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Photo London : La photo, dernier bastion des galeries

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Ces derniers temps, les maisons de ventes aux enchères semblent rafler la mise sur tous les tableaux. Un nouveau record pour une œuvre d’art vendue aux enchères a été battu à New York il y a dix jours lorsque Les femmes d’Alger, un tableau de Picasso peint en 1955, s’est vendu  pour la bagatelle de 179,36 millions de dollars à l’ex-Premier ministre qatari Hamad Ben Jassem. En moins de cinq jours, Christie’s et Sotheby’s ont engrangé près de 2 milliards 200 millions de dollars, un autre record.

Il y a quelques semaines, alors que je proposais à un grand collectionneur suisse un très beau tirage de Siskind pour compléter sa collection expressionniste abstraite, je m’entendais répondre: « la photo n’est pas de l’art ». Et pourtant, fait remarquable pour les amateurs de photo du monde entier, Looking Forward to the Past, la vente historique qui rassemblait trente-cinq chefs d’œuvres de l’art impressionniste, moderne et contemporain au Rockefeller Plazza lundi 11 mai, ne présentait pas que des toiles, des sculptures et dessins. Un cliché de Diane Arbus, Child with a toy hand grenade in Central Park, NYC, 1962 et un autre de Richard Prince, Untitled (Girlfriend), 1993* s’étaient glissés parmi les Schiele, les Monet, les Giacometti et les Rothko.

La frontière qui a trop longtemps séparé le huitième art des autres serait-elle en train de céder ?

Mais si certains rares clichés se retrouvent désormais dans les grandes ventes d’art contemporain, ceux qui étaient proposés dans les traditionnelles ventes de photo de Londres chez Christie’s, Sotheby’s et Phillips la semaine dernière paraissaient de qualité bien faible. La maison Phillips, qui surpasse sans nul doute ses concurrentes dans le domaine, a beau s’enorgueillir d’avoir établi deux nouveaux records le 21 mai (pour Herb Ritts et Pieter Hugo), ce qu’elle présentait dans ses superbes locaux de Berkeley Square faisait pale figure à côté de ce qu’on pouvait admirer à la Somerset House dans le cadre de Photo London.

Jacques-Henri Lartigue, Walker Evans, Robert Frank, Edward Steichen, Alfred Stieglitz, Paul Strand, Bill Brandt, Man Ray, Horst P. Horst, Eliott Erwitt, Irving Penn, Henri Cartier-Bresson, Diane Arbus, Robert Mapplethorpe, Josef Koudelka, Berenice Abbott, Saul Leiter, Herb Ritts, Richard Avedon, Steven Klein, Peter Beard, Sugimoto, Araki, Chuck Close, Seydou Keita, Martin Parr, Sebastião Salgado, Shadi Ghadirian… En voilà un « line-up » qui ferait rêver les spécialistes de toute grande maison de ventes aux enchères -surtout que les tirages réunis étaient pour la plupart d’époque, à contrario de ceux qui étaient montré dans les salles de ventes de Mayfair.

Du côté du très contemporain, il faut aussi saluer l’initiative menée de Michael Benson et Fariba Farshad, le tandem à la tête de l’agence de production culturelle Candlestar qui a relancé Photo London après huit ans d’absence*. Car les directeurs de la foire ont non seulement su séduire les très respectés Howard Greenberg et Edwynn Houk mais réussi à faire venir de jeunes loups aux propositions séduisantes et pointues comme Roman Road et Scheublein + Bak.

Preuve est faite que s’il y a bien un art dans lequel les maisons de ventes sont beaucoup plus pauvres que les galeries, c’est bien la photo !

* Diane Arbus, Child with a toy hand grenade in Central Park, NYC, 1962 et un autre de Richard Prince, Untitled (Girlfriend), 1993  se sont réciproquement vendus pour 785 000 et 833 000 dollars.
** La dernière édition de la foire avait été un échec et Reed Expositions, les propriétaires de Paris Photo et de la FIAC qui opéraient à l’époque Photo London avait préféré jeter l’éponge.

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