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Laurent Kronental

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Souvenir d’un Futur est un témoignage sur la vie des seniors dans les grands ensembles de la région parisienne.Conçus après guerre pour loger une population rurale et immigrée, ces grands ensembles des « Trente Glorieuses » sont aujourd’hui habités par une population hétérogène, fréquemment stigmatisée au travers d’images de relégation et d’insécurité. Loin de cette vision médiatique, Laurent Kronental, fasciné par le modernisme à la fois ambitieux et suranné de ces ensembles, s’est ému de la condition des anciens qui y vivent. Au cours de ses déambulations et rencontres, il s’est attaché à immortaliser la vie de ceux qui ont vieilli dans ces quartiers et qui disparaîtront avec eux.

Alors que l’urbanisme contemporain s’est donné pour mission de gommer les cicatrices de ces architectures, leurs premiers habitants se trouvent eux aussi au crépuscule de leur existence, comme si le destin des murs était indissociable de celui des hommes qui y ont vécu.

Souvenir d’un Futur est le résultat de quatre années de visites et d’échanges. A travers ces lieux étrangement vides mais chargés de souvenirs, le photographe s’est interrogé sur l’indifférence et les préjugés de notre société à l’égard des anciens.

Il y a dans ses photographies quelque chose de la couleur d’un désenchantement mélancolique mais toujours vaillant. Abandonnées par les hommes, les grandes masses de ces vaisseaux futuristes, semblent ainsi partir à la dérive sur un océan de béton. Mais la présence de personnes âgées, dans ce décor où on ne les attend pas, permet paradoxalement de penser qu’un espoir est encore possible, que peut-être toutes les illusions ne sont pas perdues. Grâce à la chambre argentique grand format 4×5, l’artiste met en valeur la géométrie de l’architecture sans écraser les détails. Au-delà de l’inhumaine uniformité apparait ainsi l’usure du béton, témoin du passage du temps. Monumental et solitaire, ce décor utopique devient lieu de vie véritable.

Marqués par le temps, les immeubles gris et lourds, comme les aînés photographiés, ont les traits usés des personnes qui ont beaucoup vécu. Et pourtant, entre les rides qui sillonnent les visages et les fissures qui creusent les murs, dans l’énergie des corps et l’élan des façades, percent un orgueil et une fougue que l’on croyait disparus.

Dans la paix des visages, dans la solitude des espaces, se mêlent résignation et attente, scepticisme et confiance, inassouvissement et plénitude. Ces contrastes font apparaître la vie dans toute sa profondeur et sa spontanéité. Ces «monuments», vivantes mémoires de leur époque, incarnent une force fragile : celle d’une jeunesse qui ne s’est pas vue vieillir.

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