Depuis que la fondation Mapplethorpe a cédé en 2011 les archives de l’artiste américain Robert Mapplethorpe (mort du SIDA en 1989) à deux institutions – respectivement le J. Paul Getty Museum et le Los Angeles County Museum (LACMA) – , un événement majeur se faisait attendre. C’est désormais chose faite avec deux expositions qui ont débuté en mars dernier au sein des deux musées, l’une étant une rétrospective de la carrière de Mapplethorpe et l’autre révélant ses archives personnelles.
The Photographs, le livre associé à la rétrospective présentée au Getty Museum et introduit par des textes signés des conservateurs Paul Martineau et Britt Salvesen, est une énième invitation à découvrir (ou redécouvrir) les plus célèbres images du photographe controversé qu’il était. Celles qui dépeignent ses obsessions pour la sexualité, ses provocations, sa vision pornographique, ses amis célèbres ou ses histoires d’amour ou d’amitié, son classicisme et son sens esthétique appliqué en particulier aux portraits. On y retrouve la plupart des œuvres qui ont fait sa renommée, les brûlantes comme les délicates, et elles restent de magnifiques images à toucher du regard.
Mais pour le grand public, ce livre renferme – en compagnie d’écrits riches sur l’œuvre, les méthodes, les influences et la place de l’artiste dans l’histoire de l’art – une sélection de photographies plus ou moins insoupçonnées. Parmi elles, on peut extraire celles qui dépeignent des objets ou des paysages, notamment des bouquets de fleurs (Tulips, NYC, 1977 ou Carnation, NYC 1978, entre autres), un drapeau américain (American Flag, 1977), une photo de plage (Waves, 1980), un gigantesque bout de roche sorti de l’océan (Mountain, 1983), un billet d’un dollar (Dollar Bill, 1987), ou cette photographie d’un navire de guerre qui contraste avec le style et les sujets habituels de l’artiste (Coral Sea, 1983). Parsemées ici et là au fil de l’ouvrage, ces images surprennent par leur formalisme et leur convenance avec une réalité que le photographe avait souvent à cœur de mettre en scène et d’esthétiser. Elles tendent de façon étrange à bercer par la tranquillité qu’elles dégagent, comme des respirations au milieu d’une marée d’artisme, qui en général, chez Mapplethorpe, submerge aussi bien le cœur que la conscience.
En épilogue du catalogue, de longs essais qui ont été consacrés au photographe par des spécialistes sont mis bout à bout, dont celui de Richard Meyer explorant l’imagination pornographique de Mapplethorpe, celui de Philip Gefter détaillant sa sensibilité homosexuelle et la relation qui l’a uni au collectionneur Sam Wagstaff, celui de Carol Squiers sur la centralité du portrait et de l’autoportrait ou encore celui de Ryan Linkof sur l’influence de la mode et du fétichisme dans l’œuvre du photographe. Ils forment ensemble l’un des principaux attraits de cet ouvrage. On y retrouve notamment des éléments de la panique politique que Mapplethorpe a provoquée dans les années 1980, des anecdotes sur sa vie au Chelsea Hotel ou sa première rencontre avec la pornographie masculine à Time Square (New York) lorsqu’il était adolescent. Au delà de son caractère rétrospectif et compilateur d’images, Robert Mapplethorpe, The Photographs est un ouvrage à posséder pour ses quelques particularités, son abondance de détails et les innombrables analyses qu’il contient.
LIVRE
Robert Mapplethorpe, The Photographs
Par Paul Martineau et Britt Salvesen
Avec les textes de Philip Gefter, Jonathan D. Katz, Ryan Linkof, Richard Meyer, Carol Squiers
J. Paul Getty Museum
340 pages, 9.5 x 12 inches
241 color illustrations
ISBN 978-1-60606-469-6, Hardcover
US $59.95 T [UK £40.00]
EXPOSITIONS
Robert Mapplethorpe, The Perfect Medium
• Du 15 mars au 31 juillet 2016
The J. Paul Getty Museum, Getty Center
1200 Getty Center Drive
Los Angeles, CA 90049-1687
Etats-Unis
http://www.getty.edu/museum/
• From March 20th to July 31st, 2016
The Los Angeles County Museum Of Art (Lacma)
5905 Wilshire Blvd
Los Angeles, CA 90036
Etats-Unis
http://www.lacma.org