En tant que photographe, je travaille de nuit, plus particulièrement à la tombée du jour. En cette période liminale, la lumière naturelle cède la place à celle d’un réverbère au clair de lune, aux lumières émanant d’une fenêtre, aux éclairages de publicité et de surveillance. Il y a quelques années, je me suis mise à utiliser un film de couleur afin de capturer la manière dont les couleurs naturelles s’accordent avec les lumières de la ville. Notamment, la manière dont le bleu intense du ciel compose avec les ambres, jaunes, verts des lumières artificielles.
J’ai beaucoup traîné dans des endroits a priori mal considéré et négligé. Quand un de ces endroits m’attire, j’y retourne au crépuscule. Les premières fois, les conditions atmosphériques ou l’éclairage artificiel ne sont pas toujours adéquats. Mais, à force de revenir au même endroit, je découvre de nouveaux éléments de décor. J’aime ces différents points de vue, ces découvertes presque invisibles pendant la journée : l’inattendu et l’asymétrique.
J’ai aussi commencé à m’intéresser aux figures fugitives dans mes photos, sorte de présences fantomatiques. Quelles qu’elles soient, ces formes ajoutent au sentiment que quelque chose vient de se passer, que quelque chose va se passer.
Lynn Saville
