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Michael Massaia : « Toutes mes images sont issues d’une seule prise de vue »

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Michael Massaia est né en 1987 et a grandi dans le New Jersey, restant dans la région du Grand New York tout au long de sa vie. Ses liens avec la photographie se sont noués au lycée, et il lui est resté le désir ardent de créer de belles images. Il est autodidacte et extrêmement versé dans les techniques scientifiques en photographie, mêlant son talent technique extraordinaire et ses compétences certaines pour des compositions originales et très maîtrisées. Il s’est spécialisé dans les tirages grand format en noir et blanc, et le développement argentique sur gélatine. Massaia, à force de recherches, est parvenu à optimiser l’exposition du négatif et les procédés de développement, y compris en modifiant les produits utilisés. Il a même construit ses propres appareils : Massaia tient à maîtriser son médium de A à Z. Il travaille seul et est l’unique maître d’œuvre de ses photographies, de la composition de l’image jusqu’à l’impression finale. Ses photographies sont de véritables one shot : ses images ne sont jamais composées d’expositions successives.

Il a produit des séries variées, comme Deep in a Dream (au plus profond du rêve) qui dépeint Central Park la nuit, ou des maisons esseulées du New Jersey pour In the Final Throes : New Jersey. La constante dans son travail est une atmosphère dépourvue de présence humaine. Les œuvres de Massaia ont été exposées à travers tous les États-Unis, faisant découvrir sa maîtrise technique et ses talents de composition à un large public. Son travail a fait l’objet de documentaires télévisés, de nombreux articles dans la presse spécialisée et il a été lauréat de la Biennale photographique 2013 de la Hearst Corporation. Aujourd’hui, Massaia produit toujours des ambiances nocturnes caractérisées par des noirs brillants, des blancs saturés et des gris profonds.

Vos tirages nécessitent un travail colossal. Où avez-vous appris les procédés de développement argentique et platine palladium ? Auriez-vous aimé avoir un assistant ?

Nulle part en particulier. Je considère que ma cave, c’est nulle part. J’ai appris tout seul, en essayant et en me trompant. Il y a des années, je me suis passionné pour de multiples procédés de développement manuels, et parmi tous ceux que j’ai expérimentés, j’ai trouvé que le platine palladium et l’argentique étaient les plus adaptés pour ce que je recherchais.

Un assistant, ça pourrait être pas mal, mais je suis un peu un loup solitaire et j’ai la fâcheuse manie de travailler à un rythme effréné. Que ce soit sur une aire d’autoroute à quatre heures du mat’ le long du Turnpike, mettant en pratique mes idées, ou dans ma chambre noire pour développer des tirages, il y a dans ce que je fais quelque chose d’intrinsèquement égoïste, désorganisé et aventureux (et flirtant avec le danger). Je ne voudrais pas spécialement entraîner quelqu’un d’autre là-dedans.

Pouvez-vous expliquer en détail ces procédés ?

Tout commence avec une idée. Puis, je cherche un moyen de présenter cette idée d’une façon intéressante d’un point de vue graphique. Souvent, je fais de petits dessins, un peu comme un story-board, avant de sortir essayer de saisir les images qui se rapprochent le plus de l’idée originelle. Je ne fais jamais de mise en scène ni de décor artificiel. Je m’acharne dans un environnement réel jusqu’à obtenir ce que je veux. Toutes mes images sont le produit d’une seule prise de vue. Je ne compose jamais à partir d’expositions multiples et je n’ajoute rien à la photo de départ.

Toutes mes images sont prises sur papier photographique noir et blanc avec un temps d’exposition assez long. J’utilise plusieurs types d’appareils, du 4×5 au 11×14. Parfois je trimballe vingt-sept kilos de matériel ! Une fois l’image prise, je développe avec du Pyro et ses variantes. C’est un ancien révélateur colorant qui me permet de surexposer mes photos sans que les blancs ne saturent. Puis, j’essaie de déterminer le meilleur moyen de créer le tirage final. Je travaille avec diverses techniques de dodge & burn, y compris des masques de contraste, des gabarits, et tout ce que je peux imaginer. Je fais tout ce qu’il faut pour atteindre le résultat que j’ai en tête. Et après des milliers de tirages, j’éprouve toujours une grande excitation quand j’obtiens un tirage réussi, en sachant que je suis seul à l’avoir créé.

Les images de votre série Deep in a Dream : Central Park ont été prises entre deux et six heures du matin, à un moment que vous décrivez comme « hanté, désolé et attirant ». Qu’est-ce qui rend un endroit hanté et désolé attirant pour vous ?

Les heures de la nuit ou du petit matin offrent une étrange sorte d’honnêteté, ou peut-être de nostalgie, qui s’évapore dès le lever du soleil. On a cette impression constante qu’à n’importe quel moment quelque chose d’imprévu ou merveilleux peut arriver, et à la fois que tout peut très vite basculer dans le drame. Étrangement, je me sens moins seul à ces horaires-là. Au fond, je crois qu’éprouver une connexion avec ce lieu et ce moment que la plupart des gens perçoivent comme hostiles sert de catalyseur pour tout ce que je fais.

Propos recueillis par Sara Tasini

Cette interview fait partie d’une série proposée par la Holden Luntz Gallery à Palm Beach en Floride.

 

Holden Luntz Gallery
332 Worth Ave
Palm Beach, FL 33480
États-Unis

http://www.holdenluntz.com/

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