Lorsque je suis partie en Ukraine en 2009/10, je voulais réaliser un portrait du pays aujourd’hui. Mais je suis arrivée hier.
Je me souviens d’un vieil homme devant un centre commercial. Il portait un costume militaire. Avec toutes ses médailles, il attendait sa femme. Il faisait honneur au capitalisme, comme un paroissien qui attend dimanche pour mettre ses plus beaux vêtements. Cette anecdote m’a donné envie de photographier. Je tenais ma vision de l’Ukraine.
Mes personnages deviennent alors des figurines pétrifiés par un présent indécis. Ils apparaissent comme des métaphores, ou peut-être des icônes. A côté d’eux, il y a un petit détail, comme un jeu de piste, qui indique notre époque. Je pense à la photo sur la plage de Sébastopol : un père et ses enfants, une image intemporelle et pourtant derrière, il y a un jet ski.
En prenant ces images, j’ai eu l’impression d’écrire une poésie. Quelque chose que l’on pourra lire demain.
Marie Béchaux est une photographe et cinéaste, née à Bordeaux. Après des études de cinéma à l’ESEC, Ecole Supérieure d’Etudes Cinématographiques, elle devient réalisatrice de documentaires, spécialisée dans les troubles neurologiques, avec lesquels elle explore notre perception. Il en va de même avec la photographie. Marie Béchaux brouille les repères. « Avec mon reflex argentique, je décide de jouer avec le temps, de prendre des photographies plus vieilles que moi. » Ses images empreintes de poésie révèlent des instants qui donnent à notre époque une dimension éternelle.
