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Sandro Miller : Gloire – Mes Cheveux, Mon Âme, Ma Liberté

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Glory: My Hair, My Soul, My Freedom montre les coiffures portées par les femmes noires. Chaque coiffure présentée est basée sur «l’histoire de cheveux» personnelle du modèle spécifique et est calquée sur quelque chose qu’elle porterait dans la rue. Le ton noir uniforme sur la peau des modèles sert d’égaliseur qui supprime tout biais préjudiciable potentiel. Les cheveux sont au centre des images, car chaque modèle est placé sur un fond coloré ou d’un noir saisissant afin d’accentuer les couleurs et les formes de sa coiffure.

La technique de Sandro rassemble le passé et le présent et met l’accent sur la beauté de la noirceur, démontrant avec succès ses idées sur la liberté raciale et les cheveux. Les femmes afro-américaines ont été opprimées en ce qui concerne leurs cheveux, depuis la pratique déshumanisante de se raser les têtes pendant l’esclavage jusqu’à la loi de Louisiane de 1978 qui a statué que les femmes noires devaient se couvrir les cheveux en public. « Aujourd’hui, les Africains et autres hommes et femmes à la peau noire sont libres, leur âme n’est plus asservie et à travers les styles portés sur leur tête, leur liberté brille », a déclaré Miller.

En tant que combinaison de l’art tribal africain traditionnel et de la femme noire moderne, My Hair, My Soul, My Freedom a exploré la stigmatisation attachée aux cheveux noirs et à d’autres conventions de beauté sociétales et capture la confiance, le pouvoir et la beauté des femmes.

 

À l’âge de seize ans, en voyant le travail d’Irving Penn, Sandro Miller savait qu’il voulait devenir photographe. Pour l’essentiel autodidacte, Sandro s’est appuyé sur des livres publiés par de nombreux grands artistes canonisés dans l’histoire de la photographie. À travers leurs images, il a appris l’art de la composition, de l’éclairage et du portrait. Plus de 30 ans plus tard, avec des clients allant de Forbes, GQ et Esquire, à American Express, Coca-Cola et BMW, Sandro s’est assuré une place parmi les meilleurs photographes publicitaires du monde.

Son succès dans le monde commercial lui permet de poursuivre ses projets personnels: il a photographié des musiciens de blues américain et diverses troupes de danse à Cuba, a travaillé sur un projet pour garder une trace d’une culture mourante en Papouasie-Nouvelle-Guinée et entrepris des projets avec John Malkovich, son ami et collaborateur de longue date.

L’œuvre de Sandro Miller est représentée aux États-Unis par Catherine Edelman Gallery, Chicago, et en Europe par Gallery Fifty One, Anvers.

 

AFRO DANS LE VENT de Patricia Smith

Au commencement, la terre était fracturée, fragilisée par la convoitise, et n’en pouvait pas de nous attendre— alors, aux prises musclées avec la grâce, nous avons béni cette morne plaine. Alors que nous naissions encore et encore, dans des abris délabrés et des savanes luxuriantes et exubérantes, propulsées des flancs argentés du sud, présentées à la vie alors que les mamans hurlaient et juraient, alors que nous naissions encore et encore, énergiques, prises au piège de nos débattements et de nos vagissements, notre respiration déjà ralentie par la question incessante du sang dans notre poitrine, chaque témoin ébloui se levait pour nous donner un nom encore et encore. Le monde n’était pas prêt. Dans son royaume, personne ne pouvait nous comprendre.

Dans son royaume, personne ne pouvait nous comprendre— Effrontées, nous passons à travers leurs portes aux volets clos, nous immenses au fond de leur gorges, nous prenons d’assaut car il le faut, nos couronnes nouvelles-nées maculées de sang, si chaud sur nos petites têtes. L’erreur blanche a été de croire qu’une fois rincées et séchées, les boucles rebelles et crispées n’étaient plus qu’une chevelure n’ayant plus rien à dire. Au lieu de cela, ils ont vu combien notre peau attire et engloutit le soleil, notre à bout de souffle, nos hanches légendaires, ils ont vu ce que le commerce voulait qu’ils voient— nos dos élargis et évalués pour les besoins du travail. Ils n’ont pas vu l’ouragan de cheveux, le surgissement de mille racines scandaleuses.

Ce surgissement de mille racines scandaleuses n’était que le début impertinent, que le braiement de lumière qui siffle l’alerte—ne touche pas à ces cheveux. ces mèches qui vibrent, ces fils vociférant à force de tonitruer, non, ne te risque pas à mettre un doigt aventureux dans un obscur qui t’échappe. De nos cheveux nous faisons des lames à notre gré—les malins qui sont morts entortillés dans leurs nœuds parleraient volontiers d’étouffement s’ils le pouvaient. Notre chevelure n’est pas votre sauveur, pas votre kumbaya, votre entrée gratuite. Quand elle prit son essor, si bousillée et lustrée par le sang, nous avons su qu’elle avait de la poigne. Notre chevelure ne saurait être polie. Il fut un temps où nous étions esclaves. Et furieuse, notre chevelure.

Il fut un temps où nous étions esclaves. Et furieuse, notre chevelure, à jamais se libérant des nattes et des rubans, rejetant les pommades faites-maison censées domestiquer la floraison sauvage et rêche qui dès qu’elle le pouvait pleine de vie faisait sauter ses bandelettes. Au moins une part de nous courait libre, comme la flame affamée de ciel, comme la prière dirigée vers un lieu dont nous savions qu’il était le paradis. Nous chantions nos chansons mais sans remuer nos lèvres, nous brûlions en nous-mêmes jusqu’à la noirceur. Avec pour miroirs les rivières, nous avons commencé à construire un mur entre l’air qui nous avait été volé et nous-mêmes. Nous avons fait claquer nos robes autour de notre gorge, bien prêtes avec nos nattes épaisses à affronter les crachats des hommes.

Nattes épaisses pour affronter les crachats des hommes, nous avons avancé à toute allure—pendant des années, nous avons mystifié les boucles de cheveux silencieuses, mais les avons écoutées lorsqu’elles nous ont dit que nous avions tort, pas suffisamment blanches ou soyeuses, et que nous ne pourrions jamais être à moins de nous jeter dans le feu, succombant à une haine que nous avions accumulée contre nous-mêmes. Par amour pour leurs filles meurtries, les mamas mettaient en route leurs fours capricieux, faisant jaillir la flamme, tandis qu’elles nous asseyaient sur des chaises de cuisine rouillées et branlantes sous le fer à coiffer qui brûlait vif la chair de notre nuque, sous la soude qui dévorait le cuir chevelu et la racine, et nous endurions cette douleur, oublié le temps où notre couronne chaotique mugissait, afro dans le vent.

Notre couronne continua de se battre pour mugir, afro dans le vent, bien que blessée, martelée par la chaleur et l’huile puant les animaux et les fleurs, même si en pleurs nous apprenions par cœur les pales et vaporeuses coiffures des magazines. Le regard attentif nous avons appris à souffrir les poisons afin de reformer notre laideur, nous libérer de la faute que nous sommes. Et alors que nous écoutions, avançant la main pour toucher la tête d’un étranger—une tête bien plus étrange— avec des mèches promptes à nous faire disparaitre, nous prendre au piège de leur glamour étranglant, nous nous souvînmes de ceci— que nous sommes un peuple destiné à exploser.Alors nous explosâmes de nouveau vers nous-mêmes.

Quand nous explosons, nous refaisons connaissance avec nous-mêmes. Nous secouons nos têtes funky, libérées, et nous hurlons à plein poumons—Ne te risque pas à toucher ces couronnes. Et nous sommes Accra, et nous sommes l’Alabama, Brooklyn, Watts, et nous sommes le doigt d’honneur levé à l’intention des témoins rageurs de toute cette joie, et nous sommes la Trinité et Harlem, nous filons tout droit dans l’hier que nous étions, et tout droit dans l’histoire que nous avons faite et de là, tout droit dans le lendemain avec nos cheveux crépus qui rampent avec jubilation, non maitrisés, sans entraves, entrelacés jusqu’à en devenir une seule âme, et pourtant chacune comme nulle autre.

Une seule âme, mais chacune comme nulle autre, nous sommes à nous-mêmes notre seul gouvernement—aucunement besoin d’un autre, nos mémorables couronnes impudentes abasourdies dans leur inclinaison et leur tourbillon dévastent et irritent, qu’elles soient notre gospel, notre carte de visite, notre halo, notre façon de viser haut. A nous de la couper, cette couronne, ou de la teindre de mille teintes bizarres, à nous de la dissimuler sous un chapeau endimanché, de la friser ou de la tresser, la cisailler pour l’aérer, comme le font les hommes, cette chevelure c’est notre seconde respiration. De l’art sur la tête, un déversement de gloire. Sauvage, déroutante et sexy dans sa hargne, c’est du néon, rasé, bouclé et noué, torsade et du néon, rasé, bouclé et noué, torsadé et rasé, bouclé et néon, torsadé et pas l’affaire de n’importe qui, nos cheveux sont un manifeste politique, un enchevêtrement loyal et strident, la gloire en nos noms, le gospel sur nos têtes branlantes, c’est féroce— et oui, toujours furieux, se dégageant de tout péril qui chercherait à réduire au silence ses rugissements. Vous nous avez sous-estimées, vous ignoriez que la muscularité du frisoir avec zèle nous redonnait naissance– il nous a enseigné toutes les façons d’articuler nos noms en Serengeti, querelleurs et torsadés, nos cheveux sont toutes ces choses mais toujours noirs et torsadés. Les cheveux sont toutes ces choses. Mais nous, les déesses noires et rusées, nous avons toujours eu conscience du pouvoir qu’il y a à porter notre propre ciel, le lyrisme de nos cicatrices, nous avons toujours su que même s’ils ont osé nous appeler esclaves, nous ne l’avons jamais été. Si seulement ils avaient pu entendre la liberté sur nos têtes, les gémissements radieux et triomphants de tous ces cheveux, son verbe brut et effréné, ils nous auraient laissées libres de gouverner nos maudites personnes, de vivre nos vies mélodieuses et hautes en couleurs . Notre chevelure est gorge, c’est le couteau contre la gorge, c’est la chanson dans la gorge, c’est comme ça conquérantes qu’on fait tourner les têtes dès qu’on entre quelque part, notre chevelure, c’est le funk, la terre brûlée, le grognement d’Aretha chevelure, funk, terre brûlée, grognement d’Aretha juste l’une des dix mille façons dont on raconte l’histoire. Les gospels déboulant de la salle comble, la racontent ; les mises en garde grommelées, bleues et bleues profond, par les filles du Delta la racontent ; on la raconte dans les chansons que nos mamas chantèrent avant de jeter ces peignes de la contrainte dans le feu. Vas-y et lève les yeux vers l’endroit où nous nous soulevons, vas-y et salue en nous notre royauté, vas-y, indigne-toi des façons dont nous nous sommes jurées de vivre nos âmes à haute voix. Mais ne touche pas à cette chevelure, l’explosion noire, le couronnement de tout. Pour tes mains, de refuge il n’y aura point dans cette chaleur, si doucement infernale sur nos têtes parfaites.

Si doucement infernale sur nos têtes parfaites, cette chevelure a connu les hiers que nous connaissons, a vécu l’histoire que nous avons vécue. Il fut un temps où nous étions esclaves. Et puis vinrent les jours où nous étions assises sur des chaises de cuisine en plastique nous bouchant les oreilles pour ne pas entendre le grésillement du peigne en métal, ses dents s’acharnant à notre disparition. Une fois les cheveux libérés, en bataille—chaque mèche devint un poing transperçant l’atmosphère, une voix stridente qui sanctifiait et irritait, chacune son propre petit dieu. Vous dites : c’est que des cheveux, le résultat du sang, un caprice du corps. Ce que c’est, c’est la vie. Et même l’histoire ne peut déformer cette vérité.

Oui. Même l’histoire ne peut déformer la vérité, ne peut fausser le récit—vous voyez, notre chevelure c’est ce que personne d’autre ne pourra revendiquer. Elle nous rend semblable à aucune autre. Il semblerait qu’il y ait un monde de soie, de blond et d’auburn, de peau rosée qui cuivre au soleil, mais il y a aussi les cheveux crépus tout puissants, il y a la boucle sauvage, le tout qui est, ce que les filles noires possèdent et que personne ne peut s’imaginer. Le mystère règne—ce n’est peut-être que le baiser du soleil tressé dans les tresses, la lune qui crache sa lumière liquide dans des dreadlocks redoutables. La terre n’était pas prête pour ce que nos boucles allaient hurler. Au commencement, la terre était fracturée, fragile.

Au commencement, la terre était fracturée, fragile– hors de son royaume, personne ne pouvait nous comprendre, comprendre notre surgissement d’une seule racine scandaleuse. Lorsque nous avons commencé, notre chevelure était furieuse, et coiffée en nattes épaisses pour affronter les crachats des hommes. Notre couronne chaotique continue de taper à l’œil, afro dans le vent, et nous explosons, toujours de nouveau nous-mêmes, une seule âme, et pourtant chacune comme nulle autre. C’est du néon, rasé, crêpé et noué, bouclé et en chignon, c’est toute ces choses mais toujours noires,notre chevelure, c’est le funk, la terre brûlée, le grognement d’Aretha, si doucement infernale sur nos têtes parfaites.

Et même l’histoire ne peut déformer cette vérité : Aucune femme ne porte de couronne à part la reine.

 

diChroma photography
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Urbanización Ciudalcampo
28707 San Sebastian de los Reyes
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