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Le Questionnaire : Denis Piel par Carole Schmitz

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Denis Piel : Jamais trop de controverse

Né dans les années 40, Denis Piel a grandi en Australie et fais ses études aux Etats-Unis.S’il ne se souvient pas du sujet de sa première photographie, il se rappelle néanmoins que ce fut avec un appareil photo Brownie Box offert par sa belle-mère. Il avait alors 15 ans. Son appareil photo était rapidement devenu un accessoire permanent.
Il s’est principalement fait un nom dans les années 80 grace à son travail éditorial novateur pour les magazines Vogue, GQ et Vanity Fair.
Son style est particulier et il dirige ses modèles comme un cinéaste dirige ses acteurs. Ses images sont sensuelles, quelques fois luxuriantes et sexuellement chargées, mais jamais vulgaires et surtout, elles font rêver. Il aime incontestablement LA femme et capture leur image de manière très personnelle.
En 1987, il a reçu la Médaille d’excellence Leica pour la photographie commerciale.
Après un succès incontestable dans le domaine de la photographie, Denis a commencé à explorer le monde du cinéma et a, dans la foulée, fondé en 1985 Jupiter Films, une société de production cinématographique qui a remporté rapidement un succès international.
En 1995, il a réalisé son premier documentaire « Love Is Blind ».
Il a également publié un certain nombre de livres dont : « Moments » en 2012 chez Rizzoli, un très beau livre qui regroupe ses photographies de mode et ses portraits. Puis « Down to Earth » en 2016. Et en 2020, « Exposed », « Filmscapes » et « Platescapes ».
C’est à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire que la A.galerie à Paris rend hommage à son immense et incroyable travail.
À voir absolument jusqu’au 4 mai 2024.

A.galerie
4 rue Léonce Reynaud
75116 Paris
www.a-galerie.fr

www.denispiel.com

 

Votre premier déclic photographique ?
Denis Piel : Ma belle-mère, Mary, m’a acheté un appareil photo Brownie et m’a encouragé à regarder ici, là et partout avant de cliquer. J’avais quinze ans.

L’homme ou la femme d’image qui a pu vous inspirer ?
Denis Piel : Irving Penn et Robert Frank m’ont inspiré par leur diversité. Ils n’ont jamais cessé de chercher et d’explorer. Mais ceux qui ont le plus influencé mon travail sont des cinéastes tels Kubrick, Antonioni, Hitchcock, Kurosawa et surtout Satyajit Ray avec la trilogie Apu. Lui aussi savait se diversifier dans ses explorations. Par ailleurs, d’autres artistes, parmi lesquels Balthus et Matisse, m’ont également séduit. En résumé, j’ai été attiré et influencé par de nombreux talents.

L’image que vous n’avez pas encore réalisée et que vous aimeriez réaliser ?
Denis Piel : Cela demande réflexion. Mais je finirai bien par la découvrir.

Celle qui vous a le plus ému ?
Denis Piel : C’est mon projet de film « L’amour est aveugle » qui m’a le plus émue. J’ai suivi un couple d’aveugles pendant leur première année de mariage.
Inévitablement, en tant que photographe pour qui la vue représente la vie, l’idée que l’on puisse tomber amoureux sans voir l’autre m’a conduit à explorer la cécité et l’amour sous tous ses aspects.
Dès lors, mon intérêt s’est porté sur le développement de projets personnels qui avaient un sens pour moi. (Vous pouvez les découvrir en suivant ce lien : https://www.denispiel.com/films/).
Par ailleurs, dans ma jeunesse, j’ai eu un grave accident de voiture qui m’a fait perdre la vue durant plusieurs mois, cela m’a bien sûr aussi aidé et influencé.

Celle qui vous a mis en colère ?
Denis Piel : Le mot « colère » est un peu extrême, mais quand je vois une belle image de « beauté » que j’ai réalisé et que je constate qu’elle a été retouchée au point de diminuer le caractère de la personne photographiée, je trouve cela décevant. J’aime les lignes d’un visage, ce qui m’a encouragé à poursuivre mon projet, FACESCAPES pour lequel j’ai fait des gros plans extrêmes pour révéler la condition humaine. Il révèle les points communs de la condition humaine, une manière d’observer le temps qui passe.

Une image clé de votre panthéon personnel ?
Denis Piel : Ma première campagne publicitaire importante. Elle a eu lieu lorsque j’ai ouvert mon studio à Brisbane, en Australie, en 1966. C’est là que j’ai commencé à raconter des histoires.

Fly on the Wall © Denis Piel

Un souvenir photographique de votre enfance?
Denis Piel : Malheureusement, j’ai perdu la plupart des images de mon enfance. Lorsque j’ai déménagé aux États-Unis, le conteneur dans lequel se trouvaient mes biens matériels est passé par-dessus bord lorsque le navire a été pris dans une tempête.

L’image qui vous obsède ?
Denis Piel : Je ne suis pas d’un naturel obsédé.

Sans limite de budget, quelle serait l’œuvre que vous rêveriez d’acquérir ?

Denis Piel : Une image d’Irving Penn – Nude No. 131, NY, 1949-50 tirage Platinium.

Courtesy Irving Penn Foundation

Et si mon choix peut aller au-delà de la photographie, j’opterais pour “L’origine de monde” de Gustave Courbet

qui a d’ailleurs inspiré un certain nombre de mes images.

Down To Earth No.3 © Denis Piel

Down To Earth No.17 © Denis Piel

Down To Earth No.24 © Denis Piel

Selon vous, quelle est la qualité nécessaire pour être un bon photographe ?
Denis Piel : Savoir regarder et voir constamment avec de yeux nouveaux. Mais cela demande de l’entraînement.

La personne que vous aimeriez photographier si vous en aviez l’opportunité ?
Denis Piel : Gunther Richter, qui m’a beaucoup inspiré par sa technique, et qui d’ailleurs a inspiré mon projet Padièscapes. (https://www.denispiel.com/creative/padiescapes)

Le/la photographe par qui vous aimeriez ou auriez aimé vous faire « tirer le portrait » ?
Denis Piel : Irving Penn.

Un livre de photos indispensable ?
Denis Piel : Cela depend de votre point de vue. En ce qui me concerne, il n’y en a pas.

L’appareil photo de votre enfance ?
Denis Piel : Une Box Brownie. Mon premier appareil photo professionnel était un Nikon F3, offert par mon frère Marc. Je l’ai toujours.

Celui que vous utilisez aujourd’hui ?
Denis Piel : Un Iphone 15 et un Hasselblad H4D.
Au fil des ans, je les ai tous utilisés, du 8X10 Deardorff au Leica (j’ai remporté le prix Leica de l’année pour la photographie commerciale en 1987), en passant par le Hasselblad, le Nikon, le Canon et le Lumix, l’Olympus ou encore le Pentax. Aujourd’hui, j’utilise principalement le numérique. Mais je possède encore tous ces appareils et qui sait, je les utiliserai peut-être dans un proche avenir.

Votre drogue préférée ?
Denis Piel : Nager.

Le meilleur moyen de déconnecter pour vous ?
Denis Piel : Nager ou un bon cigare pour profiter d’un moment tranquille.

Quelle est votre relation avec l’image ?
Denis Piel : Très personnel et diverse.

Que voyez-vous lorsque vous apercevez votre reflet dans un miroir ?
Denis Piel : Un homme vieillissant que je reconnais peu à peu.

Votre plus grande qualité ?
Denis Piel : La Persévérance, la Concentration et l’Optimisme.

Votre dernière folie?
Denis Piel : Un voyage en voilier de Lanzarote à Antigua. C’était un voyage que j’avais toujours voulu faire. Cela m’a rappelé à quel point ma vie était facile comparée au voyage de mes parents lorsqu’ils ont immigré par bateau de France en Australie juste après la Seconde Guerre mondiale.

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Denis Piel : Avant la fin des dix années à venir, je pense qu’il n’y aura plus de billets et de monnaie. En attendant, ce serait une bonne idée d’y mettre des images de l’environnement actuel.

Le travail que vous n’auriez pas aimé faire ?
Denis Piel : Tout métier qui m’empêcherait de suivre mon cœur et d’être indépendant.

Votre plus grande extravagance professionnelle ?
Denis Piel : La liberté que je me suis offerte pour pouvoir réaliser mes idées.

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?
Denis Piel : Il y a bien entendu de nombreux lieux et cultures à découvrir, mais ne devrions-nous pas nous interroger sur notre diversité ? Il y a tant de choses à explorer juste sous nos yeux.

L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?
Denis Piel : Chez moi avec mon jardin en fleurs. Organiser et planter un jardin, c’est penser aux générations futures. La clé, c’est la vision des choses et la patience. Parallèlement à cela, je ne me lasse jamais des endroits d’où je peux voir la mer.

Votre plus grand regret?
Denis Piel : Je ne pas avoir su apprécier davantage tout ce qui m’avait été donné.

En termes de réseaux sociaux, êtes-vous plutôt Instagram, Facebook, Tik Tok ou Twitter et pourquoi ?
Denis Piel : Aucun d’entre eux ne m’attire sérieusement. J’envisage même de me désabonner de tous ces sites. Récemment, j’ai utilisé Instagram pour mon dernier projet, Padièscapes. J’ai également fait l’expérience d’une image rejetée par LinkedIn lorsque j’ai annoncé mon exposition actuelle. Le post a été supprimé pour cause de nudité adulte et d’activité sexuelle, sur la base de quoi ? La stupidité ! Et un manque d’éducation sans doute.
Pour tous ceux qui s’interessent à mon travail et veulent le voir, je leur suggère de consulter mon site : www.denispiel.com. Ils y trouveront mes diverses réalisations et une galerie virtuelle.
Pour voir mon exposition en vours, visitez: www.a-galerie.fr

Couleur ou N&B?
Denis Piel : Les deux, cela dépend du sujet et de l’intention que je souhaite mettre dans le projet.

Lumière du jour ou lumière artificielle ?
Denis Piel : La lumière existante au moment du shooting.

Quelle est, selon vous, la ville la plus photogénique ?
Denis Piel : New York pour la diversité des gens que l’on peut y croiser et pour les buildings, et Paris juste pour sa beauté.

Si Dieu existait, lui demanderiez-vous de poser pour vous, ou opteriez-vous pour un selfie avec lui ?
Denis Piel : Si dieu ou les dieux existent vraiment, je leur demanderais de prendre des selfies avec les victimes en Ukraine, en Israël et à Gaza.

Si je pouvais organiser votre dîner idéal, qui serait à table ?
Denis Piel : Parmi ceux qui hélas ne sont plus, je choisirai : Stanley Kubrick, Carl Jung, Mikhail Gorbachev, Golda Meir, Jawaharlal Nehru, Miles Davis. Et parmi ceux toujours de ce monde, Barack Obama, Gerhardt Richter, Judi Dench, Elon Musk, Inger Andersen, Dolly Parton, Bill Gates, Julian Assange and mon épouse Elaine Merkus, et mon fils Olivier Piel.

L’image qui représente pour vous l’état actuel du monde ?
Denis Piel : Ce n’est pas une image, mais ces millions d’images prisent chaque jour et déversées sur les réseaux sociaux.

Qu’est-ce qui manque dans le monde d’aujourd’hui ?
Denis Piel : De l’éducation, de la collaboration et de l’empathie.

Si vous deviez tout recommencer ?
Denis Piel : Le concept est passionnant. Ma vie a été pleine de hasards, d’aventures et d’opportunités illimitées. Pour redémarrer, je ne pouvais que demander la même chose, à l’exception de quelques accidents de parcours.

Le mot de la fin ?
Denis Piel : La vie est un cadeau extraordinaire, et malgré toutes les difficultés, nous devrions en être bien plus conscients.

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