Le visage révèle et cache quelque chose. C’est dans les années soixante que Detlef Orlopp (né en 1937 à Elbing, Prusse occidentale) a commencé sa série photographique en grand format d’études du visage. Comme dans ses œuvres représentant des lacs et des versants de montagne, nous contemplons une cartographie objective des traits du visage humain, surtout féminin. Dans ces photos analogues intemporelles en noir et blanc, l’artiste évite non seulement un sentiment de proportio divina, mais aussi l’usage d’une perspective divine. La création de séries sur la surface terrestre se développe parallèlement à celles sur les physionomies humaines, évoquant un sentiment d’émerveillement par la transformation de chaque détail individuel en élément typique. Le spectateur abandonne l’idée fausse que le visage reflète l’authenticité de l’individu – au contraire, le visage ici devient l’arène d’un « moi » dans lequel l’histoire se reflète.
Le visage « ne se transforme en un visage que lorsqu’il entre en contact avec d’autres visages, quand il regarde ou est regardé en retour« , écrit Hans Belting. Dans les portraits d’Orlopp, nous voyons donc des visages pendant qu’ils sont regardés. Ils ne montrent pas le «naturel» au sens naturaliste de John Anthony Thwaites, mais plutôt le visage humain en tant que symbole. Le cliché fait partie de la «nature» même de la photographie, mais Orlopp infuse ces instants avec le sentiment du moment où l’on voit et où l’on est vu – avec un silence, comme dirait Orlopp. Dans ces traits du visage, il nous semble retrouver la même dignité et la même quiétude que dans ses photographies de versants de montagne – non pas des miroirs de l’âme des personnes représentées, mais des sites qui reflètent l’ambiguïté élémentaire du visage, de l’homme et de la nature.
EXPOSITION
Heads (1958-2014)
Detlef Orlopp
Du 21 avril au 4 juin 2016
Parrotta Contemporary Art
Augustenstrasse 87-89
70197 Stuttgart
Allemagne
T +49.711.69 94 79 10
http://www.parrotta.de
