Rechercher un article

Raymond Depardon

Preview

Dans son court et sublime film noir et blanc New York, NY (1986), Raymond Depardon raconte en voix off dans un rythme qui sonne comme des vers :

« J’étais venu à New York pour tourner un film
De loin, cela me paraissait évident
Tous les jours à la meme heure, je sortais avec ma caméra
C’était l’hiver, les jours tombaient de bonne heure
La lumière m’échappait chaque soir, engloutie par la nuit
Je m’arrêtais dans un café
Je regardais la rue, les gens qui rentraient chez eux après le travail
Puis je retournais à ma chambre d’hôtel
Je n’arrivais pas à filmer cette ville
Elle était trop forte, ma pensée était ailleurs
Les jours passaient, je n’avais plus de pellicule
Je suis rentré à Paris, et j’ai oublié ce film »

C’est un peu l’histoire des images exposées en ce moment à l’espace Jorg Brockmann, en Suisse : en 1980, Raymond Depardon s’est rendu à New York avec une amie. Chaque jour, il prenait son appareil, l’enfilait autour du cou et photographiait sans pointer, depuis sa poitrine, au fil de ses errances journalières. Il est rentré a Paris, et il a oublié ces pellicules.

Il les développera 27 ans plus tard, images impulsives et résolues qui rappellent une époque esthétique pour la photographie comme pour la mode, avec ses fourrures serrées, jeans et chapeaux en tout genre, ses tenues qui évoquent en filigrane un courant musical, jumper à capuche de hip hop et crêtes New Wave. Et si ce n’est pas assez d’indices, les voitures plantent le décor, avec leurs carrosseries mates et leurs lignes droites.

C’est le New York des années 80, et c’est le Depardon de l’année 80. Il venait d’intégrer Magnum, de publier Notes et n’avait pas encore entamé La Correspondance new yorkaise pour Libération. Pourtant, il photographie tous les jours, comme un préliminaire à ce qu’il entretiendra l’année suivante avec Christian Caujolle et que le responsable photo de Libération appelera « tenir le carnet de bord d’un reportage lointain ». C’est Depardon faisant de la rue un terrain de vie autant que d’expérimentation, calquant ses clics sur les claquements de ses pas et faisant des photographies comme des clins d’œil.

Raymond Depardon: New York
Jusqu’au 15 mai 2014
Espace Jörg Brockmann
32, rue des Noirettes, studio 526
1227 Carouge-Switzerland
Suisse
Tél. : +41 79 668 67 32
http://www.espacejb.com

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android