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Planche(s) Contact 2015 : Interview de Philippe

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Philippe Normand est le nouveau directeur artistique du festival Planche(s) Contact de Deauville. Il n’est pas pour autant un « débutant » dans la cité puisqu’il en assure la coordination depuis sa création et qu’il est en charge des projets photographiques de la ville depuis 2006. Il organise et assure le commissariat de différentes expositions, en puisant dans la mémoire photographique de la ville car Deauville a depuis toujours fasciné les auteurs de Jacques-Henri Lartigue à Yul Brynner et continue aujourd’hui de susciter des explorations visuelles.
C’est en dirigeant la communication de la compagnie de danse du chorégraphe Jean-Claude Galotta au milieu des années 80  et au gré des tournées qu’il découvre les grandes institutions photographiques de New York, Stockholm, Tokyo, Londres où il acquiert une solide culture personnelle. Il initie dès cette période des collaborations photographiques avec des artistes et auteurs repérés au fil de ses rencontres et voyages.
Rencontre avec ce passionné d’images

L’Oeil de la Photographie : Vous êtes le nouveau directeur artistique du Festival Planche(s) Contacts. Quelle est la spécificité de ce festival?

Philippe Normand : Planche(s) Contact est un festival de créations photographiques qui présente des expositions totalement inédites puisque la thématique est « Les identités d’une ville révélées par les photographes ». Planche(s) Contacts associe et rassemble ceux qui l’interrogent et la restituent, qu’ils soient maitres de la photographies, comme Massimo Vitali ou Philippe Ramette, les années précédentes, talents émergents, étudiants d’écoles européennes de photographie ou amateurs.
Toutes les expositions sont libres d’accès.

Le festival s’articule autour de 4 pilliers suivants: les commandes photographiques que la ville de Deauville passe à 7 photographes reconnus ou émergents, et qui sont invités en résidence de création. La résidence photographique qui accueillent 10 étudiants de 3 écoles européennes de photographie. Ils participent au concours photographique de la fondation Louis Roederer . Le concours de la 25e heure (250 participants en 2014) durant la nuit du passage à l’heure d’hiver, un véritable rendez-vous festif et participatif ouvert à tous. Enfin le festival Off, créé il y a 3 ans et ouvert à tous les photographes
qui résident une partie de l’année à Deauville ou dans ses environs.
ODLP : Comment avez-vous élaboré cette 6e édition? 

PN : Par des coups de cœurs et des mises en adéquation.
Le festival fonctionne et se construit sur des mises en correspondances qui reposent à égalité sur la connaissance de la photographie et sur l’identité de Deauville.
La ligne artistique se décline ensuite par la rencontre de l’imaginaire et de l’univers d’un photographe avec une facette de Deauville, que je connais bien.

Je pars de mes coups de cœurs et des photographes dont j’aime la restitution et les interprétations du réel, en les projetant sur les multiples identités de Deauville que j’explore culturellement et sociologiquement depuis 10 ans.

C’est un exercice de style, de réelles mise en correspondances qui déclinent et commentent ce qui constitue l’identité multiple d’une ville.
Il nous importe de concilier au-delà des univers photographiques, des sujets à explorer et inviter un ensemble d’esthétiques photographiques: Reportage, portraits, photographie plasticienne,  mises en scènes et recompositions, fictions photographiques,…

ODLP : Quels sont les critères de sélection des projets, à quelle thématique répondent-ils?

PN : Plus que des critères, je privilégie des pistes qui s’ouvrent et des rencontres, nourries par mon intérêt pour un artiste.
Par exemple, en travaillant sur un reportage oublié de Robert Capa à Deauville j’ai découvert, il y a 3 ans dans le fond de Magnum quelque photographies réalisées 15 ans plus tard par Bruno Barbey, en 1966. de la découverte de ce reportage quasiment inédit,  m’est venue l’envie de rencontrer Bruno Barbey (qui préparait sa rétrospective de la MEP), d’en faire une sélection et de l’inviter 50 ans plus tard à revenir photographier la même ville. Nous avons alors imaginer ensemble une exposition qui joue sur les parallèles, les similitudes, les prolongements et les évolutions de Deauville à 50 ans d’écart.

Autre déclic : J’aime et suis attentif depuis 1986 aux créations de Brian Griffin. C’est un portraitiste qui me fascine. Il est pour moi héritier de Philippe Halsman, de Rodtchenko et de Jacques Tati.
L’inviter à Deauville supposait de lui proposer un projet, un sujet qui soit en phase avec son écriture photographique. Je l’ai invité à photographier un groupe de 20 personnalités vivant à Deauville, pour réaliser dans la tradition des commandes de portraits officiels  une série décalée de portraits d’une assemblée peu connue de Deauville que l’on appelle : Le Conseil des Sages.
ODLP : C’est un beau challenge de reprendre les rênes d’un festival qui a su trouver sa place dans le panorama des festivals photo. Quelles évolutions souhaitez-vous lui impulser?

PN : Plus qu’un défi, reprendre la direction artistique de ce festival, que j’accompagne depuis sa création, donne envie lui rester fidèle tout en le faisant évoluer.
Evoluer sur sa thématique et sur de nouvelles explorations ou sujets. Ce festival qui se fonde sur des commandes et des  résidences photographiques doit aussi accueillir de nouvelles esthétiques photographiques et permettre des temps d’échanges et de rencontres entre les photographes et les visiteurs. Avant de concrétiser des évolutions dans sa structure et dans son offre artistique on se doit aussi, et sans attendre davantage, ménager des temps de sensibilisations et de partage avec les jeunes collégiens et lycéens.
ODLP : Bruno Barbey, Marion Poussier, la chinoise Wang Lin entre autres figurent sur la programmation du festival cette année. Comment avez-vous organisé le dialogue photographique entre des démarches si différentes?

PN : Même si le portrait et l’autoportrait sont présents dans 4 des 7 commandes photographiques de cette édition 2015, la ligne artistique de Planche(s) contact est de rassembler sur un sujet qui ne s’épuise pas, un ensemble d’esthétiques photographiques diverses et représentatives des principaux courants de la photographie.
Le dialogue photographique s’organise et tisse des liens d’une édition sur l’autre.
Les deux reportages à 50 ans d’écart de Bruno Barbey arpentent les lieux explorés par Lars Turnbjork en 2011 et qui nous a quitté cette année. Les portraits des joueurs de polo réalisés en 2015 par Meyer, font échos aux portraits de jockeys que Charles Fréger avait réalisé en 2010. Wang Lin en 2015 va être découverte par les visiteurs qui avaient suivi les auto- mises en scènes photographiques de Kourtney Roy. Corinne Mercadier investit la plage en 2015 avec des mises en scènes poétiques qui font échos aux installations surréalistes de Philippe Ramette présentées l’an dernier.
·  Au regard des productions réalisées, quelle est votre coup de cœur ?
Il y en a plusieurs. J’aime beaucoup ce que Corinne Mercadier, tout en restant fidèle à sa démarche, a su composer: une série remarquable qui aborde Deauville comme un décor nocturne, onirique et lunaire. La mise en correspondance des photos de Bruno Barbey est pour moi aussi un parcours qui va réjouir les visiteurs. Dans le registre du portrait, Brian Griffin a eu une audace et un parti pris que j’adore. Marion Poussier et Meyer ont réussis de belles révélations des adolescents de Deauville et de ses joueurs de polo…
ODLP : Chaque année se croisent les regards d’artistes établis avec ceux de jeunes étudiants. Est-ce une façon de créer un passage de témoin entre les générations?

PN : Oui c’est à la fois une opportunité de rencontres et d’échanges entre photographes reconnus et en devenir mais c’est aussi pour les 10 étudiants venus de 3 écoles européennes une formidable occasion de se fédérer en participant individuellement et collectivement à une commande commune. La chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker qui dirige  P.A.R.T.S, une école de formation de danseurs à Bruxelles, souligne souvent que le propre des écoles ou des stages est de fédérer les artistes dans le dialogue et dans la prospective de préoccupations et projets qui leurs sont communs.
ODLP : Quelles seront les nouveautés du festival cette année et quel en sera le parcours?

PN : Jusqu’alors Planche(s) Contact qui dure six semaines ne connaissait qu’un temps fort : le week end du vernissage. En 2015 il y aura un événement chaque week-end et sur toute la durée du festival. Il y aura en particulier un cycle de rencontres et de signatures avec quatre des photographes invités. Il y aura aussi un cycle de visites commentées, un cycle d’action de médiation pour les collégiens et les lycéens et deux stages de prises de vue.

FESTIVAL
Planche(s) Contact
Du 17 octobre au 29 novembre 2015
Ville de Deauville
France
http://www.deauville-photo.fr

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