Pause déjeuner

C’est l’une des plus séduisantes expositions en cours, mais personne n’en a parlé !

Elle s’intitule Pause Déjeuner.

Sa commissaire est Pascale Giffard .

Elle la présente ainsi :

Avec son Déjeuner sur l’Herbe (1863), Édouard Manet introduit, non sans provocation manifeste, la peinture dans une ère nouvelle : sa manière de peindre la vie coutumière rompt avec les codes classiques. Le modernisme pictural est suivi de près par le développement rapide de la photographie, qui se voit bouleversée par l’arrivée du petit appareil léger et peu encombrant fabriqué par Leica dans les années 1930. Croquer la vie quotidienne devient chose facile, à tel point que certains, se laissant guider par leur curiosité et leur créativité, vont en faire leur activité principale et devenir les photographes célèbres que nous connaissons aujourd’hui : Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Jacques Henri Lartigue, Marc Riboud et plus récemment Martin Parr.

Une fois n’est pas coutume, nous convoitons en amuse-bouche la cerise sur le gâteau. Nous sommes invités à passer à la table des célébrités qui, à l’instar de Marilyn Monroe ou d’Alfred Hitchcock, offrent au repas de milieu de journée ses lettres de noblesse, passant à nos yeux d’une pause ordinaire à un moment d’exception.

Tout comme les photographes eux-mêmes, nous partons ensuite en voyage à travers le monde, à la rencontre d’ouvriers, employés, salariés déjeunant sur leur lieu de travail ou dans des cantines d’entreprises. Nous plongeons dans la frénésie des villes ou la tranquillité des villages et surprenons des personnes attablées ou, au contraire, grignotant sur le pouce d’un pas pressé, s’exposant ainsi aux yeux de tous. Enfin, nous rentrons dans l’intimité familiale et amicale, dans une maison ou lors d’un pique-nique, nos yeux passant avec pudeur et curiosité d’une scène de vie à une autre.

Depuis les années 1980, avec l’arrivée de la junkfood, les nouveaux comportements alimentaires ont donné lieu à une nouvelle photographie, miroir peu flatteur de nos sociétés consuméristes. Martin Parr et Marcos López, bien que très différents dans leurs écritures photographiques, n’ont pas leur pareil pour nous donner leurs visions cinglantes mais néanmoins pleines d’humour des modes de vie populaires, à travers une esthétique ultra colorée.

L’exposition présente une sélection de photographies provenant de fonds multiples, faisant se rencontrer les images de photographes de renom, celles de photographes régionaux, également le travail d’anonymes dont les clichés sont précieusement gardés au sein des Archives départementales des Bouches-du-Rhône et des Archives municipales de Marseille.

Dans un quotidien inondé d’images, mises en abîme boulimiques de notre propre quotidien, que cette exposition vous apporte de quoi satisfaire votre appétence pour la lenteur et votre appétit pour la photographie.

Pascale Giffard

Commissaire d’exposition

Prêteurs et sources :

Magnum Photos

Fondation Henri Cartier-Bresson

Association Les Amis de Marc Riboud

Donation Jacques Henri Lartigue

Agence Rapho-Gamma-Keystone

Marcos López Studio

Archives départementales des Bouches-du-Rhône

Archives municipales de Marseille

Collection du Centre Pompidou / Réunion des Monuments nationaux