Sergio Larrain n’a pas vingt ans lorsque, pour s’éloigner du milieu de sa famille de notables, il quitte le Chili et part, en 1949, en Californie, à Berkeley, pour y faire des études d’ingénieur forestier. Il va vite s’orienter vers la photographie. Il commence à photographier librement les rues à Santiago ou Valparaiso. Il devient photographe professionnel, free-lance d’abord puis comme collaborateur du magazine brésilien O Cruzeiro. Il s’installe à Paris en 1959 où Henri Cartier-Bresson le fait entrer à Magnum, agence pour laquelle il réalise pendant deux ans des reportages, notamment sur la guerre d’Algérie et la Mafia en Italie. Ce travail lui pèse, il considère qu’il y perd son âme.
En 1961, de retour au Chili, en collaboration avec Pablo Neruda, il mène un travail devenu mythique sur Valparaiso, photographes qui seront publiéés par le magazine Du Atlantis (1966). En 1968, il commence à se retirer du monde pour se consacrer à la méditation transcendantale, au yoga et au dessin. Sans renier son travail de photographe, il demande, à la fin des années soixante-dix, que l’on arrête d’exploiter son œuvre car cela le détourne de la méditation à laquelle il veut se consacrer entièrement. Il décide de vivre retiré dans les montagnes chiliennes. Il photographie très peu et exclusivement des instants de vie, écrit des haïkus et des pamphlets écologistes.
Au début des années 1990, Sergio Larrain se laisse convaincre de publier son livre le plus marquant Valparaiso (Hazan, 1991) avec une maquette signée Xavier Barral. Une exposition est organisée à Arles et à Valence, mais la vanité du succès l’accable.
En réponse à ce livre, Sergio Larrain élabore une maquette reprenant les séries prises entre 1952 et 1963, ainsi qu’entre 1978 et 1980, auxquelles il ajoute de nouvelles images prises en 1991 et 1992. Dans cet ouvrage intimiste, les notes manuscrites ou dactylographiées, correspondances et dessins nous font partager sa vision singulière du monde. Mais il demande que plus rien ne soit publié de son vivant.
C’est cet ouvrage, fidèle à la maquette de Sergio Larrain qui est édité par Xavier Barral et Agnès Sire, directrice de la Fondation Cartier-Bresson qui vient de paraître. Ce livre reprend les images de Larrain déposées chez Magnum ainsi que la nouvelle de Pablo Neruda. Le texte d’Agnès Sire décrit la genèse de l’ouvrage et aide le lecteur à mieux cerner la personnalité de l’auteur.
Sergio Larrain, Valparaiso
Publié par Xavier Barral
42 €