Rechercher un article

Le Questionnaire : Renée Jacobs par Carole Schmitz

Preview

Renée Jacobs : Une femme libre

Ancienne avocate américaine spécialisée dans les droits civils et les litiges constitutionnels, Renée Jacobs est aujourd’hui très connue pour ses photographies de nu féminin, -son sujet de prédilection- qui concrétise ainsi un rêve d’enfant. Atypique dans sa démarche, sa reconversion lui vaut rapidement d’être récompensée du Prix International de Photographie (IPA) en 2008. Alors qu’elle fait ses débuts comme photo-journaliste pour The New York Times et Philadelphia Inquirer, ses clichés entrent dans les collections de la John F. Kennedy Presidential Library and Museum. Sa vision de la femme est très personnel. Fantasme, imaginaire et un brin de voyeurisme, voilà un savoureux mélange pour des images qui pourraient vous inviter à quelques plaisirs coupables…

Plusieurs ouvrages rendent hommage à son travail. Et pour son dernier livre POLAROIDS, elle a à nouveau reçu le prix du Book/Fine Art, 2022. pour, elle a été exposée et publiée dans le monde entier.

Outre POLAROIDS, ses monographies solo comprennent « Werkdruck », « Renée Jacobs’ PARIS » et « Rêves de Femmes » (livre de l’année 2014 de Photo-eye).

Son travail apparaît fréquemment dans les anthologies de Taschen et a été présenté dans des magazines tels que Elle Italia, Vanity Fair France, Lui, Playboy Germany, le British Journal of Photography, AnOther Magazine et i-D au Japon, en Italie, en France et au Royaume-Uni.

Aujourd’hui installée dans les magnifiques montagnes à l’ouest de Montpellier., ou elle vit avec sa femme, Renée continue d’exposer et de publier dans le monde entier.

 

Votre premier déclic photographique ?
Ren
ée Jacobs : En débobinant  les premiers négatifs 35 mm N&B que j’ai développé dans une chambre noire au lycée. J’étais fascinée.

L’homme ou la femme d’image qui vous inspire ?
Renée Jacobs : Je suis transportée par les premières images de Paris et des femmes de Lartigue, Cartier-Bresson, Man Ray, Brassai, Kertesz, ou encore Marianne Breslauer. Parmi les photographes qui travaillent aujourd’hui, je suis très inspirée par l’intrépidité de Donna Ferrato.

L’image que vous auriez aimé faire ?
Renée Jacobs : Soit l’autoportrait de Marianne Breslauer, soit ce Stieglitz de O’keeffe.

Celle qui vous a le plus émue ?
Ren
ée Jacobs : Lella d’Edouard Boubat, peut-être ma photo de femme préférée. Elle a tout : une lumière magnifique, une composition, un mystère, un désir, une intelligence émotionnelle.

Et celle qui vous a mis en colère ?
Ren
ée Jacobs : Les hideuses fausses photos lesbiennes de Melania Trump.

Une image clé dans votre panthéon personnel ?
Renée Jacobs : Hair In the Wind de Tiana, c’est la première photo d’une femme où j’ai eu l’impression de réussir à traduire mes sentiments en une photographie. L’idée qu’une grande partie de ce qui se passe dans nos désirs n’est qu’une chose floue, quelque chose que nous ne comprenons pas entièrement ou que nous ne voyons pas clairement.

Un souvenir photographique de votre enfance ?
Ren
ée Jacobs : Les horreurs des tenues d’enfants mal fagotés qui constituent nos albums de photos de famille. En Amérique, il y avait un truc qui s’appelait Garanimals (je crois que cela existe encore) où vos parents pouvaient assortir vos vêtements par animal ou quelque chose comme ça. Mes lunettes de soleil étaient toujours au point, mais ces vêtements… Je pense que cela pourrait expliquer mon aversion pour les films en couleur.

Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez d’acquérir ?
Renée Jacobs : Probablement la Joconde ou La Naissance de Vénus de Botticelli ou encore Primavera.

Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Renée Jacobs : La compassion et le désir d’entendre et de comprendre le désir de chaque personne que vous photographiez.

Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Renée Jacobs : La lumière, la composition et la chance.

La personne que vous aimeriez photographier ?
Renée Jacobs : Monica Bellucci. Et comme nous allons retourner en Italie, je dois en apprendre davantage sur les Italiennes.

Un livre de photos indispensable ?
Renée Jacobs : Les  Américains de Robert Frank.

L’appareil photo de votre enfance ?
Ren
ée Jacobs : Je ne me souviens plus de celui que j’avais au lycée, mais mes premiers reportages photo ont été réalisés avec un Nikon FM.

Celui que vous utilisez actuellement ?
Ren
ée Jacobs : Un appareil photo numérique que je n’aime pas beaucoup, alors je suis à la recherche d’autre chose. J’adorerais avoir un nouveau lot de film Polaroid Type 55 pour pouvoir à nouveau photographier avec mon Polaroid 110 mais hélas c’est un rêve impossible…

Votre drogue préférée ?
Renée Jacobs : Un lac de montagne.

Le meilleur moyen de déconnecter pour vous ?
Renée Jacobs : Marcher dans les montagnes autour de notre maison dans le sud-ouest de la France. C’est une région magique.

Quelle est votre relation avec l’image ?
Renée Jacobs : La photographie est une excuse pour entendre parler du spectre infini de ce que les femmes désirent. Cela m’a aidé à comprendre le mien. Dans l’introduction de mon livre, « POLAROIDS », le peintre français Gregory Forstner a écrit que « le désir a besoin de contexte. » Et je pense que c’est pour cela que je prends des photos. Pour donner un contexte à mes désirs et aux femmes que je photographie.

Votre plus grande qualité ?
Renée Jacobs : Ma passion pour la vie et la compréhension du fait que nous ne sommes là que pour un instant.

Votre dernière folie ?
Renée Jacobs : Conduire, Apparemment, je ne suis pas aussi bonne que je le pensais, comme le sait bien ma femme.

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Renée Jacobs : Joséphine Baker. Quelle femme remarquable.

Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à la table ?
Renée Jacobs : Eh bien, Gertrude Stein et Alice Toklas le faisaient à Paris dans les années 1920 et 1930. J’aimerais m’incruster dans l’un de leurs salons avec Romaine Brooks, Renée Vivien, Djuna Barnes, Matisse, Picasso et amener Vinci et François Ier, Obama, Bowie et, pour ma femme, Einstein.

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Ren
ée Jacobs : « La Liberté guidant le peuple » de Delacroix. L’Amérique revient lentement du précipice. Espérons que le reste du monde fera de même.

Que manque-t-il dans le monde d’aujourd’hui ?
Renée Jacobs : Comme le dirait Elvis Costello, « Paix, amour et compréhension. » L’inclusion. La diversité.

Si vous deviez tout recommencer ?
Renée Jacobs : Je déménagerais en France plus tôt !

Un dernier mot ?
Ren
ée Jacobs : Injecter dans le monde de l’art une nouvelle race de gardiens – des femmes, des homosexuels, des BIPOC, des jeunes. Les idées fossilisées autour de l’imagerie par les femmes et des femmes doivent être remplacées. Dans cet ordre d’idées, personnellement, j’aimerais que les termes « regard masculin » et « regard féminin » soient remplacés par « regard valorisant » et « regard dévalorisant ». Je pense que tous les photographes sont capables des deux. Nous devons renforcer le regard valorisant. Les femmes n’ont pas besoin d’être désexualisées, mais cela devrait toujours être notre choix.

 

Website : www.reneejacobs.com
Instagram: @reneejacobsphoto

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android