Autoportraits
De la force mythique de Samson à l’opprobre de la tonte des femmes ayant fricoté avec l’ennemi, en passant par la sensualité chantée par Baudelaire ou à travers les affirmations identitaires diverses (assumer son âge ou pas, revendiquer un genre, l’appartenance à un groupe ethnique, etc), la chevelure véhicule une importante charge symbolique.
Après plus de 30 ans de féminité exacerbée : cheveux longs, talons hauts et jamais en pantalon, il a été un jour temps pour moi de me couper les cheveux, courts.
Couper, c’est se couper d’une partie de soi, prendre des risques, détruire un rempart, se priver d’un ornement, mais aussi s’alléger et peut-être même de se défaire des « nœuds au cerveau » dans ce cas précis puisque je portais alors des dreadlocks.
Depuis des années, je place mon corps au cœur de ma recherche artistique, dans l’espoir fou de faire de ma vie une œuvre d’art, une expérience totale. Intitulée Comme Un garçon, cette série d’autoportraits a pris la forme d’une performance d’art contemporain, radicale.
Il s’agissait in fine d’explorer ma part de masculinité, de me redécouvrir dans le miroir, d’expérimenter dans la vraie vie le regard des autres sur moi-même sous cette nouvelle apparence, comme une amazone qui part au combat.
Comme Un Garçon, c’est indubitablement un corps de femme, les caractères sexuels primaires y sont volontairement apparents, les caractères secondaires sont masqués par une bande blanche, sans toutefois tromper personne, quant aux caractères sexuels « sociaux », l’idée est de les faire disparaître, de photographie en photographie, comme en cours de destruction sous vos yeux. On y décèle la volonté d’affirmation de soi, le doute, la radicalité et la douceur parfois : c’est l’histoire d’une métamorphose non linéaire, d’un rite initiatique.
Toutefois, cette action plus réelle que réelle pour moi, j’ai souhaité la transposer hors de la réalité quotidienne, d’où le choix du noir et blanc, d’un traitement très épuré et d’une ambiance assez froide, quasi chirurgicale. C’est une expérience clinique et esthétique, que je vous invite à observer. Il n’y a pas de réponse, vraiment. Y avait-il seulement une question ?
Marie Dew
Tirages limités à 9 exemplaires
30 x 45 cm