Du 5 novembre 2022 au 29 janvier 2023 au musée Photo Elysée à Lausanne, est exposée une vaste sélection de tirages issus des archives du photographe tchèque Josef Koudelka. Retour sur une rétrospective aussi complète qu’instructive sur le travail de cet éternel nomade et conteur d’images.
Conçue par le commissaire d’exposition Lars Willumeit en étroite collaboration avec Josef Koudelka et sa fondation, cette exposition est dédiée à son œuvre photographique de 1960 à 2012. Au total, ce sont plus de 30 000 planches-contacts 35mm qui ont été parcourues, décortiquées, commentées, étudiées. Cela grâce au travail minutieux de Josef Koudelka qui dès le début de son activité, a saisi l’importance de l’archive et de la conservation en photo.
« Laisser une trace », « garder en mémoire », ces formules vont de pair avec l’essence même du métier de photographe, qui nécessite néanmoins une méthode et des moyens pour les mettre en place. Annotés de couleurs respectant un code établi par le photographe, ces tirages sont autant de témoignages de l’Histoire que le photographe a traversé qu’une introspection de la notion même d’exil, de voyage et de mouvement perpétuel.
Baptisé « Ikonar » (faiseur d’images) par les communautés roms qu’il a commencé à photographier dès les années 1960, Josef Koudelka est aujourd’hui reconnu pour son travail photographique (il est membre de l’agence Magnum depuis 1971) mais aussi pour la vaste bibliographie qui accompagne ses différentes séries.
Présentée en trois parties, l’exposition nous montre combien le photographe a passé la majeure partie de sa vie sur les routes, par choix et par obligation. D’abord pour les séries sur les communautés roms, puis en 1968 à Prague où il immortalise en images l’invasion russe sous le pseudonyme « P.P » (pour « Prague photographer ») par peur des représailles.
Exilé en Angleterre, Josef Koudelka parcourt ensuite l’Europe puis le Moyen-Orient jusque dans les années 1990, où sa série accompagnée du livre « Wall » sur le mur séparant Israël de la Palestine sera remarquée.
Sans discours politique ni attachement social, Josef Koudelka montre à travers son travail à quel point archiver l’image, la conserver par les livres n’est pas tant une question de faire perdurer que de garder une trace de ce qui disparaît, évolue ou change de visage.
L’artiste invite à se souvenir, et c’est sans nostalgie qu’il affirme lui-même « collectionner ses images », comme il prenait en photo chaque endroit où il dormait.
Une exposition à ne pas manquer dans un tout nouvel écrin architectural, au cœur de Plateforme 10, le quartier qui réunit désormais les musées de Lausanne.
Marie Pellicier
En parallèle de l’exposition :
Catalogue d’exposition Josef Koudelka. Ikonar. Constellations d’archives / Archival Constellations
Photo Elysée / Editions Noir sur Blanc, Lausanne & Spector Books, Leipzig.
Relié, 262 pages
Version française et anglaise
Disponible en librairie et en ligne