux sites et déployées sur deux espaces différents, c’est-à-dire le nôtre et celui de la galerie Ropac à Pantin. Son projet nous a séduits d’emblée.

EXPOSITIONS
Wasteland : New Art from Los Angeles
Du 12 mars au 17 juillet 2016
• Mona Bismarck American Center
34 Avenue de New York
75116 Paris
France
http://www.monabismarck.org
• Galerie Thaddaeus Ropac
69 Avenue du Général Leclerc
93500 Pantin
France
http://ropac.net

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