La brève épopée du Normandie, interrompue par la Seconde Guerre mondiale, a été chroniquée par le photojournaliste français Roger Schall et fait aujourd’hui l’objet d’une exposition à la galerie Argentic. Retour en arrière sur son histoire.
La Compagnie générale transatlantique et la France signent en 1912 une convention pour la mise en service avant 1932 de trois navires dont le Normandie. L’objectif était de rivaliser avec les marines britannique et allemande, qui venaient de remporter grâce au Bremen le Ruban Bleu, récompense pour le navire qui a effectué le voyage transatlantique le plus rapide et que la France n’a jamais remporté.
La Première Guerre mondiale puis la Grande dépression de 1929 vont retarder ce plan et la construction du Normandie ne commencera qu’en janvier 1931. En octobre, devant plus de 200.000 personnes dont le président Albert Lebrun et son épouse, marraine du Normandie, le navire est lancé. La construction est cependant loin d’être terminée et le bateau doit s’élancer vers l’Amérique avant son rival, le Queen Mary, alors en construction à Londres.
Le 11 mai 1935, le Normandie effectue ses premiers essais puis met immédiatement le cap sur Le Havre, d’où il doit partir quelques jours plus tard pour sa première traversée. Le paquebot est alors le plus grand bateau du monde avec ses 313 m de long, ses 12 ponts et sa vitesse maximale de 32 nœuds.
Le voyage inaugural du Normandie est prévu le 29 mai 1935 et les ouvriers s’activent jusqu’au dernier moment pour terminer les travaux de peintures et d’aménagement des cabines. À 18h30, le Normandie appareille devant une foule immense.
À bord, on dénombre exactement 1.216 personnes, dont Colette, Blaise Cendrars, la femme du président Lebrun, le maharajah de Kapurthala, ainsi que plusieurs ministres et sénateurs. Après une escale à Southampton, le Normandie file à vive allure vers New York avec l’ambition non dissimulée de ravir le Ruban Bleu. Le Normandie ne déçoit pas et avec une vitesse moyenne de 29,9 nœuds, il bat le précédent record de dix heures pour la traversée et devient le premier et le seul paquebot français à remporter le Ruban Bleu. New York est en ébullition et les médias retransmettent la nouvelle dans le monde entier.
Le Normandie continuera d’effectuer avec succès de nombreuses traversées jusqu’en 1939, mais après la déclaration de guerre le 3 septembre, il n’est plus question pour le paquebot de traverser l’Atlantique où il se trouverait à la merci des sous-marins ennemis. Il est désarmé le 6 septembre à New York et une grande partie de son équipage est rapatriée en France. L’entrée des Etats-Unis dans le conflit entraîne la réquisition du navire en avril 1941. Des travaux sont effectués pour transformer le paquebot de luxe en transporteur de troupes. Le mobilier et la décoration sont évacués. Malheureusement, durant l’aménagement du grand salon, un incendie se déclare, les secours arriveront trop tard pour sauver le bateau qui chavire définitivement le 10 février 1942.
Roger Schall, Normandie
Jusqu’au 15 octobre 2016
Galerie Argentic
43 Rue Daubenton
75005 Paris, France
http://www.argentic.fr