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Stephan Crasneanscki : deux expositions à Paris

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La forêt Noire, Stephan Crasneanscki y a passé son enfance, plusieurs mois par an, en vacances chez son grand-père. Il n’a cessé depuis d’arpenter ses sentiers sombres et sans horizon que Martin Heidegger appelle « Holzwege », les « chemins de bûcheron », ceux qui s’arrêtent net pour se transformer en déserts. Une fois par an, pendant trois mois, il replonge dans les abysses. Dans cette forêt silencieuse et froide, sur des chemins qui ne mènent nulle part. De Heidegger, il a également fait une piece radiophonique, mais cet hommage visuel reste muet. C’est une méditation dont, parfois, il rapporte quelques images. Il revisite les mêmes lieux, explore leurs passages et la facon dont la nature s’articule autour de ses mythes. Avec de grands tryptiques qui évoquent l’ère romantique allemande, il crée des respirations dans le paysage sombre et solitaire pour mieux retracer le labyrinthe. Il n’y a jamais de sortie, d’horizon, ni de lieux où aller. On est en plein milieu. Au cœur de la forêt. Dans la clairière ou, pour Heidegger, on reste comme au cœur de soi, dans la clairvoyance.

C’est dans une clareté étrange, épaisse et entêtante, qu’est baignée une autre série rituelle de Stephan Crasneanscki. Celle-là est inspirée par Joseph Beuys et l’accident qui a nourri les extraordinaires recherches de l’artiste sur les matériaux bruts. C’est le voyage en Crimée et en terres tatares. Comme le 16 mars 1944, on y arrive par les airs. La roche est seule et silencieuse.Le grincement de la carcasse se froissant sur la falaise n’a pas encore retenti, et il importe peu. La brume l’assourdit. Certains diptyques sont verticaux pour accentuer l’altitude. D’autres sont épurés jusqu’à la monochromie. La couleur est insonore, parfois uniformément blanche. L’horizon est bouché devant, sur les côtés, et assurément derrière. L’épuration atteint l’opacité, comme au centre d’un nuage. En ne voyant que la nature brute, on a une vision de l’âge de pierre.

Voila où nous en étions quand Stephan, qui m’appelait de l’aéroport, a du prendre la route de SoundWalk Collective, le collectif d’artistes qu’il a fondé à New York il y a plus de dix ans. Ils venaient de jouer leur performance sonore Killer Road à Berlin avec Patti Smith et continuent ces jours-ci avec une tournée d’Ulysses Syndrome (2009-2011) et Medea (2011), en France et au Luxembourg. Là encore, il est question de la façon dont la nature fonctionne autour des mythes. D’autres mythes cependant, et une autre nature. Si les performances live ne durent qu’une heure, l’œuvre originale est une pièce sonore et vidéo de 24 heures où le temps se substitue à l’espace. C’est l’erreur de notre vie de croire qu’on va quelque part alors que l’on ne va nulle part, défendait Heidegger.

Expositions
Là où naissent les fantasmes
Stephan Crasenanscki, Nicolas Delprat, Rachel Labastie, Laurent Pernot
Jusqu’au 25 février 2014
Galerie Odile Ouizeman

10/12 rue des Coutures-Saint-Gervais

75003 Paris
France

Atmosphère
Samuel Bianchini, Stephan Crasneanscki, Ole Ukena
Jusqu’au 1er avril 2014
Ilan engel gallery
77, rue des Archives
75003 Paris
FRANCE
tel: +33 1 42 77 43 38

Performance
Soundwalk Collective
Live – Ulysses Syndrome
A 20 h / 22 h 30 le 19 et le 26 février 2014
MUDAM Luxembourg

3, Park Drai Eechelen
L-1499 Luxembourg

http://www.ilanengelgallery.com
http://soundwalkcollective.com

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