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David Fathi par L’Œil Invisible

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Pour L’Œil Invisible, découvrir un nouveau talent inconnu, c’est l’un des plus grands plaisirs d’assister à Arles ou aux autres bons festivals de photos dans le monde. Un grand sage a dit à L’Œil « il faut tout regarder », et aussi déraisonnable que cela paraisse, il avait raison. Quand on se rend compte qu’on est tombé sur quelque chose de nouveau et de génial, une vague de soulagement et de plaisir – de joie si l’on veut – vous emporte.

L’installation de David Fathi que l’on peut voir jusqu’à fin septembre aux Rencontres d’Arles, The Last Road of the Immortal Woman, honore la mémoire d’Henrietta Lacks, une femme afro-américaine du Maryland dont les cellules cancéreuses ont permis une avancée médicale dans la recherche sur le cancer. Une partie de cet héritage est l’échec complet de la profession médicale à lui rendre hommage ou à la rémunérer.

L’artiste écrit: « Le dernier parcours de la femme immortelle désigne l’espace où Henrietta Lacks n’est plus en vie, mais pas encore immortelle. C’est l’espace qui sépare ce qu’est une vie humaine et ce qu’elle peut devenir. Une marche funèbre pour Henrietta Lacks, mais un nouveau départ pour ses cellules. »

L’installation est ironiquement et plutôt inconsidérément située à l’arrière de l’un des sites les plus anonymes et les moins attrayants des Rencontres. Il faut vraiment chercher pour le trouver.

Il y a un couloir sombre avec sept photographies encadrées, cinq grands panneaux de texte, une vidéo, deux enseignes au néon (« Mortalité » et « Immortalité ») et un texte mural. C’est déchirant et fascinant. Les photographies sont des vues de nuit floues et mates en noir et blanc, dont certaines contiennent un ectoplasme violacé apparemment suspendu aux arbres. La couleur est une intervention de l’artiste. Les panneaux de texte sont d’abord difficiles à comprendre, mais révèlent une quantité d’informations – peut-être trop – avec des descriptions médico-légales de l’utilisation des cellules de Lacks dans la recherche médicale, et des abus concernant son héritage.

Fathi, qui est français mais a passé ses premières années aux États-Unis, possède un sens du théâtre et de la surprise qui est le bienvenu. Il a reçu cette commande des Rencontres d’Arles parce qu’il a gagné le Prix Photo Folio l’année dernière.

The Last Road n’a pas encore été publié sous forme de livre parce que l’artiste recherche encore les plates-formes appropriées pour présenter ce travail. Ses projets antérieurs Anecdotal et Wolfgang existent sous forme de livres intelligents et beaux.

Le pemier projet a pour sujet les essais nucléaires et les accidents, illustrés avec ce qui semble être des matériaux d’archives interprétés par l’artiste, et l’autre a pour sujet inattendu l’un des fondateurs de la physique quantique. Fathi a des diplômes en mathématiques et en informatique et semble parcourir une ligne très créative entre fait et fiction.

On a pu voir son travail dans un certain nombre de festivals. Ouvrez l’œil. Ce type est étonnant.

 

W.M. Hunt

W.M. Hunt écrit sous le nom de L’Œil Invisible. Il lui arrive de contribuer à L’Œil de la Photographie, qu’il soutient depuis ses débuts.

 

David Fathi est représenté par La Galerie Particulière en France et East Wing à Dubaï.

 

David Fathi, The Last Road of the Immortal Woman (le dernier parcours de la femme immortelle)
Jusqu’au 24 septembre 2017
Rencontres d’Arles
Arles, France

www.rencontres-arles.com

 

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