Lee Jeffries : Spirituel
S’il dit souvent de lui qu’il est toujours un photographe amateur, les images de Lee Jeffries prouvent largement le contraire. Elles sont intenses, graves, authentiques et surtout très humaines.
Autodidacte, solitaire, emphatique, il est ouvert à toutes sortes d’influences et d’expériences nouvelles et affirme haut et fort que l’amour est sa force motrice et le catalyseur de tout. Une conviction qui lui a amené de grands moments de joie et de plaisir, en passant par des périodes de solitude extrêmes dont il souffre aujourd’hui encore. La photographie lui permet d’exprimer ses croyances et sa compassion. Fasciné par le pouvoir du regard, il émane de ses images, souvent en N&B, une grande spiritualité.
Passionné de sport et plus particulièrement de football, il démarra sa carrière de photographe dans les milieux sportifs. Et c’est à l’occasion d’un marathon alors qu’il se promenait dans les rues de Londres, que son oeil est attiré par une jeune femme sans abri étendue dans un sac de couchage dans une ruelle sombre. Il commence par la photographier discrètement, mais elle le repère et se montre furieuse de cette intrusion. Au lieu de passer son chemin pour éviter la confrontation, il va à sa rencontre, s’intéresse à elle, cherche à comprendre comme elle en est arrivée là. Son regard sur les SDF s’en trouve bouleversée. Il prend conscience que pour la majeure partie d’entre nous, ces hommes et ses femmes sont transparents. Il décide alors de les mettre dans la lumière dans l’espoir d’attirer l’attention et que tous ceux qui verront ses images réalisent que ces gens sont comme nous : des êtres humains. Il en fera le sujet d’une série qu’il intitulera « HOMELESS », afin de réunir des fonds pour les sans-abri.
Ainsi depuis 2008, il parcourt le monde afin de photographier les sans-abri. Une aventure dans laquelle il s’implique intensément, mettant un point d’honneur à connaitre personnellement chacun de ceux qui passent devant son objectif. Partageant certaines fois la brutalité de leur quotidien et dormant dans la rue à leur côté : « C’est le seul moyen de gagner leur confiance et de construire une vraie relation avec eux pour donner vie à mes portraits.» explique-t-il.
Des portraits à l’esthétisme très particulier, à la sensibilité exacerbée, émouvante, exprimant le plus souvent une souffrance extrême tout en mettant en lumière la beauté universelle de l’humanité dans ce qu’elle a de plus dramatique.
Website : lee-jeffries.co.uk.
Instagram : @Lee_Jeffries
Ouvrages : Portraits, The Second Edition / Homeless, The exhibition.
Images disponibles chez YellowKorner
Votre premier clic photographique ?
Lee Jeffries : Elle a été prise à Rome. C’était une femme qui priait dans la lumière sur les marches de la « Basilique de la Vierge à Trastevere ».
L’homme d’images qui vous inspire ?
Lee Jeffries : Je suis inspiré par les gens que je rencontre. Ce sont leurs vies et leurs histoires qui m’incitent à faire des photos.
L’image que vous auriez aimé faire ?
Lee Jeffries : J’aimerais faire un portrait de Kristen Scott Thomas. J’essaie d’entrer en contact avec elle depuis des années.
Celle que vous regrettez de ne pas avoir faite ?
Lee Jeffries : Je n’ai pas vraiment de regrets en termes de photographies. Le seul regret que je pourrais avoir, est de ne pas avoir pu aider davantage les gens que je photographie. Je n’ai pas pu agiter cette proverbiale baguette magique pour rendre leur vie meilleure.
Celle qui vous a le plus ému ?
Lee Jeffries : Toutes mes images m’émeuvent. Elles sont nées de relations profondes. Mes images naissent de quelques choses d’extrêmement personnelles.
Et celle qui vous a mis en colère ?
Lee Jeffries : Les photographies mettent-elles vraiment en colère ? Si oui, je n’ai pas eu l’occasion d’expérimenter cette émotion en regardant une image.
Si parmi vos images vous deviez en choisir une seule ?
Lee Jeffries : Ce serait « Trastevere ». Elle est à la base de tout ce que j’ai fait en photographie depuis. Profondément humaine avec de merveilleuses propriétés métaphysiques, c’est l’image pour laquelle je veux qu’on se souvienne de moi.
Une image clé dans votre panthéon personnel ?
Lee Jeffries : Lover. C’est ce que j’ai cherché toute ma vie.
La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Lee Jeffries : L’amour. La compassion et l’expérience de la vie.
Le secret de l’image parfaite, s’il existe ?
Lee Jeffries : L’authenticité.
La personne que vous rêveriez de photographier ?
Lee Jeffries : Kristin Scott Thomas.
Un livre photo indispensable ?
Lee Jeffries : « Portraits » par Lee Jeffries.
L’appareil photo de vos débuts ?
Lee Jeffries : Canon Rebel.
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Lee Jeffries : Leica SL2.
Votre drogue préférée ?
Lee Jeffries : L’amour. C’est un antidote à cette solitude.dont je souffre depuis des années.
La meilleure façon de se déconnecter pour vous ?
Lee Jeffries : Un bon film… ou de la musique classique au piano.
Votre plus grande qualité ?
Lee Jeffries : C’est à ceux qui me connaissent qu’il faudrait poser la question. Je me considère comme un être humain normal, avec de bonnes valeurs. Je fais du mieux que je peux pour ma famille et pour les autres. Laissons le monde décider de la façon dont il se souviendra de moi en fonction de cela et de mon travail.
Le travail que vous n’auriez pas aimé faire ?
Lee Jeffries : Par les temps qui courent… infirmier ou médecin. Ils font preuve d’une telle bravoure et d’un engagement incroyables dans leur travail. Nous leur devons tous beaucoup.
Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?
Lee Jeffries : Ma première exposition à Rome. Financée par moi-même, c’était un risque énorme. Mais je suis très heureux de l’avoir pris.
Les valeurs que vous souhaitez partager à travers vos images ?
Lee Jeffries : L’amour, l’humanité, la compassion et la vérité.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Lee Jeffries : Rio de Janeiro.
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Lee Jeffries : Le lac de Côme.
Votre plus grand regret ?
Lee Jeffries : Ne pas être marié. Cela fait 50 ans que je cherche l’amour unique.
Instagram, Tik Tok ou snapchat ?
Lee Jeffries : Insta : @Lee_Jeffries.
Couleur ou N&B ?
Lee Jeffries : Noir et blanc. J’aime un noir et blanc étonnant avec une gamme tonale importante.
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Lee Jeffries : La lumière du jour.
La ville la plus photogénique selon vous ?
Lee Jeffries : Rome.
Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Lee Jeffries : Je le remercierais simplement de m’avoir accepté au paradis.
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Lee Jeffries : Je me souviens avoir vu l’image d’un père portant sa fille décédée dans Alep, déchirée par la guerre. C’est une image que je n’arrive pas à chasser de mon esprit. Pourquoi les humains font-ils de tels actes les uns envers les autres ?
Que manque-t-il dans le monde d’aujourd’hui ?
Lee Jeffries : L’égalité. Tant sur le plan financier que sur le plan ethnique. Nous devons travailler plus dur pour y parvenir.
Et si tout était à refaire ?
Lee Jeffries : L’idéal serait de parvenir à un monde équitable et juste. Personne ne devrait être sans abri. Personne ne devrait être mis à l’écart de la société à cause de la couleur de sa peau.