Le Roc d’Ercé est un essai photographique explorant une histoire, à la fois collective, familiale et personnelle, des vagues d’immigrations successives qui eurent lieu entre le village d’Ercé, dans les Pyrénées Ariégeoise Française, et New York City, aux Etats-Unis, entre la fin du XIXe siècle et aujourd’hui. Ce projet rapproche des temps et des lieux éloignés, pour mettre en évidence comment la mémoire de l’un subsiste dans l’imaginaire de l’autre.
Ercé est la capitale historique des montreurs d’ours des Pyrénées. Ces hommes recueillaient dans les montagnes des oursons qu’ils dressaient pour gagner leur revenu en les exhibant dans les rues. Des dizaines d’entre eux émigrèrent à New York accompagnés de leur animal, espérant faire fortune avec leurs spectacles. Dans la vallée, on les appelait les “Américains”.
Début XXe siècle, les échos du succès de ces «Américains» entraînèrent une nouvelle vague d’émigration, au cours de laquelle bon nombre d’Ercéens s’exilèrent à New York pour travailler dans les restaurants français, de plus en plus nombreux.
Parmi eux se trouvait mon arrière arrière-grand-mère. Elle quitta la vallée, sa famille et ses enfants pour travailler à New York et ainsi rembourser la ferme qu’ils venaient d’acheter. Quelques années plus tard, elle rentra à Ercé et la ferme appartient encore aujourd’hui à notre famille.
Au coeur de Manhattan, un rocher témoigne du passage des Ercéens, qui avaient l’habitude de s’y réunir chaque dimanche, pour échanger des nouvelles du pays et s’entraider. Ils l’appelaient le Roc d’Ercé.
Thomas Bouquin