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Maison de la Photographie Robert Doisneau : Ergy Landau 1896 – 1967

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La Maison de la Photographie Robert Doisneau présente jusqu’au 26 février 2023 une exposition qui retrace, à travers une centaine de tirages et des archives personnelles, le parcours d’Ergy Landau, photographe d’origine hongroise installée à Paris au début des années 1920 et figure prédominante de l’histoire de la photographie, des années 1930 à 1950.

L’ouvrage Ergy Landau, une vie de photographe, 1896-1967, publié aux éditions du Bec en l’air, accompagne cette rétrospective avec un texte riche et instructif des commissaires de l’exposition, Laurence Le Guen et David Martens.

Pour rappel, Ergy Landau naît à Budapest en 1896. Très jeune elle se forme à la photographie, auprès des grands maîtres allemands et autrichiens notamment, ouvre un premier studio en Hongrie puis émigre à Paris. Elle rejoint l’agence Rapho dès sa création en 1933. Touche à tout, elle travaille pour la presse, participe, avec ses nus ou ses portraits, aux plus grandes expositions françaises et internationales et publie des livres pour enfants ou de pédagogie jusqu’à son accident en 1964. Après son décès en 1967, ses photos tombent peu à peu dans l’oubli, les années 60-70 n’étaient pas propices à la nostalgie. Il faut attendre la fin des années 1980 pour que l’on redécouvre son travail à l’occasion d’une des trois expositions organisées, à l’instigation de Raymond Grosset, par Paul Jay, alors directeur du Musée Niepce à Chalon sur Saône, et consacrées au travail de 3 femmes photographes : Ergy Landau, Ylla et Nora Dumas, qui furent ses assistantes.

Voici le texte écrit par Raymond Grosset à cette occasion :

Le jeune adolescent que j’étais cet été pluvieux de 1928 passé dans un petit hôtel de montagne regardait avec surprise une femme penchée sur son appareil photographique d’une forme inconnue, un Rolleiflex 4×4 cm. Ergy Landau venait d’acheter le premier Rolleiflex vendu en France, dont la version 6×6 transformera bientôt la vision photographique.

Tout a été dit et médit du Rolleiflex : la vision du monde par le nombril, une image sèche, dont la forme carrée oblige au recadrage à l’agrandissement, un objectif trop court pour le portrait.

L’appareil était toutefois révolutionnaire pour l’époque et fut immédiatement adopté par tous les jeunes photographes désireux de lutter contre le figé de la photographie réalisée à la chambre.

Très vite Ergy Landau abandonna les sujets purement graphiques pour la photographie vivante, les expressions humaines que le Rolleiflex lui permettait de saisir.

 Comme la plupart des professionnels de l’époque, Ergy Landau vivait de ses activités de photographe portraitiste.

 Très introduite dans les milieux artistiques et littéraires, sa clientèle était en 1930 principalement composée d’écrivains et d’artistes : Bourdelle, Paul Valéry pour ne nommer que les plus connus puis Claude Aveline, Brice Parain etc.

 Ses thés du samedi, servis dans son studio de la rue Lauriston étaient assez représentatifs du milieu où était appréciée la jeune photographie : Photographes et littérateurs côtoyaient les artistes de la colonie Hongroise et les photographes étrangers de passage.

 C’est vers 1932 qu’Ergy Landau commença à utiliser le Rolleiflex pour ses portraits d’enfants : elle obtenait des expressions vivantes qui rendirent anachronique le portrait figé perpétué par les studios classiques.

 On a peine à imaginer les difficultés techniques de l’époque, la lenteur des films, la pauvreté les éclairages qui rendait la photographie au 1/50e de seconde en studio, un exercice périlleux! Il fallait souvent sacrifier la qualité de l’image pour obtenir une expression vivante prise à l’improviste en détournant l’attention de l’enfant avec des jouets. L’œuvre professionnelle, disons « alimentaire » d’Ergy Landau n’est toutefois pas comparable à ses recherches, poursuivies pendant ses temps de loisirs et pour son plaisir personnel.

 Ces photos, connues du public restreint des rares expositions photographiques de l’époque, furent petit à petit publiées dans des revues d’art souvent éditées par des laboratoires médicaux puis connurent un début d’utilisation dans la presse et la publicité.

 1939 consacrait le succès dans la presse d’une photographie moderne qui connut après la guerre l’explosion que l’on sait.

 Juive, Ergy Landau resta néanmoins à Paris pendant l’occupation et, par un miracle, ne fut jamais inquiétée ni dénoncée, malgré son refus de porter l’étoile jaune.

 En 1953 grâce à l’aide d’Yves Farge elle partit en Chine accompagner le premier groupe français autorisé à visiter la Chine communiste.

 Un livre réalisé avec Pierre Gascar « Aujourd’hui la Chine » devait résumer ce voyage.

 Ergy Landau mourut en 1967, hémiplégique et grabataire, après trois années de soins attentifs.

Soignée chez elle, elle ignora jusqu’à la fin l’aide discrète de ses nombreux amis qui voulurent ainsi témoigner de la chaleur et de la générosité qu’elle leur montra toute sa vie.

 Raymond Grosset
1988

Kathleen Grosset
24 septembre 2022

 

Commissariat : Kathleen Grosset, Laurence Le Guen et David Martens

Exposition organisée avec la collaboration de l’Association des Amis d’Ergy Landau

 

Ergy Landau 1896 – 1967
Jusqu’au 26 février 2023
Maison de la Photographie Robert Doisneau
1, rue de la Division du Général Leclerc
94250 Gentilly, France
https://maisondoisneau.grandorlyseinebievre.fr/

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