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Rotterdam Art Week : Haute Photographie 2 : Photographes Independants

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Aisha Zeijpveld 1983 (images 1-3)

Aisha Zeijpveld a une façon unique de photographier. À première vue, on pourrait confondre son approche avec celle de Photoshop, mais en fait, elle dit: « J’utilise des ciseaux, du carton ou tout ce qui traîne dans mon studio. Il y a beaucoup d’improvisation, un ingrédient essentiel de mon processus créatif. Pour éviter de reproduire des idées antérieures, elle continue à repousser ses limites, ce qu’elle parvient à faire sans sacrifier le style reconnaissable de son style.

Le processus peut sembler fastidieux à certains, mais Zeijpveld y trouve son compte. « J’aime ces distorsions subtiles, la poussière et les rayures sur la surface de chaque photographie imprimée, cela ajoute une touche tactile et artistique. L’expérimentation de ces techniques a ouvert un tout nouvel arsenal de possibilités de création d’images. »

Pendant des années elle a fait beaucoup de portraits de gens célèbres aux Pays-Bas. Pour faire face à des personnes intimidantes comment a t-elle approché ses sujets? « J’étudie leur vie pour me faire une idée de leur caractère et pouvoir m’identifier à eux. Cela me permet de façonner les images sur mesure. En fin de compte, je considère que la plupart de mes travaux sont des portraits d’idées plutôt que des personnes représentées. »

« Chaque séance photo est différente. J’essaie de capturer un moment où le sujet ne semble pas avoir conscience de l’appareil photo. Cela implique de trouver une confiance mutuelle, ce qui peut s’avérer difficile, surtout lorsque l’on expérimente de nouvelles techniques. C’est pourquoi je me prépare toujours le plus possible afin de pouvoir diriger avec une vision claire. Alors je me sens plus détendue. »

Pour Zeijpveld, l’essence de la photographie peut se résumer ainsi : « Ayez confiance en votre personnalité et créez votre propre signature. Laissez toujours la touche humaine l’emporter sur l’aspect technique et des logiciels les plus récents. Pour moi, ce qui nous distingue des autres espèces tient en une phrase : voir avec les yeux et regarder avec le cerveau. »

 

Annemarie van Buuren 1961 (images 4-6)

Jusqu’à présent, notre relation avec le monde qui nous entoure était une relation d’exploitation. Récemment, des signes encourageants montrent que notre relation avec la nature est en train de changer. Cette nouvelle attitude est basée sur la connexion et la coopération entre les espèces et est connue sous le nom de Symbiocène, . Cette attitude inspire les philosophes, les artistes, les scientifiques et les linguistes. Elle affecte également notre vocabulaire, avec des néologismes tels que la solastalgie : le sentiment de ne pas être chez soi dans un environnement perturbé, ou la noctalagie : la nostalgie de l’obscurité du ciel nocturne.

Dans ma photographie, j’aime contribuer à cette nouvelle approche. J’essaie de capturer notre lien poétique et mystérieux avec le monde non humain : les animaux, les plantes, les montagnes, la lune et les étoiles. Je cherche également à collaborer avec la nature en utilisant des techniques analogiques dans lesquelles « la nature se dessine elle-même », telles que les photogrammes et les lunagrammes.

Ma photo Leaf est un exemple de photogramme, une technique ancienne qui consiste à placer une plante sur du papier photographique et à l’exposer à la lumière du soleil pendant environ une seconde. Après développement, une image de la plante apparaît. La plante s’est « dessinée » elle-même, sans l’aide d’un appareil photo. Les images Lunagram I et II sont des exemples de lunagrammes. Une image négative de la lune est placée sur du papier photographique et exposée la nuit à la lumière de la lune. J’aime considérer ces images comme des collaborations entre la lune et moi-même. Au cours de ce projet, j’ai cédé à ma noctalagie, car j’habite à proximité du « parc du ciel noir » de Lauwersmeer.

Mon souci de l’environnement se reflète également dans l’utilisation de papiers d’impression naturels, comme le papier de bambou, et de révélateurs non toxiques.

J’ai obtenu mon diplôme à l’Académie de photographie des Pays-Bas en tant que photographe illustratice autonome avec un travail numérique, mais peu après, j’ai donné mon cœur à la photographie analogique de la vieille école. Je travaille souvent avec un appareil photo en bois datant de 1890. J’aime transgresser les limites de la photographie et mélanger des photos avec des dessins à l’encre de chine, ou donner aux images analogiques une tournure numérique, en fusionnant le passé et le présent, le jour et la nuit, l’humain et le non-humain. J’ai participé à des expositions nationales et internationales et j’ai remporté des prix et des mentions honorables à Paris Photo, au Tokyo International Photography Award et à Analogue Sparks (Gold Fine Art Experimental). Avec le poète Aly Freije, j’ai publié De Donkere Kamer/The Dark Room, un livre contenant des poèmes et des photographies prises avec un appareil à plaque sèche. Ce livre a été sélectionné comme l’un des meilleurs livres de 2023 par ‘Literair Nederland’.

www.plaatwerkfotografie.nl

 

Denis Félix 1960 (images 7-9)

Après 5 ans d’études de médecine à Paris, je décide de poursuivre mon rêve de devenir photographe.

A 23 ans, je deviens photographe pour la mode, tout en perfectionnant ma recherche artistique.

1993 marque le début de mon travail personnel : Je voyage avec un appareil photo grand format et un polaroid 55 au Mali, en Afrique de l’Ouest, où je vis dans des villages avec les Senoufo et les Bozo.

Prendre des portraits est devenu ma façon de me connecter avec les humains, je photographie d’une manière très immersive. À travers le viseur de l’appareil photo, l’image est inversée, ce qui m’offre un raccourci vers mon imagination.

De la Guinée à l’Afrique du Sud, de l’Irlande à la Chine, du Brésil au Guatemala, j’ai toujours été à la recherche d’un moment de grâce singulier dans une seule prise de vue, une seule image. Le livre « Le fil de la vie » (publié par les éditions Somogy), retrace le parcours de ce projet de 1993 à 2006.

Le cœur de mon travail consiste à photographier avec des films analogiques et un appareil photo grand format, et à expérimenter des chimies dans mon laboratoire photographique.

Je me réfère souvent à des procédés historiques, aux plaques sèches, au mélange de tirages au platine-palladium et à l’aquarelle.

La série « Paradisio » est un hommage au mystère et à la beauté du monde naturel volant, sensible et fragile. Ce projet utilise la photographie grand format en mélangeant des plaques sèches avec des films instantanés négatifs, pour refléter et mettre en valeur ce monde incroyablement coloré, enchanté, joyeux et poétique de la biodiversité.

Expositions sur la scène internationale depuis 1994, en France (Paris, Aix-en-Provence, Marseille…) mais aussi bien au-delà : Le Cap, New Delhi…

https://www.denisfelix.com/ +33 6 1161 3838

 

Nina Hauben (images 10-12)

« En fin de compte, tout ce qui reste, ce sont les souvenirs que nous avons. J’ai peur que ces souvenirs, comme des volutes de fumée, se dissipent avec le temps, me laissant avec un vide qui ne peut être comblé . J’aurais aimé pouvoir collecter davantage de ces souvenirs. Comme je ne peux pas entendre ta voix, ni tes pas, ni sentir ta présence, je dois faire semblant, alors c’est ce que je fais. »

Nina Hauben est une photographe basée à Amsterdam, diplômée de l’Amsterdam Fashion Institute en gestion internationale de la mode. Elle travaille dans les domaines de la mode et de la photographie commerciale. »

 

Olga Karlovac (images 13-15)

Olga Karlovac est une photographe autodidacte, abstraite et de rue, née à Dubrovnik, en Croatie. Elle est surtout connue pour son style de photographie unique et expressif et pour sa trilogie de livres de photos auto-publiés.

Olga utilise son appareil photo pour capturer des moments et des émotions fugaces. Travaillant exclusivement en noir et blanc, principalement après la tombée de la nuit et sous la pluie, ses images abstraites brouillent les frontières entre figuration et poésie visuelle. Ses scènes oniriques nous conduisent dans des rues sinueuses et nous invitent à nous attarder et à perdre la notion du temps, à reconnaître le familier dans l’à peine là.

Olga décrit avec justesse sa vision unique dans l’introduction de son livre « Escape » :

« en un clin d’œil, entre le jour et la nuit, quelque part à la limite de l’obscurité et de la lumière, marchant sur une route vide sous la montagne de souvenirs, tandis que les vents forts du nord gravent tes marques sur ma peau, je sens ton souffle et j’imagine… »

Ses photographies ont été publiées dans de nombreux magazines de photographie, tels que black+white photography magazine, frankfurter allgemeine zeitung, De standaard, inspired eye, etc. Olga a participé à des expositions collectives et individuelles dans le monde entier, principalement à Londres, où elle a exposé dans les galeries Saatchi, POSK, ECAD, Project Space et autres, ainsi que dans le reste du Royaume-Uni, aux États-Unis à New York, en Belgique, en Italie, en Iran, en Albanie, en Irlande, en France, aux Pays-Bas et dans d’autres pays.

Après le succès de sa trilogie, elle travaille actuellement sur son prochain livre. Après avoir été interviewée sur son style unique et son expérience de l’autoédition, elle propose également des tutoriels en ligne pour partager son expérience de la prise de vue, de la production et de la commercialisation de livres photo.

 

Paulien Dubelaar 1974 (images 16-18)

Paulien traite de questions existentielles, telles que : le sens de la vie et de la mort, comment pouvons-nous vivre une existence significative, qui sommes-nous en tant qu’êtres humains ? Là où les réponses ne sont pas facilement accessibles, elle tente d’explorer avec ses images : la grandeur et l’insignifiance, la vulnérabilité et l’éphémère, l’immobilité et le mouvement, l’obscurité et la lumière. Elle se sent liée aux idées des philosophes existentialistes et s’en inspire dans son œuvre photographique

Dans le monde d’aujourd’hui, le bonheur semble être le but ultime. Nous le poursuivons, et nous nous sentons obligés de continuer à annoncer notre prospérité dans les médias publics. Mais cette quête n’est-elle pas une erreur ? Cette poursuite ne mène-t-elle pas souvent, ironiquement, à une vie malheureuse ?

Ses images montrent une réalité différente : sombre, aliénante et solitaire. Nous cherchons notre chemin dans le chaos et l’obscurité, nous essayons d’ajouter une structure et de trouver un soutien dans ce qui nous entoure. Les points lumineux nous orientent, mais ils n’effacent pas l’isolement de l’être humain en quête de sens. Nous sommes entourés par la grandeur de la nature et nous nous tenons dans la lumière tamisée du temps qui ne cesse de s’écouler. La vulnérabilité et la décadence sont des certitudes, mais chacun doit apprendre à aimer le destin inévitable.

Dans son projet Amor Fati (amour du destin), Paulien s’est inspirée d’une citation de Friedrich Nietzsche datant de 1887 :

Ma définition de la grandeur humaine est l’amor fati :

Ne pas exiger en quoi que ce soit d’être différent,

ni dans le futur, ni dans le passé, ni dans l’éternité.

Ne pas se contenter de tolérer l’inévitable,

encore moins le dissimuler, mais l’embrasser.

Dans ses images, Paulien montre des moments détachés de leur passé et de leur avenir. Elle veut séduire le spectateur pour qu’il embrasse chaque moment à nouveau, qu’il ressente de l’amour pour ce qui est, et même qu’il chérisse le destin.

Paulien utilise différentes techniques pour éditer ses images, telles que la gravure, le zokin gake et le cyanotype. En utilisant ces techniques, elle ajoute une dimension supplémentaire pour donner vie aux images. Les photographies sont évocatrices, avec un mélange de contenu onirique et d’esthétique picturale. On y trouve un mélange de romantisme, de noirceur gothique et de fantaisie.

Outre son travail créatif, Paulien est active dans le domaine de l’éducation, les 12 dernières années dans des fonctions de gestion.

 

Pieter Bas Bouwman 1990 (images 19-21)

« Pieter Bas Bouwman s’est frayé un chemin unique dans le monde de la photographie en exploitant habilement les énergies dynamiques du chaos et du contrôle pour créer des récits qui captivent les sens. En se concentrant sur l’interaction complexe entre ces forces élémentaires, l’objectif de Pieter Bas devient un outil révélateur, mettant à nu l’impact profond de l’existence humaine sur notre cher patrimoine naturel.

S’affranchissant des conventions, la vision artistique de Pieter Bas ne connaît pas de limites. Il utilise un large éventail de méthodes, allant de techniques expérimentales à des compositions méticuleuses, pour donner vie à ses images. Sous son œil avisé, chaque photographie se transforme en une toile où la danse délicate du désordre et de l’ordre se déploie en une symphonie envoûtante.

Son travail transcende les contraintes de la photographie traditionnelle, offrant une perspective nouvelle et perspicace sur la relation complexe entre l’homme et la nature. À travers son objectif, les spectateurs sont invités à témoigner de la tension dynamique, découvrant la beauté dans le choc harmonieux entre le chaos et le contrôle. Ses images servent d’expédition visuelle, provoquant la contemplation de notre responsabilité partagée à l’égard de l’environnement et nous obligeant à devenir les gardiens de notre héritage collectif.

Entre les mains de Pieter Bas Bouwman, la photographie transcende ses limites habituelles pour devenir un médium puissant. Son art capture l’essence même de l’impact humain sur le monde naturel, mêlant harmonieusement le chaos et le contrôle dans une fusion fascinante qui résonne avec perspicacité et signification ».

 

Uffe Raupach 1971  (images 22-24)

L’œuvre d’Uffe Raupach est centrée sur la connectivité universelle. Il s’agit d’une odyssée personnelle et universelle de notre existence éphémère en relation avec les expériences émotionnelles profondes de l’amour, du temps et de la nature vers la paix intérieure. Plutôt que de vouloir documenter, ses photographies renvoient à des réflexions transcendantes de l’âme et à la fusion de toutes les formes de vie.

« Depuis ma plus tendre enfance, je me promène souvent sur la sauvage et magnifique côte ouest danoise. Ma famille a des liens avec cette région depuis 350 ans, et chaque fois que j’y séjourne, j’éprouve une profonde paix intérieure et un sentiment d’appartenance.

Mais il y a aussi un désir de découvrir les horizons infinis de la mer. Les éléments règnent et la nature devient vulnérable. La vie est fortement définie par les cycles et le rythme des saisons, le mouvement des marées, le vent, le soleil et la lune.

Pendant six ans, j’ai parcouru le monde et j’ai ressenti la même force brute de la nature et une douce énergie intérieure. Les gens semblent entrer en résonance avec le milieu qui les entoure, il devient un socle où ils se sentent à leur place et épanouis. N’est-ce pas ce que nous recherchons dans l’amour et dans la vie ?

Comment se fait-il que les habitats nous définissent en tant que personnes ? Inspirée par le bouddhisme et la physique quantique, j’ai réalisé que dans la nature immuable et apparente, rien n’est finalement définitif. Comment cette prise de conscience nous affectera-t-elle vraiment, nous les humains, et comment cette compréhension influencera-t-elle la façon dont nous interagissons avec la nature ?  »

Uffe Raupach est un directeur artistique et un photographe danois qui vit à Copenhague.

 

Xènia Fuentes 1981 (images 25-27)

« Pendant des années, j’ai étudié l’idée de la dualité. Que se passe-t-il lorsque la même personne se trouve devant et derrière l’appareil photo ? Celle qui est exposée et observée en même temps, le photographe et le modèle. J’ai parfois l’impression qu’à chaque prise de vue, j’essaie d’établir un dialogue avec la personne qui se trouve de l’autre côté de l’appareil photo, ou que je révèle son essence.

À partir d’une image intime, et en utilisant l’autoportrait et le nu comme genres, j’explore mon environnement le plus proche : la maison. Au jour le jour, au fil des saisons, je capture les changements subtils de l’atmosphère. J’utilise mon corps et ma féminité pour jouer avec la lumière, le mouvement, les ombres, les couleurs… Le résultat final est un univers particulier, qui séduit le spectateur avec une image qui contient un mystère et une émotion. »

 

Lieu
Keilepand,
Keilestraat 9F,
3029BP Rotterdam
www.haute-photographie.com

 

Heures d’ouverture :
– Jeudi 1er février : avant-première 15h00 – 17h00 + ouverture VIP 19h00 – 23h00 (sur invitation uniquement)

– Vendredi 2 février : 12h00 – 19h00

– Samedi 3 février : 10h00 – 19h00

– Dimanche 4 février : 10h00 – 17h00

 

John Devos
Correspondant L’Œil de la Photographie/The Eye of Photography

john.devos01(a)gmail.com

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