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Survivance : les violences faites aux femmes photographiées par Denis Paillard

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Il y a vingt ans, la Bosnie-Herzégovine s’enfonçait dans la guerre. La chute du Mur de Berlin, quelques années plus tôt, n’avait pas préservé l’Europe réunifiée du retour de la barbarie à ses frontières. La purification ethnique défigurait et souillait cette terre des confluences exposée au mauvais vent de l’Histoire et de ses apprentis sorciers.

L’indifférence des dirigeants occidentaux, enivrés par leur fraîche victoire sur le communisme, scellait notre impuissance à tenir notre promesse du « plus jamais ça » tandis que les charniers remplissaient les entrailles d’une Bosnie trop longtemps abandonnée à son sort. En 1995, une paix bancale faisait taire les armes mais laissait le pays divisé, dans sa mémoire comme dans ses institutions.

En compagnie des infatigables “Mères Pour la Paix”, Denis Paillard, photographe lillois, voyageur attentif et patient, pose son regard sur ce pays qui tente de se reconstruire. Son objectif sait saisir avec pudeur cette extraordinaire force qui jaillit du plus profond de l’abîme du traumatisme et permet, à qui sait s’en saisir, d’apprendre à affronter l’épreuve et la souffrance, à aller de l’avant même si la blessure est et restera toujours présente. Les stigmates de la guerre sont là, sur les façades éventrées, sur les visages fermés et les silhouettes crispées mais déterminées et dignes.
Munira, Sehida, Kada ont trouvé une réponse autre que la vengeance face à l’injustice en devenant les gardiennes de la mémoire du génocide de Srebrenica, en juillet 1995. Contre l’oubli, pouvoir dire, raconter, mettre en mots, construire un récit, mettre des noms sur chacune des victimes, c’est vaincre l’œuvre des tueurs qui misaient sur le silence éternel des morts. La douleur est omniprésente mais c’est cette volonté de faire face, de vivre malgré tout qui transperce dans chacune de ces photographies. Malgré l’incompréhension. Malgré l’irréparable. Une volonté qui illumine aussi les traits de ces hommes et femmes qui osent dénoncer les crimes de leur propre camp et combattre la haine. Srebrenica, Prijedor, Kozarac, Bihac, Gorazde, Foca, Sarajevo, autant de villes martyres où nous emmène Denis Paillard, photographe de la survivance.

Florence Hartmann

Florence Hartmann est journaliste et écrivaine. Elle a couvert les guerres de l’ex-Yougoslavie pour Le Monde et été la porte-parole de Carla Del Ponte au tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda.

Denis Paillard, Survivance
Du 7 au 23 juin 2017
Hôpital de Gap
1 Place Auguste Muret
05000 Gap
France

Evènements associés à l’exposition :

http://regards-alpins.eu/

https://www.utlgap.org/

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