Depuis 1890, le Questionnaire de Proust a eu de nombreuses incarnations: Bernard Pivot dans Apostrophes, James Lipton dans Inside the the Actors Studio et dans Vanity Fair pour n’en nommer que quelques-unes. Aujourd’hui, notre collaboratrice Carole Schmitz présente son propre point de vue. Son questionnaire «en mots et en images» reviendra chaque semaine dans L’Oeil de la Photographie. Voici le premier: Mathieu Bitton.
G.D
La capture juste de l’instant !
Passionné de musique dès son plus jeune âge, Mathieu Bitton achète ses premier vinyle aux Puces de Clignancourt. Il commence par collectionner les disques de Bowie, puis Prince, James Brown. Plus tard il s ‘envole vers les Etats Unis avec en tête le rêve de travailler dans la musique et dans l’image. Il sera d’abord graphiste et créera ses premières pochettes de disque. Chemin faisant, et au fil des rencontres il travaillera d’abord dans le milieu de la mode, avant de tout lâcher en 48h pour un projet de livre avec Quentin Tarantino… avant de rejoindre un label de musique. A l’époque la photo n’est qu’une passion inavouée. Ce sera Jean-Baptiste Mondino qui le poussera à oser devenir photographe. Il rejoindra ensuite Lenny Kravitz auprès de qui il assurera le rôle de directeur artistique, graphiste et photographe, et plus récemment Dave Chappelle.
Pour Mathieu Bitton, artiste nominé aux Grammy Awards, Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres et ambassadeur Leica Camera, ce que vous entendez et ce que vous voyez ne font qu’un. Les couleurs et les notes de musique ont des nuances similaires; les paroles et les lignes dessinées à la main ont des messages émotionnels similaires. C’est sa vision particulière de ce qu’il voit et qu’il entend qui a conduit Mathieu Bitton à être l’un des designers les plus recherchés du monde de la musique, créant des pochettes d’albums et même un univers autour de certains des artistes parmi les plus emblématiques des dernières décennies. De Lenny Kravitz à Prince en passant par Jack White, Sting, Miles Davis, Marvin Gaye, Jane’s Addiction, Bob Marley, Quincy Jones, James Brown, George Clinton, Earth, Wind & Fire, Iggy Pop, Lou Reed, Dolly Parton et bien d’autres tous sont passés devant son objectif.
Il vient de sortir en France « Darker than Blue », un livre qui représentent des moments auxquels il a eu la chance d’assister tout au long de ses voyages travers le monde. Rien que des images qui capturent toutes les sensations, les nuances et les contrastes hyper réalistes de ses sujets. Sa passion de toujours pour l’histoire, la musique, le cinéma, les affiches et les autres arts de la communauté noire a bouclé la boucle avec cet ouvrage, comme une contribution visant à honorer et refléter une culture si riche et si belle. L’occasion de le soumettre à notre questionnaire de Proust revisité.
C.S
Carole Schmitz : Votre premier déclic photographique ?
Mathieu Bitton : Le click du déclic. A mon avis mon premier déclic était aux Puces De Clignancourt, quand j’été petit, c’était une série de photos de Man Ray, dont cette étude de mains de 1930. A l’époque je ne comprenais pas encore le négatif. Man Ray est devenu ma première idole de la photographie.
© Man Ray Trust / Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris
C.S : L’homme d’images qui vous inspire ?
M.B : A part Man Ray, l’univers de Gordon Parks m’inspire infiniment. Il est d’ailleurs l’inspiration derriere mon exposition “Darker Than Blue ».
C.S : L’image que vous auriez aimé faire ?
M.B : Tres bonne question. La main de Miles Davis par Irving Penn.
© Irving Penn Foundation
C.S : Celle qui vous a le plus ému ?
M.B : The Fontenelles at the Poverty Board, Harlem, New York, realisée en 1967 par Gordon Parks.
© Gordon Parks Foundation
C.S : Et celle qui vous a mis en colère ?
M.B : The Last Jew in Vinnitsa, une image prise en 1941 et dont on ne connait pas le photographe.
C.S : La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
M.B : L’instinct!
C.S : Le secret de l’image parfaite, si elle existe ?
M.B : Le moment parfait.
C.S : L’appareil photo de vos début ?
M.B : LeicaFlex des années 70 que Gerard Darel m’avait offert.
C.S : Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
M.B : Leica M Monochom, Leica SL2, Leica Q2, Leica M10P.
C.S : Votre drogue favorite ?
M.B : La musique.
C.S. : Votre plus grande qualité ?
M.B : Ma curiosité.
C.S : Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
M.B : Prey Power, une photo que j’ai faite en 2016 à Eleuthera aux Bahamas.
© Mathieu Bitton
C.S : Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
M.B : Banquier.
C.S : Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?
M.B : Ma collection de Leicas.
C.S : Votre plus grand regret ?
M.B : De ne pas m’être déclaré photographe plus tot dans ma vie.
C.S : Instagram ou snapchat ?
M.B : Instagram.
C.S : Couleur ou N&B ?
M.B : Black and White! Of course !
C.S : Lumière du jour ou lumière artificielle ?
M.B : Du jour.
C.S : Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
M.B : Je lui demanderai de prendre mon portrait sur le Leica M10 Monochrom! Comme ça j’aurai une photo de profil à vie.
C.S : L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
M.B : Une de mes photos:
© Mathieu Bitton
Sinon ces deux images de Bruce Davidson:
© Bruce Davidson / Magnum Photos
© Bruce Davidson / Magnum Photos
Interview : Carole Schmitz
Mathieu Bitton : Darker Than Blue
Published by Noeve Paris
https://noeve.com/collections/new-titles/products/darker-than-blue-1