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Rome : Francesco Zizola : Mare Omnis

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Pensons à un palais orné de fresques du XVIIe siècle à Rome en conjonction avec quelque chose de très similaire aux constellations. C’est une intéressante harmonie contrastée entre les 22 photographies grand format de Francesco Zizola, composant l’exposition Mare Omnis, et les anciennes salles du Palazzo Borghese à Rome où elles sont mises en scène à la Galleria terrena, la Galleria del Cembalo.

Des taches brillantes et des lignes essentielles sur un fond noir dessinent des formes difficiles à interpréter. Il s’agit en effet d’engins de pêche au thon en pleine mer, photographiés avec un drone par Francesco Zizola, qui, dans ce travail, diffère fortement des images pour lesquelles il est bien connu. En effet, il documente depuis plus de trente ans les principales crises et conflits dans le monde, remportant, par exemple, 10 World Press Photo et 6 Pictures of the Year.

Les photos présentées sont des formes significatives, disons des signifiants artistiques, qui marquent le début de la pêche au thon. C’est un type de pêche qui est aussi rite et patrimoine et les engins installés par les tonnarotti – qui s’occupent de l’abattage – sont ceux qu’ils utilisent pour attraper le thon dans leur migration.

Prises à la Tonnara di Portoscuso, en Sardaigne, les images sont composées de lignes (les pointes sont des bouées et les fils sont les sommets qui fixent les parties flottantes des engins au fond marin. Ce sont des géométries fluides avec une touche d’aléatoire (les courants , le vent et les vagues, la position du drone, ne permettent pas l’immobilité du sujet, confirmant ainsi l’unicité de chaque image).

Zizola enregistre cet ancien système de pêche traditionnel d’une manière tout à fait différente. Aucune présence humaine dans ces clichés de Zizola (contrairement à ses photoreportages), ni l’agitation tragique de l’abattage des thons. Dans Mare Omnis, il n’y a que du silence, mais qui raconte la relation entre l’homme et la nature. Une relation qui se transforme en abstraction noir et blanc. Ainsi, le spectateur peut se perdre dans une sorte de désorientation perceptive. Le nom de la série Constellation, par exemple, est l’un des moyens utilisés par l’auteur pour tenter de dérouter les sens. Comme le dit Francesco Zizola à propos du sens de cette œuvre : « Elle est mystérieuse et insaisissable et ne peut être réalisée que par l’imagination et la stylisation. La photographie a pour tâche d’ouvrir de nouvelles compréhensions possibles à la complexité de la réalité ».

Les images semblent représenter des étoiles clignotant dans le ciel, bien qu’il s’agisse de grandes pêcheries de thon : (ce sont des choses qui représentent autre chose). Ce sont les nombreuses couches de sens qui composent une image photographique, y compris le sujet lui-même, ce que nous observons et ce que nous reconstruisons avec notre approche visuelle, par assonance et références.

« Je trouve plus intéressant d’utiliser la photographie pour conduire notre perception et notre esprit vers une dimension imaginaire et symbolique, capable de procéder par métaphores narratives. Et le storytelling selon moi porte sur le sens de notre être et de notre action », explique Zizola.

Paola Sammartano

Paola Sammartano est une journaliste, spécialisée dans les arts et la photographie, basée à Milan.

 

MARE OMNIS photographs by Francesco Zizola
Du 27 avril au 30 juin 2022
Galleria del Cembalo, Palazzo Borghese
Largo della Fontanella di Borghese 19, 00186 Roma
http://www.galleriadelcembalo.it

 

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