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Quoi de neuf, Hiền Hoàng? Interview par Nadine Dinter

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Hiền Hoàng a été ma découverte numéro un cette année. En déambulant dans le festival des Rencontres d’Arles en juillet, je suis entrée dans l’Église des Frères Prêcheurs, l’un des lieux principaux, où j’ai été immédiatement captivé par sa puissante installation Across the Ocean. Audacieuse en apparence mais subtile dans son contenu et son message, le travail de Hoàng fait forte impression, et elle a bien plus à faire. Avec deux expositions à venir à Budapest et Hambourg, nous en avons profité pour la rencontrer et faire le point.

 

Nadine Dinter : Depuis que vous avez emménagé en Allemagne, votre travail a acquis une reconnaissance internationale avec des expositions dans le monde entier. Quel a été votre parcours artistique et personnel jusqu’à présent ?

Hiền Hoàng (HH) : C’est exact. Cela a été une période de croissance et d’exploration formidable pour moi artistiquement. J’ai eu le privilège d’exposer mon travail à l’international, ce qui m’a exposé à diverses perspectives et cultures. J’ai pu expérimenter différentes approches artistiques, notamment à travers la photographie, le cinéma, la performance et les médias numériques. Sur le plan personnel, ce voyage a été un voyage d’adaptation, d’apprentissage et de découverte de soi dans un nouvel environnement.

 

2023 a été une année chargée pour vous, avec l’exigence d’un grand événement estival, ainsi que deux autres expositions en octobre. Comment vous sentez-vous en ce moment ?

HH : En ce moment, je ressens un mélange d’excitation et d’anticipation. Il y a un sentiment d’épanouissement à voir des mois d’efforts créatifs prendre forme. Mais il y a aussi une pointe de nervosité, car je souhaite que chaque projet transmette efficacement son message et trouve un écho auprès du public.

 

Cet été aux Rencontres d’Arles, votre travail Across the Ocean vous a valu une nomination au prestigieux Prix Découverte Louis Roederer. Comment cette opportunité s’est-elle présentée et qu’est-ce que cela vous a fait de participer à l’un des festivals de photographie les plus anciens et les plus estimés au monde ?

HH : Présenter mon travail Across the Ocean au célèbre festival des Rencontres d’Arles cet été a été une expérience vraiment phénoménale. La collaboration avec Tanvi Mishra, une conservatrice dotée d’une immense expertise, ainsi qu’avec l’équipe hautement professionnelle du festival, a fait partie intégrante de la concrétisation de ma vision. Leur dévouement à l’art et leur soutien ont rendu ce voyage encore plus mémorable. De plus, c’était particulièrement significatif pour moi car j’avais assisté à ce festival il y a à peine huit ans en tant que visiteur. Que mon travail soit présenté dans le programme principal et nominé pour le prix, c’était comme une boucle bouclée et un honneur absolu.

 

Votre installation immersive a obtenu la meilleure et la plus importante place à l’intérieur de l’Église des Frères Prêcheurs, à mon avis. L’ouvrage soulève de profondes questions sur les stéréotypes et le rôle des femmes dans la société. Avez-vous intégré certaines de vos propres expériences dans cette pièce ? L’installation a-t-elle suscité des conversations significatives entre vous et les visiteurs ?

HH : Dans mon installation à l’Église des Frères Prêcheurs, j’avais pour objectif de provoquer une réflexion sur les clichés répandus et les rôles assignés aux femmes dans notre société. Ce travail était profondément personnel, car il s’appuyait sur mes propres expériences et observations, y compris mon parcours en tant qu’immigrante essayant de m’intégrer et d’intégrer mon identité dans une nouvelle culture. En tant que Vietnamienne vivant en Allemagne, j’ai été victime de discrimination verbale et même d’une altercation physique. La douleur physique et psychologique que j’ai ressentie, ainsi que les enseignements de mes recherches, m’ont guidé dans la traduction de ces expériences dans le mouvement et les formes de mes œuvres, en particulier la destruction et la déformation du plexiglas, ainsi que l’acte d’étouffement dans la vidéo de performance.

J’ai cherché à remettre en question les stéréotypes et à m’en libérer à travers mon art. Il est intéressant de noter que les gens ont trouvé les formes détruites et la représentation de la suffocation intriguantes, les incitant à explorer mes œuvres et à s’intéresser au message sous-jacent. La nature tangible et transformatrice de mon travail a servi de pont, permettant au public de se plonger dans les messages plus profonds que j’essayais de transmettre.

 

Votre prochaine œuvre, The Treescape Installation: A Walk between Suffering, Dreams and Desire, devrait être exposée dans l’un des plus grands parcs de Hambourg, Planten un Blomen. Qu’avez-vous l’intention de présenter et de transmettre, et qu’est-ce qui a inspiré ce projet ?

HH : L’Installation Treescape à Planten un Blomen marque la première de mon dernier projet, Scent from Heaven. Mon inspiration vient principalement de la relation complexe des humains avec la nature, explorant la manière dont nous recherchons la protection, la rédemption et même la destruction au sein du monde naturel.

Mon objectif est de mélanger harmonieusement l’art et la nature, en créant un récit immersif qui encourage la réflexion sur la complexité des émotions humaines et notre lien avec l’environnement. Dans cette installation, je compte mettre en lumière le bois d’agar, un bois rare et précieux au coût élevé : il est né de la souffrance de l’arbre Aquilaria. Je souhaite utiliser l’histoire du bois d’agar comme point de départ d’un dialogue sur la nature éphémère des rêves humains et des désirs de salut ou de statut, parfois au détriment des souffrances de la nature.

Pour donner vie à ces idées, je projetterai des vidéos et des performances à travers les arbres de Planten un Blomen. Le parc convient particulièrement à Scent from Heaven car il a lui aussi une histoire de destruction et de renaissance. Ce lien entre l’histoire du parc et mon projet ajoute de la profondeur au récit global.

 

Vos œuvres combinent souvent une esthétique belle et poétique avec un contenu stimulant et controversé. Quelle est votre approche pour mélanger les mythes et les rêves avec les dures réalités ?

HH : Je crois que les mythes et les rêves sont à la fois un reflet et une extension de la réalité. Souvent, la vérité peut être dure et douloureuse, et nous utilisons des mythes pour la dissimuler et l’édulcorer. Cependant, les mythes et les rêves ont également le potentiel de révéler la vérité. Ce que je trouve vraiment beau, c’est que les mythes ne cachent pas seulement la vérité ; ils lui permettent de toucher un public plus large. À côté de la vérité, les mythes véhiculent tout un spectre d’émotions : le regret, la tristesse et la colère, mais aussi l’espoir et la croyance.

Dans mon approche artistique, je combine des mythes, des rêves et des vérités frappantes pour faire ressortir la complexité des émotions et les nombreuses couches d’un sujet au public. Je crois que ce qui nous relie le plus profondément n’est pas seulement la vérité, mais aussi les émotions et les rêves que les mythes véhiculent depuis toujours. Mon travail sert de vaisseau pour découvrir ces émotions complexes et ces facettes du sujet.

 

Après Hambourg, vous aurez une exposition à Budapest au Centre de Photographie Contemporaine Robert Capa. Quel est le concept derrière votre prochaine installation VR, Scent of Heaven ? Quel type d’expérience les visiteurs peuvent-ils attendre de ce projet ?

HH : L’installation VR au Capa Center est une extension spéciale de mon projet Scent from Heaven. Cette présentation met en lumière le concept de voir et de ne pas voir, semblable à la douleur cachée des arbres. Souvent, nous ne percevons pas la souffrance d’un arbre, mais nous voyons et désirons le bois d’agar, un produit né de cette douleur. Pour transmettre cela, je prévois de créer une installation en deux parties : l’une dans le monde physique et l’autre dans le monde virtuel. Dans l’ensemble, ce sera un jardin d’absurdité, à la fois chargé de douleur et de nature, bien qu’avec une apparence quelque peu déformée et déformée. De plus, j’afficherai des images intérieures du bois d’agar générées par tomographie informatique.

 

Comment préparez-vous vos grandes expositions ? Avez-vous une équipe ou un assistant ? Qu’est-ce qui inspire votre créativité – la musique, la nature ou autre chose ?

HH : J’ai le privilège de collaborer avec un groupe diversifié d’artistes, d’assistants et, pour Scent from Heaven, également avec des scientifiques. Ces collaborations ont contribué à élargir mes horizons et à enrichir mon développement artistique. Trouver les bonnes personnes qui correspondent à mon travail a été vraiment gratifiant.

En ce qui concerne ce qui me met d’humeur créative, je trouve l’inspiration dans la réflexion et le dessin. Chaque fois qu’une idée me vient, je l’esquisse immédiatement et je continue de l’affiner. Quand il s’agit de musique, je l’écoute généralement pendant que je travaille physiquement sur les objets d’art dans mon studio. La musique instrumentale constitue souvent une toile de fond appropriée, mais j’aime aussi écouter de la musique pop et expérimentale. J’aime la structure en constante évolution de la musique.

 

Votre Vietnam natal est-il une source d’inspiration pour vous ?

HH : Je trouve l’inspiration en visitant le Vietnam, en renouant avec la scène artistique locale et en rechargeant mes énergies créatives. La culture dynamique et le riche savoir-faire du Vietnam offrent de nouvelles perspectives qui influencent mon travail à mon retour.

 

Quel message aimeriez-vous faire passer au monde de l’art et à vos confrères artistes ? 

HH : Je suis encore une artiste relativement jeune au début de ma carrière et je pense que j’ai beaucoup à apprendre et à explorer. Même si, à ce stade, je ne suis peut-être pas en mesure de partager des idées approfondies avec le monde de l’art ou d’autres artistes, j’ai un message pour mon moi plus âgé, qui était jeune, inexpérimenté et incertain. Je dirais que malgré les défis et les difficultés, il est important de croire au voyage de connexion avec l’univers, l’essence de l’art et de l’humanité. Ces luttes font partie du processus de transformation et constituent un tremplin vers une compréhension plus profonde.

 

Merci, Hien, pour ces excellentes idées !

 

Expositions à venir et en cours :
13 octobre 2023
au Centre de photographie contemporaine Robert Capa, Budapest
Jusqu’en janvier 2024

17 – 24 octobre 2023
à Planten un Blomen, Hambourg
* Avec le soutien du ministère de la Culture et des Médias de Hambourg, de la Kunstfond Stiftung et de Trevisa CS.

Pour plus d’informations, consultez www.hien-hoang.com et le compte IG de l’artiste @hiennhoangg

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