Do Not Forget Me emprunte son titre à une nouvelle d’Alexander Kluge (Cinema Stories, 2007) sur le désir d’un acteur allemand d’être aimé et n’être pas oublié. La couleur tamisée touche les objets qui ont fait naître des souvenirs impérissables: des caméras recouvertes de tissus délavés, des échelles bien usagées, des restes d’une industrie autrefois grouillante laissée dans la poussière. Les photographies de Raman de ces objets, de ces outils et de ces espaces qui ont jadis rendu l’imaginaire visible, servent de dispositifs mnémoniques qui suscitent des anecdotes et des souvenirs de l’histoire du cinéma indien.
Dans la Caméra Manik-da, il semble y avoir trois caméras flottantes enveloppées dans un voile obtenu en utilisant le filtre multiplicateur d’image du kit de la caméra flottante. Ces filtres étaient autrefois populaires pour représenter des séquences de rêve fantastiques dans des films indiens. Satyajit Ray, le célèbre cinéaste, était connu parmi ses amis et des gens de l’industrie du cinema sous le nom de Manik-da. La caméra avec laquelle il a filmé était à jamais connue comme cette caméra. Comme dans les séries photographiques passées, Raman applique son exploration de la temporalité, de l’impermanence et du manque de fiabilité de la mémoire à l’histoire cinématographique indienne.
«Lorsque je suis retourné à Kolkata en 2013, quelques années après avoir photographié les salles de cinéma, il était évident de suivre les traces du film depuis la salle de cinéma jusqu’au studio de cinéma. L’ancien matériel de tournage était rangé dans les coins des plateaux de tournages et dans des pièces sombres enveloppés de couvertures. Lorsque cet équipement a été découvert, j’ai ressenti l’esprit d’expérimentation et de fantaisie post indépendance dans les années 50 et 70. C’est cet esprit que j’ai poursuivi en photographiant ces machines optiques et du son. »– Nandita Raman
Au Technician’s Studio fondé par le légendaire directeur de la photographie, Ramananda Sengupta, nous voyons où le Pather Panchali de Satyajit Ray et de son confrère bengali, Ritwik Ghatak ont été sonorisé, la console recouverte d’une fine couche de poussière, une serviette drapant avec désinvolture la chaise de l’éditeur Sur une autre image, la chaise de Manik-da repose tranquillement dans les décors extérieurs d’Image India, son emballage blanc flottant dans la brise.
Les photographies en couleur du Raman’s Film Studio (2014) complètent sa précédente étude Cinema Play House (2006-2009), où elle a voyagé à travers l’ Inde pour créer une série de photographies en noir et blanc illustrant les théâtres à écran unique en voie de disparition. . Raman, dont la famille possédait l’un de ces théâtres à Varanasi, a concentré son objectif sur les anomalies architecturales et le contact humain qui distinguent ces espaces des grands théâtres multiplex qui menacent leur existence.
Nandita Raman – Do Not Forget Me
28 Septembre – 10 Novembre, 2018
Vernissage 27 september, 18.00 à 20.00 heures
sepia EYE
547 West 27th Street, #608
New York, NY 10001
www.sepiaeye.com
