Fraichement arrivé à Paris, j’ai rencontré Pierre de Fenoÿl en 1970. Quelqu’un à qui j’ai montré mon portfolio m’avait envoyé le voir. J’avais 26 ans et Pierre 25. Je le prenais pour un homme plus âgé, avec sa belle cravate, son costume élégant et son gros cigare. On s’est bien plu mutuellement tout de suite, et on est devenus amis intimes.
Pierre avait un des meilleurs regards sur la photographie que j’avais jamais rencontré. Il comprenait la photo, il la sentait, il l’aimait. Je n’ai pas la moindre idée sur la source de sa passion et de son talent; il n’est pas sorti d’un milieu spécialement tourné vers la photographie, ou l’art en général. Il avait travaillé dans les archives de Magnum, surtout avec les images de Cartier-Bresson, une expérience qui a sûrement aidé son développement. Il prenait également des photos lui-même, plutôt bonnes, sur lesquelles il n’avait aucune prétention.