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De 1976 à 2015, mes regards, de passage au Salon de la Photographie à Paris

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La toute première fois que je suis allé au Salon de la Photo à Paris, c’était en 1976. A l’époque j’étais technicien et photographe à la Société Lumière / Ilford à St Priest où j’ai travaillé pendant cinq années.

C’était la grande époque du beau tirage argentique en noir et blanc, celui où l’on n’hésite pas à attarder son regard mais, déjà, on constatait une montée en puissance de la photo en couleur, avec notamment un réel attrait des professionnels pour le fameux procédé couleur Cibachrome.
Depuis cette date, j’y suis retourné cinq fois, en 1980, 1981, 2011, 2013 et cette année. J’ai pu, au fil du temps, constater les évolutions technologiques et les grandes tendances du moment. Longtemps les photographes professionnels « ayant pignon sur rue » ou ceux indépendants, aimaient s’y retrouver en nombre. C’était pour eux l’opportunité de parler technique, affaires, et surtout l’occasion de se tenir au courant des dernières nouveautés arrivées sur le marché et présentées officiellement au Salon.
Aujourd’hui les photographes amateurs sont devenus beaucoup plus nombreux, peut être même ici plus présents que les gens de métier, il faut dire que la profession évolue… Et que des photographes de métier ne font plus recette.

En effet, avec l’arrivée des technologies numériques, les envies de photographier ont brusquement fait boule de neige, « l’acte » s’est en quelque sorte démocratisé. Les constructeurs l’ont d’ailleurs très vite compris, puisqu’ils misent maintenant sur des animations sophistiquées pour tous. Avec la concurrence, c’est l’occasion pour eux de mettre en valeur leurs matériels.
Nikon par exemple : cette année la firme n’a pas hésité à présenter sur son stand, la photographie dite en « 3D » sous la forme d’un spectacle visuel, géré par une technologique informatique et une participation physique et scénique du visiteur qui le voudra bien, qui deviendra acteur quelques secondes. Au top ! On lui demandera de sauter en l’air !! A l’instant même de son saut, des dizaines de boitiers installés en batterie se déclencheront simultanément sur 360°, un « photo show » pour le souvenir, récupérable sur sa boite mail.

Les nombreuses revues et magazines spécialisés attirent eux aussi le client à leur manière. Des formations ouvertes et dispensées sur place, sont proposées au public de passage qui aimerait tout savoir pour réussir ses photos numériques. Les stands sont pris d’assaut… Plus une seule chaise pour s’asseoir. En fait, sur les stands, les démonstrations sont de tous types pour favoriser le business. Cette année vous pouviez même approcher le maniement d’un petit drone. Le drone : c’est effectivement tendance !

Ma surprise, elle, a été du côté d’une forte présence féminine et, ça, c’est plutôt sympa. Il n’y a pas que des mannequins pour dynamiser les stands, on rencontre aussi des femmes photographes qui racontent leur beau métier aux hommes, ça change. Parmi elles, des passionnées de l’image fixe, comme celles que j’ai vues sur le stand de chez LEITZ, le Leica de légende fait visiblement toujours sensation. Ce bel « objet » au design très étudié, présenté comme un bijou sous vitrine, accroche l’œil de ces Dames photographes, « le compagnon de tous les jours! » C’est l’argument marketing du constructeur allemand : presque imparable. Il est vrai qu’il est beau ce boitier, silencieux, efficace mais malheureusement pas pour tous les budgets, même proposé à crédit, à moins de craquer !

Aujourd’hui, le Salon de la Photo à Paris demeure le rendez-vous des fouineurs de technologies nouvelles, des adeptes des tirages par jet d’encre qui remplace le tirage baryté, de celles et ceux qui veulent voir et tout savoir. En face d’eux, il y a ceux qui sont là pour répondre aux questions, pour faire des affaires et pour alimenter les rêves des sculpteurs de lumière.

Enfin, Art photographique oblige, le Salon de la Photo à Paris continue à nous proposer des expositions mais aussi de belles rencontres avec des grands noms de la Photographie.
En 2011, j’ai pu écouter Lucien Clergue, puis, en 2013 Sebastiao Salgado.
Cette année, vendredi j’ai voulu attendre 18h pour entendre le photo-reporter Eric Bouvet et je ne l’ai pas regretté. Installé devant ses images projetées sur écran, j’ai beaucoup aimé son récit, ses témoignages.
L’homme, passionné par sa profession de photojournaliste, a du recul et nous donne à voir sans compter. Il regrette même parfois de ne pas avoir fait plus encore avec son appareil photographique pour nous montrer «  la vraie vie », comme celle qu’il a vécue et vue lorsqu’il est parti en reportage en Somalie. A cet instant il précise : « j’aurais aimé faire plus ! », mais il en a décidé autrement. Devant l’insoutenable, il a décidé d’arrêter là son acte photographique, en respect pour celles et ceux qui étaient en face de lui, dans une extrême souffrance.
La photographie est tellement belle lorsqu’elle témoigne d’un profond respect et d’un acte d’amour. Outre son rôle très commercial, le Salon de la Photo à Paris peut faire découvrir cela au grand public.

INFOS
http://www.lesalondelaphoto.com

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