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Leonora Hamill : I was much too far out all my life

Lauréate avec Eric Pillot du Prix HSBC pour la photographie en 2012, Leonora Hamill développe parallelement une oeuvre vidéo autour de la notion d’identité émotionnelle. Son langage délibérément épuré – absence de mouvement de caméra, plan séquence unique, bande son de la prise de vue, narration minimale – répond aux besoins de son étude des restrictions posées par l’expression corporelle. On retrouve dans ses quatres premieres oeuvres, « The Second Eve », « Attack », « I was much too far out all my life » et « The Seventh Nerve », une scene simple et ambigue jouée par une actrice professionnelle dans une composition souvent empruntée a la peinture. Dans ces quatre vidéos d’environ 6 minutes, elle procede a une abstraction narrative pour provoquer des questionnements chez le spectateur. « The Second Eve » exhibe une jeune femme dont le souffle s’accelere et se fait graduellement plus lourd dans une variation d’expressions faciales. Une mise en scene équivoque de l’accouchement qui déroute le spectateur tenté de penser qu’elle se masturbe. « Attack » joue également de l’ambivalence par le décalage entre le son et l’action. Mimant une crise de panique, l’actrice alterne des phases de calme et d’angoisse propre a cet état psychologique. Ici, seul le son est ambigu, l’image révele une femme agenouillée et clairement dévastée par une douleur psychologique dont l’intensité devient physique, les lignes de son corps blanc semblant déchirer l’intense noir du fond a chacune de ses contorsions. Ici comme dans « The Seventh Nerve », Leonora Hamill défie le spectateur en le confrontant a l’expression d’une émotion douloureuse et étudie le potentiel d’empathie conservée par l’image animée a l’heure ou la violence généralisée par les médias et le cinéma inhibe ses réponses. Elle éclaire également, dans ces deux oeuvres comme dans « I was much too far out all my life », la suprématie du contexte comme générateur de réaction. Fruit de la narration, il est un élément clé de l’image animée qui ne s’impose pas en photo et dont elle tente de libérer la vidéo. Vers emprunté a un poeme de Stevie Smith intitulé « Not waving but drowning », « I was much too far out all my life » observe sans intervenir une jeune femme ondulant dans l’eau et qui peu a peu s’agite, disparait du champ comme happée par cette immensité, réapparait, se débat, dans une expression de panique de plus en plus intense. Six minutes plus tard elle repose sur le ventre, pale dans son lit vert ou la lumiere pleut. L’angoisse ne fait plus frissonner ses muscles. Contrairement au soldat de Rimbaud, elle n’a pas deux trous rouges au coté droit. Est-elle morte, ou apaisée ? La question flotte. L’artiste vous dira qu’enfant, c’était sa position favorite.

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