La photographe de New York, Sally Davies, est une anomalie. Elle est une femme dans ce que beaucoup considèrent comme un « jeu » majoritairement masculin et, si cela ne suffisait pas, elle est aussi photographe de rue. Elle est un « genre de » photographe de rue.
Pourquoi la photographie de rue ?
J’ai réalisé une bonne quantité de travaux en studio pour payer mon loyer il y a quelques années… Chasser d’autres images est excellent pour moi. La vie est comme une boule de neige que nous roulons dans la rue, en espérant qu’elle soit assez grande quand nous arriverons au bout de la route pour construire un bonhomme de neige. Le long de la route, la boule prend des objets aléatoires – des bâtons, des pierres, des paillettes, de la saleté, etc. Les saisons changent aussi. Tout à coup, c’est le printemps, et votre boule de neige fond et vous avez une pile de choses que vous n’avez pas cherché. Un artiste se penche sur ce tas de choses et comprend leur intérêt. Lorsque ma boule de neige a fondu vers l’année 2000, j’avais des choses intéressantes dans la main et j’ai décidé de continuer à prendre des photos.
Vous venez de la peinture, pouvez-vous nous dire comment votre expérience en tant que peintre informe votre photographie ?
La peinture m’a appris à regarder, comment voir, comment résoudre le problème dans une situation en deux dimensions. La formation à la peinture artistique n’est pas facile. Avec la peinture, vous comprenez qu’il n’y a pas de mauvaises couleurs, seulement de bonnes ou de mauvaises combinaisons. Ensuite, de là, vous vous déplacez vers la lumière et pensez à comment aborder l’obscurité et la lumière sur un plan plat. Vous luttez avec tout cela, et bien plus encore, avant même de commencer à trouver votre voie émotionnelle.
Comment concilier votre travail avec le terme « photographie de rue » ?
Je n’y parviens pas. J’ai un respect pour les vrais photographes de rue. Pour moi, ce sont les gars qui ne font aucun travail de publication, la plupart cherchent « le moment décisif ». Je ne corresponds pas toujours à cette catégorie. Parfois, mes images les plus réussies sont sans action. Parfois, c’est une vitrine avec des graffitis qui raconte une histoire, sans personne. Parfois, c’est un coin de rue très animé et occupé, mais vous obtenez toujours la « vibe » et vous êtes transporté lorsque vous regardez l’image. N’est-ce pas le but ? Je pense que le format de la photographie de rue, tel que nous le connaissons, se développe lentement pour inclure d’autres visions, et c’est une bonne chose. Il le faut être courageux pour survivre dans ce nouveau monde d’images.
Que voulez-vous réaliser avec votre travail ? Quel sera votre héritage ?
L’histoire décidera de mon héritage et j’aurai disparu depuis longtemps de ce monde avant que cette décision ne soit prise. Mais j’espère que lorsque je mourrai, mon travail aura un sens, qu’il documente non seulement un certain moment d’un lieu, un univers culturel, et une certaine histoire.
Interview de Michael Ernest Sweet
Michael Ernest Sweet est un éducateur, écrivain et photographe canadien. Il vit et travaille à New York, aux États-Unis.
