L’Italia di Magnum. Da Henri Cartier-Bresson a Paolo Pellegrin, exposition visible actuellement au CAMERA – Centre Italien pour la Photographie à Turin, a fait appel à vingt photographes, qui décrivent certains évènements, grands et petits, à travers les figures et les localités italiennes des années d’après-guerre à nos jours, par un mélange de photos célèbres ou moins familières, de lieux connus dans le monde entier et de citoyens ordinaires qui ont fait le tissu social et visuel de l’Italie.
S’ouvrant sur un hommage à Henri Cartier-Bresson et son voyage en Italie dans les années 1930, l’exposition présente ensuite deux séries : l’une de Robert Capa, centrée sur la fin de la Seconde guerre mondiale, qui montre un pays en ruines détruit par cinq ans de conflit ; l’autre par David Seymour, qui a lui photographié en 1947 les touristes revenant visiter la Chapelle Sixtine : la beauté éternelle de l’art italien apparaît alors comme le signe de la renaissance de tout une nation.
La présentation, découpée en décennies, se poursuit avec les photos d’Elliot Erwitt, René Burri et Herbert List : le premier représente Rome, dans toute sa beauté et ses contradictions, avec le regard ironique et affectueux qui l’a rendu célèbre. Le second nous entraîne dans l’exposition historique de Picasso organisée à Milan en 1953 : un événement inoubliable pour la culture italienne, qui s’est retrouvée une fois de plus face aux légendes vivantes de la contemporanéité. Le dernier offre enfin une série de clichés étonnants, qui entraînent le visiteur à Cinecittà, dans les premières années de cet Hollywood sur Tibre qui allait garantir à l’Italie une grande reconnaissance dans la décennie à venir.
Cette décennie est illustrée ici par trois figures, sans doute moins célèbres mais pas moins intéressantes pour l’histoire de la photographie et de Magnum : Thomas Hoepker, avec trois photos de Cassius Clay (devenu plus tard Mohamed Ali) aux Jeux Olympiques de Rome en 1960 ; Bruno Barbey, qui témoigne de l’enterrement de Togliatti, figure clé de la politique italienne et d’ailleurs, très aimé du peuple en dépit des jugements que l’histoire a porté sur lui ; Erich Lessing, dont les clichés renvoient à l’époque du boom économique, par une série d’images sur la plage de Cesenatico, avec tous ses rituels et ses légendes.
Le climat a changé dans les années 1970 : Ferdinando Scianna montre ce passage de la fin de la décennie avec des photos d’une Sicile à jamais la même et pourtant changeante. Leonard Freed livre des portraits fragments du référendum historique sur le divorce qui allait changer pour de bon la société italienne, tandis que Raymond Depardon présente l’une de ses séries les plus frappantes, consacrée aux asiles d’aliénés, réalisée à l’époque de la Loi Basaglia, qui a annoncé leur fermeture et marqué une autre grande étape de la société italienne.
L’Italia di Magnum, Da Henri Cartier-Bresson a Paolo Pellegrin
3 mars – 21 mai 2017
Camera – Centro Italiano per la Fotografia
Via delle Rosine
18, 10123 Turin
Italie