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Targets de Herlinde Koelbl à Bonn

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La photographe allemande Herlinde Koelble n’a cessé de remporter des prix à partir de 1987, où elle reçut la Leica Medal of Excellence. Depuis près de quarante ans, elle s’attache à étudier à travers ses documentaires des typologies sociales ou professionnelles, comme par exemple les salons dans les appartements allemands (Das deutsche Wohnzimmer, 1980), les bureaux des écrivains (Im Schreiben zu Haus, 1998) ou les uniformes de travail (Kleider machen Leute, 2012). Son dernier travail en date, intitulé Targets (Cibles) est actuellement exposé à la Bundeskunsthalle de Bonn après avoir été présenté au Deutsches Historisches Museum de Berlin. Un succès public et médiatique.

L’exposition et son catalogue (Prestel) contiennent plus de 200 photographies réalisées dans une trentaine de pays. Herlinde Koelble s’est rendue ces six dernières années dans des camps d’entraînement militaire sur tous les continents pour photographier les cibles sur lesquelles les militaires sont formés et préparés au combat. Ennuyeux ? Bien au contraire. On ne soupçonne pas les différences économiques, culturelles et politiques dévoilées par ces images.

Dans la famille des cibles d’entraînement, on trouve des boîtes de conserve, des morceaux de carton, des plaques de métal ou des planches de bois percées par les balles. Mais les soldats s’entraînent aussi souvent sur de véritables figures : des silhouettes humaines en bois, des poupées en plastique, des personnages dessinés ou photographiés. On imagine en effet que l’impact psychologique est différent lorsque l’on tire une balle dans un cercle ou dans une tête. Un certain nombre de témoignages recueillis auprès de soldats partis au conflit puis revenus vivants font l’objet de citations dans l’exposition et rendent la pression palpable. « If you start thinking whether you should shoot, him or me, then it is too late and you are already dead. »

Quel visage a l’ennemi ? Cet “autre” n’est pas le même selon les pays.

Si la guerre semble rester “abstraite” dans des lieux d’entraînement au Japon, où les soldats évoluent au milieu d’immeubles de béton sans aucun décorum, comme hors du temps et de l’espace, il n’en est pas de même partout. Dans le camps de Fort Irwin en Californie, les militaires s’entraînent dans un village créé par les décorateurs d’Hollywood : un archétype de la culture arabo-musulmane où des coupoles de mosquées dépassent des maisons, les murs des boutiques sont ornés de tapis et les étals emplis de viande, fruits et légumes (en plastique).

Dans d’autres pays comme l’Allemagne, la France ou l’Autriche, les cibles ne semblent pas avoir changé depuis la Seconde Guerre mondiale : des personnages dessinés au look démodé. Autre détail : les rues reconstituées dans un lieu de formation français présente toujours des noms allemands comme Berlinerstrasse ou Universitätsstrasse. Heureusement que l’on célébrait l’année dernière les 50 ans du traité d’amitié franco-allemande.

Le projet international Targets est une mine d’informations sur un milieu habituellement très peu connu et protégé des médias. Une exposition qui ne peut pas laisser les visiteurs-citoyens indifférents.

« War is the chess game of the politicians and we are the figures », conclut un soldat.

 

EXPOSITION
Targets, de Herlinde Koelbl
Jusqu’au 11 janvier 2015
Bundeskunsthalle Bonn
Friedrich-Ebert-Allee 4
53113 Bonn
Allemagne

www.bundeskunsthalle.de

LIVRE
Herlinde Koelbl: Targets
Auteurs : Herlinde Koelbl, Gerry Adams, Arkadi Babtschenko

240 pages, 24×30 cm, 220 photographies couleur
Prestel Verlag, 49,95 €
ISBN 978-3-7913-4948-0

www.randomhouse.de

 

 

 

 

 

 

 

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