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Le Questionnaire : Sylvia Galmot par Carole Schmitz

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Sylvia Galmot : Engagée !

Sylvia Galmot : ENGAGÉE !

Sylvia Galmot avoue sans complexe qu’elle n’a pas fait le choix de la photographie mais que c’est la photographie qui l’a choisie. Elle démarre ainsi sa carrière en travaillant pendant 10 ans en tant que photographe pour les plus prestigieuses agences parisiennes dont H&K. Une expérience qui lui a permis de voir défiler devant son objectif bon nombre de célébrités, parmi lesquelles : Mélanie Thierry, Isabelle Adjani, Raphaêl Enthoven, Emmanuelle Seigner, Diane Kruger, Léa Seydoux, Andrée Putman, Alain Chabat ou encore Lambert Wilson pour ne citer qu’eux. Son travail a été publié par de prestigieux magazines dont Vogue, Marie Claire ou encore Vanity Fair. Une reconnaissance, qui lui a donné envie de se lancer dans la photographie d’art.
En observant son travail, on note très vite que l’essentiel se tient en trois mots : élégance, vérité, émotion. Ses images sont douces, singulières et drôles aussi car elle aime se jouer de l’imaginaire collectif.

Sylvia aime l’art utile, comme elle le revendique d’ailleurs. Très intéressée par la Femme, et très engagée pour les droits de celle-ci, elle milite afin  les femmes puissent être libres et égales (titre qu’elle a d’ailleurs donné à une exposition itinérante pour lutter contre les violences faites aux femmes en 2020). Ce qui l’a amené a réalisé un travail sur ce qu’évoque la parisienne.  Mais avant cela, à la suite d’une rencontre qui l’a bouleversé, elle s’est intéressée aux personnes transgenres. En réalisant une série avec ces femmes, elle a souhaité mettre en lumière leur beauté et prouver qu’elles étaient autre chose que des « bêtes de foire ». De manière générale, ses clichés, quel qu’ils soient sont merveilleusement mis en scène, et se nourrissent de la complicité qu’elle cultive avec ses sujets. Le résultat est impressionnant de vérité.

 

Instagram : @sylviagalmot

 

Votre premier déclic photographique ?
Sylvia Galmot : Lorsque j’étais ado, ma tante préférée était religieuse franciscaine en Espagne. Je la voyais une fois par an. J’étais captivée et fascinée par son engagement et sa beauté. J’avais emprunté l’appareil kodak de mes parents pour la photographier.

L’homme ou la femme d’image qui a pu vous inspirer ?
Sylvia Galmot : Gisèle Freund. Grande portraitiste d’artistes et d’écrivains. Elle cherchait à résumer dans une seule photo toute une personnalité. Ses portraits les plus fameux sont ceux des grands écrivains de son temps. André Malraux, Virginia Woolf, Sartre, Simone de Beauvoir, Colette, Marguerite Duras….

L’image que vous n’avez pas encore réalisée et que vous aimeriez réaliser ?
Sylvia Galmot : Il y en a plusieurs. Photographier Catherine Deneuve, Jodie Foster, Julia Roberts, Annie Ernaux, Michèle Perraut et d’autres….

Celle qui vous a le plus ému ?
Sylvia Galmot : En 2021, j’ai photographié des détenues. Faire le portrait de Marguerite, 76 ans dans sa cellule (le prénom a été changé). La rencontre inoubliable avec cette détenue âgée dans sa cellule, son geste simple de m’offrir un café, elle a profondément touché mon cœur. La photographie peut saisir cette humanité, cette vulnérabilité et cette générosité, ce qui en fait une image puissante et très émouvante pour moi. Profonde émotion, un moment de connexion humaine authentique dans un contexte inhabituel.

Celle qui vous a mise en colère ?
Sylvia Galmot : Les photos intimes de Laure Manaudou publiées par son ex après leur rupture.

Une image clé de votre panthéon personnel ?
Sylvia Galmot : Le portrait de Patti Smith. On voit la petite fille, son sourire et son regard donnent vie à l’image capturée.

Un souvenir photographique de votre enfance ?
Sylvia Galmot : Moi, vers 5 ou 6 ans dans un photomaton. Je ne voulais pas rire car j’avais perdu mes dents de lait centrales. J’avais la bouche bien pincée jusqu’à ce que mon frère me fasse éclater de rire. J’ai toujours ces deux petites photos de moi au fond d’un tiroir.

L’image qui vous obsède ?
Sylvia Galmot : Je ne suis obsédée par aucune image mais il y en a une toute particulière. Cette image là, vous allez comprendre pourquoi je l’ai capturée avec ma rétine. Mon père est mort d’une infection nosocomiale à l’hôpital. J’ai passé un long moment seule avec lui dans la chambre mortuaire. Parfois, en l’absence de mon appareil photo, ce sont mes yeux qui agissent comme l’objectif, capturant des moments incroyables grâce à ma rétine.

Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez d’acquérir ?
Sylvia Galmot : Sans limite de budget, mon souhait serait d’acquérir l’œuvre la plus coûteuse au monde afin de la revendre et de dédier l’intégralité des fonds récoltés à la construction d’hébergements dans le monde entier pour les femmes victimes de violences qui ne quittent pas leur conjoint parce qu’elles n’ont pas les moyens de partir et ne savent pas où aller. Et d’autres causes humanitaires en besoin.

Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Sylvia Galmot : Une photo qui crée une émotion est une bonne photo. Donc un bon photographe fait des images qui créent des émotions.

Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Sylvia Galmot : Si l’image parfaite existait elle raconterait une histoire qui transmettrait un message profond incitant le spectateur à réfléchir et à agir en fonction de ses moyens pour avancer vers un monde meilleur, vers une paix durable.

La personne que vous aimeriez photographier si vous en aviez l’opportunité ?
Sylvia Galmot : Oprah Winfrey!

Le/la photographe par qui vous aimeriez ou auriez aimé vous faire « tirer le portrait » ?
Sylvia Galmot : Richard Avedon, le photographe maître des portraits et des contrastes. Sinon, Annie Leibovitz, c’est encore possible ;))

Un livre de photos indispensable ?
Sylvia Galmot : « Humans of New York » par Brandon Stanton. Ce livre présente une collection de portraits de personnes rencontrées dans les rues de NY, accompagnés de brèves histoires sur leur vie, leurs rêves et leurs défis. Il capture la diversité humaine tout en mettant en lumière les expériences qui nous lient tous. La compassion et l’empathie manifestées par Stanton dans ses interactions avec ses sujets pourrait être une source d’inspiration pour ceux qui aiment les portraits qui célèbrent la beauté et la dignité de chaque individu, tout en promouvant la compréhension et la paix dans le monde.

L’appareil photo de votre enfance ?
Sylvia Galmot : Un polaroid très simple. Il fallait s’appliquer pour prendre la photo car les recharges coutaient cher.

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Sylvia Galmot : Un Nikon.

Votre drogue préférée ?
Sylvia Galmot : Le sourire de ma mère. Et celui de ma fille.

Le meilleur moyen de déconnecter pour vous ?
Sylvia Galmot : Aller faire une grande marche rapide sans mon portable.

Quelle est votre relation personnelle à l’image ?
Sylvia Galmot : Pour moi, l’image est bien plus qu’une simple capture visuelle. C’est une forme d’expression artistique qui me permet de saisir l’essence et la beauté de chaque personne que je photographie. Ma relation avec l’image est empreinte de respect et d’empathie. Je m’efforce de créer des portraits authentiques qui reflètent la dignité et l’humanité de mes sujets.

Que voyez-vous en apercevant votre reflet dans un miroir ?
Sylvia Galmot : J’y vois bien plus que mon apparence physique. Je vois une personne qui continue d’évoluer chaque jour. Je me rappelle que la vraie beauté réside dans la bienveillance et la manière dont nous touchons la vie des autres.

Votre plus grande qualité ?
Sylvia Galmot : Le courage.

Votre dernière folie ?
Sylvia Galmot : Avoir été la première photographe à exposer sur les grilles du Palais de justice dans l’ile de la cité à Paris pour la journée internationale des droits de femmes « LIBRES ET EGALES », 28 portraits de femmes, chacune portant un message d’espoir pour la liberté des femmes et contre les violences faites aux femmes.

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Sylvia Galmot : Le portrait d’OLYMPE DE GOUGES.

Le travail que vous n’auriez pas aimé faire ?
Sylvia Galmot : Huissier ou photographe de guerre.

Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Sylvia Galmot : C’est d’exposer mes portraits de détenues à la Conciergerie de Paris. Ce lieu chargé d’histoire où ont été emprisonnées Marie Antoinette et Olympe de Gouges, une reine et une révolutionnaire qui ont toutes deux terminé leur vie de la même manière. Cette exposition aurait une dimension symbolique et artistique puissante, mêlant l’histoire passée du lieu avec les réalités contemporaines de la détention. Choisir un tel lieu emblématique pour susciter des réflexions profondes, cela aurait un sens. C’est ma prochaine extravagance professionnelle audacieuse et significative.

Quelles différences entre photographie et photographie d’art ?
Sylvia Galmot : La photographie d’art est une forme d’expression artistique, elle va au-delà de la réalité. L’accent est mis sur la créativité.
La photographie ordinaire vise à capturer des moments ou des scènes de la vie quotidienne de manière réaliste.

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Sylvia Galmot : Je rêve de découvrir les Inuits, leur terre lointaine et mystérieuse, leur mode de vie arctique, leur richesse culturelle.
Découvrir leurs igloos, des abris temporaires construits en blocs de neige compactée, leur culture, leurs traditions. Les inuits ont une relation profonde et respectueuse avec la nature. Ce serait pour moi une expérience très enrichissante.

L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Sylvia Galmot : Le musée du Louvre !

Votre plus grand regret ?
Sylvia Galmot : Mon plus grand regret est très personnel. Cela concerne un homme. Mais de cette épreuve je tire une belle leçon.

En termes de réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, TikTok ou Twitter et pourquoi ?
Sylvia Galmot : Je suis plutôt Instagram parce que c’est une plate-forme axée sur l’image. C’est un moyen efficace de partager mon travail. J’ai deux comptes. L’un pour mes portraits et l’autre pour mes photographies artistiques sur différents thèmes tels que : La Parisienne, Paris est une Femme, La parisienne de Pierre Cardin dans mon objectif, ma série SEQUENCES sur les scènes féminines mythiques de films cultes, ma série chez Maxim’s faite en 2016 avec Pierre Cardin…. Vous l’aurez compris, la femme est au cœur de ma vie et de mon travail.

Couleur ou N&B ?
Sylvia Galmot : J’adore les deux mais j’ai une préférence pour le NB. En supprimant la distraction des couleurs, on se concentre davantage sur les émotions.

Lumière du jour ou lumière studio ?
Sylvia Galmot : Depuis 2017, j’ai choisi délibérément d’utiliser uniquement la lumière naturelle pour effectuer tous mes portraits. C’est ma manière personnelle de contribuer à la préservation de notre planète. Ma philosophie du « Less is More » reflète ma sensibilité à la fois écologique et artistique. J’aime plus que tout souligner que la beauté peut être trouvée dans la simplicité et la pureté. Moins de gaspillage signifie pour moi plus de créativité. J’ai donc appris à utiliser efficacement les ressources naturelles pour renforcer l’authenticité dans mon travail photographique tout en posant un geste écologique concret.

Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
Sylvia Galmot : Il est difficile de désigner une seule ville comme étant la plus photogénique car chaque ville a son propre charme. J’aime Paris et Venise et Santorin.

Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Sylvia Galmot : Franchement si j’avais quelque chose à demander à Dieu, ce ne serait pas un selfie mais plutôt des actions en faveur d’un monde meilleur !

Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
La liste est longue…. Michele Perrot, Annie Ernaux, Jacques Attali, Paolo Coelho, Carla Bruni, Pedro Almodovar, Marion Cotillard, Bernard Henri Levy ….

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Sylvia Galmot : Ce pourrait être celle d’un globe terrestre entouré de divers défis et enjeux auxquels l’humanité est confrontée. Cette image pourrait inclure des éléments tels que : Des crises sanitaires mondiales, des bouleversements politiques, des catastrophes environnementales, des inégalités sociales croissantes, mais aussi des initiatives de solidarité, de coopération internationale et de progrès technologiques. Cette image refléterait à la fois les difficultés et les espoirs de notre époque.

Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Sylvia Galmot : Ce qui manque le plus c’est l’empathie. L’empathie à tous les niveaux de la société pourrait contribuer à créer un monde plus harmonieux et plus juste.

Si vous deviez tout recommencer ?
Sylvia Galmot : Si je devais tout recommencer, j’aimerais accélérer le temps et vivre dans un monde où aucune femme ne subit aucune forme de discrimination, d’oppression ou de violence de la part des hommes.

Le mot de la fin ?
Sylvia Galmot : Construire un monde et un avenir où chaque femme peut vivre librement, en toute sécurité et avec dignité.

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