Ema Martins : Engagée & Passionnée
L’art est un domaine qui la passionne depuis son plus jeune âge. Photographe, modèle, mais aussi scénographe d’exposition, elle a su faire de sa polyvalence une force.
Diplômée d’une Licence en Arts du spectacle, elle a, en parallèle de ses études, travaillé aux cotés de photographes professionnels qui ont parfait sa formation.
A 20 ans, elle devient photographe pour la ville de Puteaux. Rattachée au service communication, ses photos serviront à alimenter le journal de la ville, son site internet et ses réseaux sociaux pendant un an.
Puis décide de voler de ses propres ailes et a l’opportunité de réaliser un reportage photo lors de la 10ème édition du Festival « Nanterre sur scène ».
Constamment à la recherche de nouvelles aventures et de créativité, elle démarre, à la même période, un projet personnel dédié aux femmes « Silver », qu’elle intitulera « Ainsi soient-elles » (une série compilée dans un premier livre paru aux éditions Kiwi), Une recherche visuelle, féminine et authentique pour laquelle elle puise son inspiration au gré des rencontres, composant ainsi le portrait d’une génération en mal de représentation. Son souhait : déconstruire les stéréotypes liés à l’âge des femmes qui passent devant son objectif et exprimer un autre aspect de leur personnalité.
Elle fonctionne à l’instinct, au coup de cœur et aime le coté mystérieux et insaisissable du N&B, prend le temps d’observer et sait se faire discrète tout en étant proche de gens.
Website : www.emamartins.com
Instagram : ema_martins_photographer
Votre premier déclic photographique ?
Ema Martins : Il y a eu plusieurs déclics avant cela mais je dirai… avoir eu mon premier appareil photo pour mes 18 ans. Puis quelques mois plus tard, j’ai rencontré mon copain (lui même photographe) qui m’a appris tous les rouages de la photographie.
L’homme d’images qui vous inspire ?
Ema Martins : Robert Doisneau.
L’image que vous auriez aimé faire ?
Ema Martins : Le portrait de Jeanne Moreau par Peter Lindbergh
© Peter Lindbergh
Celle qui vous a le plus ému ?
Ema Martins : Je me rappelle d’une photo que l’on avait, me semble-t-il, étudié au lycée. Elle m’avait particulièrement marquée : C’est « La petite fille au napalm » de Nick Ut.
Et celle qui vous a mise en colère ?
Ema Martins : C’est pas une, mais toutes ces images où les personnes et surtout les jeunes femmes sont retouchées à outrance, jusqu’à ne plus reconnaitre ce qu’elles sont au naturel. La nouvelle génération, modèle ou non, publie des photos où parfois la retouche ou les filtres sont extrêmes. Etant également modèle, j’ai vu mon visage transformé par des photographes à ne plus me reconnaitre. La photo en elle même était jolie. Il n’y avait pas besoin de tous ces artifices. Alors, la retouche, les filtres d’accord, je ne suis pas du tout contre, mais à utiliser avec modération.
Une image clé de votre panthéon personnel ?
Ema Martins : « Le baiser de l’hôtel de Ville » de Robert Doisneau. Une de mes photos préférées et que j’ai découvert en premier.
© Robert Doisneau
La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Ema Martins : Observation et patience.
Qu’est ce que pour vous l’image parfaite, si elle existe ?
Ema Martins : Je dirai, une photo en N&B, un peu de flou et de mouvement, de lâcher prise et beaucoup de mystère. Elle a très souvent existé, notamment à travers la photographie argentique.
La personne que vous rêveriez de photographier ?
Ema Martins : Il y en a plusieurs ! Mais pour le petit clin d’oeil, je dirais Iris Apfel, au fur et à mesure je la changerais complètement et l’amènerais dans mon univers « Ainsi soient-elles ».
Un livre photo indispensable ?
Ema Martins : Irving Penn, « Le centenaire » pour la beauté de ses portraits de mode et sa maitrise des photographies de studio.
L’appareil photo de vos début ?
Ema Martins : Canon EOS 700D si je me souviens bien…
Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Ema Martins : Nikon D3S.
Votre drogue favorite ?
Ema Martins : Photographier mes Silver Women.
La meilleure façon de déconnecter pour vous ?
Ema Martins : Au quotidien, me balader dans les rues de Paris, aller voir la Grande Dame, c’est bête mais ça me fait du bien. Ou alors, partir plusieurs semaines à la rencontre d’un nouveau pays. Une déconnection totale après une bonne année de travail.
Votre plus grande qualité ?
Ema Martins : Ma détermination.
Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Ema Martins : « Dovima, hat by Svend for Madeleine de Rauch » d’Henry Clarke.
© Henry Clarke
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?
Ema Martins : Ce n’est pas tant un métier mais juste le fait d’être derrière un bureau de 9h à 18h, 5 jours sur 7. J’aime l’imprévu et l’idée que je peux gérer mon emploi du temps comme je le veux.
Votre plus grande extravagance en tant que photographe ?
Ema Martins : Lorsque je photographie mes modèles, je suis très souvent en chaussette assise par terre ou bien allongée. Comme une véritable enfant qui photographie les gens, très souvent âgés, et beaucoup de femmes. Est-ce vraiment extravagant…?
Les valeurs que vous souhaitez partager au travers de vos images ?
Ema Martins : Je cherche la diversité, montrer un instant et surtout affirmer qu’il n’y a pas d’âge pour entreprendre et pour s’émanciper. Je photographie des femmes de plus de 40 ans. Avec ma série « Ainsi soient-elles », on y voit du vécu, des rides, des cheveux blancs, de l’émotion. Parfois c’est sombre, parfois c’est déstabilisant. Cela interpelle. On m’a quelques fois demandée pourquoi les femmes ne souriaient pas ? Ma réponse est que sourire est facile et que ce que je recherche c’est une force, une émotion, une vérité.
La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Ema Martins : L’Angleterre, Londres, je n’y suis toujours pas allée et j’en rêve !
L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Ema Martins : Un studio photo. Je rêve d’avoir mon propre atelier. Il y aurait des photoshoots, des évènements. On s’y sentirait comme chez soi !
Votre plus grand regret ?
Ema Martins : Ne pas avoir vu Charles Aznavour en concert.
Instagram, Tik Tok ou Snapchat ?
Ema Martins : Instagram.
Couleur ou N&B ?
Ema Martins : Noir et blanc bien sûr !
Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Ema Martins : Lumière artificielle.
La ville la plus photogénique selon vous ?
Ema Martins : New-York, un voyage que j’aimerais faire d’ailleurs…
Si Dieu existait lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Ema Martins : Je le photographierai, c’est un Silver !
L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Ema Martins : La photo N°6 en 1989 de Mackû Michal, un photographe tchèque, que j’ai découvert dans le livre « La photographie du XXème siècle ». L’homme est de dos, le papier photo déchiré au niveau de sa tête, on ressent une certaine tension.
A l’époque, il a réalisé ces photographies expérimentales au moment où il y avait des bouleversements économiques et politiques. Beaucoup de gens se posaient alors des questions existentielles un peu comme aujourd’hui avec la Covid qui depuis deux ans nous oblige ré-apprivoiser le monde dans lequel nous vivons.
© Mackû Michal
Et si tout était à refaire ?
Ema Martins : Me concernant, je referais tout pareil ! J’ai été entourée de personnes qui m’ont fait découvrir le milieu qu’est la photographie et j’en suis tombée amoureuse.